Nicolas Rieul : “Nous créons le statut de professionnel du marketing digital” – Transformation digitale > Data


Vous venez d’être reconduit à la présidence de l’Alliance digitale pour deux ans. Quelle est votre feuille de route ?

La liste « Ensemble 2027 » s’engage à donner plus de moyens à l’association pour augmenter son impact et ainsi mieux servir les objectifs du marché et de nos 302 membres. À savoir apporter de la transparence, de l’information, des synergies, créer des standards pour que notre marché fonctionne bien. Nous animons 26 groupes de travail différents qui se réunissent en permanence et pour améliorer la qualité de nos livrables (études, cartographies…), nous recrutons les meilleurs talents. Par ailleurs, nous allons investir les sujets d’affaires publiques, et être proactif sur les sujets réglementaires. Nous venons d’intégrer la DMA, la Data Marketing Association au sein de l’Alliance Digitale. Autre nouveauté, le renforcement des agences médias avec l’arrivée de Havas et OMG au sein du conseil d’administration, Meta également qui rentre au niveau social et puis aussi France TV. Nous devons être représentatif de toute la chaîne de valeur du marketing digital.

Plus concrètement ?

La première nouveauté, c’est un meilleur maillage du territoire avec le lancement d’événements en régions. Même si tous nos groupes de travail sont accessibles en visio, nous voulons être au plus près des TPE PME qui supportent le tissu économique local sur l’ensemble du territoire. Elles constituent la majorité du secteur du marketing digital en France (soit 9 000 entreprises). Nous lançons également, durant les deux ans du mandat, une vaste étude sur l’emploi (salaires, parité…) avec la création pour nos membres d’un « pôle emploi », à l’instar des Alumni, pour faire tourner les offres d’emploi mais aussi un classement des formations du marketing digital et de la data. Enfin, nous créons un nouveau statut, le statut de « professionnel du marketing digital ».

Lors du sommet de l’IA, Emmanuel Macron a annoncé 109 milliards d’euros d’investissement dans l’IA en France. Avez-vous le sentiment que le sujet est davantage pris à bras-le-corps par l’État ?

Oui, effectivement. Ces 15 dernières années, on a eu un peu un sentiment d’échec de ne pas réussir à faire éclore des champions du numérique, tels que les GAFA. On a créé des belles sociétés réalisant plusieurs centaines de millions d’euros, même certaines atteignant le milliard d’euros de chiffre d’affaires au niveau mondial. Mais voilà, pas à ce même niveau. Donc là, on a une petite chance parce qu’on est au début de quelque chose de nouveau et la France est pas mal positionnée. Dans le marketing digital, on a un beau tissu, notamment dans la tech. L’idée que je partage, c’est qu’il ne faut pas passer à côté de cette opportunité, ne pas rater le coche.

Les enjeux sont immenses autour de l’Adtech et de l’IA générative…

Un groupe de travail sur l’IA générative en interne éditera une publication en mars sur cette thématique. L’enjeu principal c’est de savoir comment on fait monter tout le monde dans le train, notamment les médias et le secteur de la culture. Et évidemment il y a un sujet risqué, c’est celui des ayants droit et de la rémunération. Et puis également la façon dont les métiers peuvent évoluer, en particulier le monde de la création. L’IA garantit des gains de productivité. Mais cela suscite des craintes et je le comprends. J’aime citer l’exemple de la publicité en TV, inabordable pour beaucoup de petits annonceurs. L’innovation à travers la télé connectée permet de démocratiser ce média. Même si le coût minimum de création d’une vidéo reste élevé, il devient plus accessible à la long tail. Quant à l’IA, attention en Europe, à ne pas trop réglementer au détriment de la création et de l’innovation. Il faut créer les conditions pour voir émerger des champions chez nous. Le moment est clé. Et trop de réglementaire, ça n’aide pas. D’autant qu’outre-Atlantique, on assiste à une dérégulation totale avec des investissements massifs.

Vous êtes également le cofondateur d’Actionable, une start-up dédiée à l’analyse prédictive de la satisfaction client grâce à l’IA. Quel bilan depuis son lancement en avril 2024 ?

Nous avons levé 2 millions d’euros en septembre dernier et nous avons une dizaine d’employés et autant de clients, dans les secteurs du retail, banque- assurance, télécommunication. Avec notre offre, nous allons vraiment plus loin dans la compréhension de la satisfaction client via le fameux NPS (Net Promoter Score). On détaille les drivers de la satisfaction et de l’insatisfaction grâce à deux leviers. Le premier, c’est l’excellence opérationnelle et la gestion des KPI’s au quotidien pour améliorer le service. Et le deuxième est lié à la prédiction de la satisfaction. Si le client n’a pas été bien servi, on peut agir proactivement pour le retenir. Les incidents sont automatiquement détectés pour booster la fidélité et le réachat notamment. Actionable, c’est la nouvelle génération du Customer Insight. Concrètement, on casse les silos sous un seul prisme, la satisfaction client. Grâce à l’IA, on croise les enquêtes de satisfaction, le NPS (la note) avec le parcours client et on fait parler la donnée.

Alliance Digitale est la principale association professionnelle qui rassemble l’ensemble des experts du marketing digital en France. Elle est issue du rapprochement en 2022 de l’IAB France et de la Mobile Marketing Association France. Elle est également la représentante en France de trois réseaux internationaux emblématiques des métiers du marketing print et digital et de la data : IAB, FEDMA,
GDMA.



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