Une fonctionnalité d’iOS 18, la dernière version du système d’exploitation de l’iPhone, fait polémique. Ce jeudi 17 octobre 2024, un collectif composé notamment de l’Alliance Digitale, l’Alliance de la presse d’information digitale, l’Union des marques ou encore le Syndicat des régies Internet, a adressé une lettre ouverte à Tim Cook. En substance, ces organismes demandent la suspension de Distraction Control : une fonctionnalité qui permet, sur le navigateur Safari, de masquer des éléments indésirables sur une page web, y compris les publicités ou les offres d’abonnement.
Comment fonctionne l’outil Distraction Control sur iPhone ?
Intégrée à la mise à jour iOS 18, déployée sur tous les appareils compatibles au mois de septembre, la fonctionnalité Distraction Control permet aux utilisateurs d’iPhone de “masquer les éléments gênants” d’un site consulté sur le navigateur Safari. En d’autres termes, Distraction Control permet d’éliminer les popups, les offres d’abonnement ou les bannières publicitaires d’une page web de “façon à n’afficher que le texte et les images d’intérêt”, explique la firme de Cupertino.
Pour l’activer, il suffit de cliquer sur l’icône apparaissant à gauche dans la barre de recherche sur Safari, puis de cliquer sur Masquer les éléments gênants. Une fois cette manipulation réalisée, l’utilisateur peut sélectionner chaque élément de la page qu’il estime nuire à sa concentration. Le contenu est alors supprimé de la page, du moins temporairement.
Car cette fonctionnalité, censée améliorer la productivité, n’agit pas de la même manière qu’un Adblocker, a tenté de rassurer Apple : les choix effectués par l’utilisateur sont conservés en mémoire par le navigateur, mais si la page web est modifiée, le contenu publicitaire réapparaîtra. L’utilisateur peut aussi, à tout moment, choisir d’afficher le contenu qu’il a préalablement masqué.
Une fonctionnalité qui menace le modèle de la publicité en ligne ?
Appréciée des utilisateurs pour son amélioration du confort de lecture, la fonctionnalité Distraction Control a été en revanche largement pointée du doigt par les annonceurs, qui demandent sa suppression depuis mai dernier. Selon les signataires de la lettre ouverte adressée à Tim Cook, le PDG d’Apple, l’outil constitue une “menace existentielle pour le modèle publicitaire en ligne, qui soutient une part significative de l’économie de l’Internet”.
Au-delà du blocage des publicités, les organismes s’inquiètent que cette fonctionnalité facilite la manipulation de l’information ainsi qu’à masquer les plateformes de gestion du consentement (CMP), ces fenêtres contextuelles qui permettent à l’utilisateur de choisir s’il accepte ou non les cookies. Par extension, les signataires estiment que la fonctionnalité ne serait pas conforme aux législations européennes, notamment le Digital Markets Act (DMA).
C’est une partie du modèle économique de l’ensemble de la presse mais aussi des médias, des pure player et des fournisseurs de contenus et service sur Internet de façon plus globale qui serait amputé, juge Pierre Devoize, directeur général adjoint d’Alliance Digitale, auprès de l’AFP.
Compte tenu de ces préoccupations, le collectif a demandé la suspension de Distraction Control, dans l’attente d’un examen plus approfondi, ainsi qu’un accès à la documentation technique. En outre, il se réserve le droit “d’envisager tous les recours juridiques possibles”, est-il précisé. Contacté par l’AFP, Apple n’a pas fait de commentaires, rappelant simplement qu’il ne s’agissait pas d’un bloqueur de publicité.