Défis économiques dans le secteur de la cosmétique à Kinshasa : Alice MASTAKI et Sarah KABENGELE partagent leurs stratégies de croissance et de survie


Dans un entretien avec POURELLE.INFO, Alice MASTAKI et Sarah KABENGELE ont partagé les défis auxquels font face les entrepreneures du secteur cosmétique à Kinshasa. Elles ont également exposé les stratégies qu’elles mettent en place pour se démarquer et survivre dans ce marché compétitif.

Selon Alice MASTAKI, surnommée Alma, entrepreneure dynamique et passionnée, diplômée en Fiscalité de la Haute École des Commerces de Kinshasa et fondatrice d’une marque de parfums, l’entrepreneuriat dans le secteur cosmétique rencontre plusieurs défis économiques. Le coût élevé des matières premières et des emballages impacte directement sur les prix de vente. De plus, le manque de stabilité économique et la fluctuation des devises rendent la gestion des coûts imprévisible. Enfin, l’accès à un réseau de distribution fiable reste un défi pour toucher un public plus large.

Alice MASTAKI a également souligné que l’accès limité aux financements est un obstacle majeur. Cependant, elle et son équipe ont su optimiser leurs ressources et construire une clientèle fidèle. 

« Prenons l’exemple de mon entreprise, Kazuri Fragrance. Avec plus de moyens, nous pourrions accélérer sa croissance, élargir notre gamme et renforcer notre présence sur le marché. Actuellement, nous fonctionnons principalement sur nos fonds propres, ce qui limite notre capacité à innover et à répondre rapidement à la demande croissante », a-t-elle expliqué.

La concurrence est également forte dans le secteur cosmétique. Alice MASTAKI a cité certains de ses concurrents et a expliqué comment elle réussit à se démarquer parmi tant d’autres personnes :

« La présence de grandes marques internationales et d’autres créateurs locaux est un défi. Cependant, notre marque se distingue par des parfums uniques, raffinés et accessibles, offrant une touche d’authenticité et d’élégance, reflet de notre identité locale. Nous misons aussi sur un service client personnalisé et une forte présence digitale pour créer une vraie connexion avec notre communauté », a-t-elle ajouté.

Alice MASTAKI a précisé que pour bien évoluer dans ce secteur, il est essentiel de se concentrer sur des besoins fondamentaux, comme des formations en gestion d’entreprise, marketing digital et développement de produits, afin d’optimiser les stratégies.

« Un accompagnement financier et logistique est également nécessaire pour structurer notre croissance et professionnaliser notre production », a-t-elle ajouté.

Pour conclure, elle a partagé ses stratégies pour se démarquer dans ce secteur à fort potentiel de croissance :

« Nous utilisons une stratégie digitale, en exploitant les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille pour toucher notre clientèle et élargir notre présence sur le marché. À long terme, nous prévoyons de nouer des partenariats avec des revendeurs et des points de vente physiques, tout en mettant en place un système de livraison optimisé pour faciliter l’accès à nos produits ».

De son côté, Sarah KABENGELE, entrepreneure en cosmétique spécialisée dans les produits naturels capillaires, a partagé son expérience dans ce secteur.

« L’industrie cosmétique fait face à de nombreux défis, surtout dans un environnement économique en constante évolution. Le principal défi est l’accès aux matières premières. Avec la tendance actuelle pour des produits bio, plus naturels et durables, nous rencontrons des difficultés liées à la disponibilité et aux coûts des matières premières. Cela nous oblige à importer, ce qui impacte nos prix de vente », a-t-elle expliqué.

Sarah KABENGELE a fait également savoir que dans ce secteur, il est crucial de comprendre les besoins et les préférences des consommateurs avant de lancer un nouveau produit car un autre défi qui se pose est celui des cycles de vie plus courts et un développement rapide des produits.

« L’évolution constante des tendances en matière de beauté et des préférences des consommateurs, ainsi que la demande d’innovation continue, exige un développement rapide des produits. Nous sommes appelés à nous adapter rapidement pour rester compétitifs.» a-t-elle expliqué.

Sarah KABENGELE estime qu’un accès plus facile au financement pour les PME du secteur cosmétique leur permettrait de croître à une échelle plus grande, en produisant davantage.

« Le manque de financement nous empêche de produire à grande échelle, ce qui rend nos produits plus chers que les produits ordinaires. Ce manque de financement empêche également l’industrialisation de notre secteur. Pour cela, il nous faut des fonds pour croître en quantité et en qualité. À ce stade, nous avons besoin d’un accompagnement pour passer d’une simple PME à une semi-industrialisation ou même une industrialisation de notre processus de production. Cela nous permettrait de mieux répondre à la demande. Par exemple, pour mon entreprise, nous avons développé plusieurs gammes pour satisfaire nos clients, mais notre chaîne de production ne nous permet pas de suivre la demande ».

Elle a également abordé la concurrence, qu’elle considère comme un obstacle majeur, tout en précisant ce qui distingue son entreprise :

« Pour nous démarquer, nous mettons l’accent sur la qualité de nos produits et l’innovation. Nous investissons dans la recherche et le développement pour offrir des formulations uniques qui répondent aux besoins spécifiques de nos clients. Nous cultivons également une relation étroite avec nos clients grâce à un service personnalisé et une communication transparente. En créant une communauté autour de notre marque et en écoutant les retours de nos clients, nous pouvons ajuster nos offres et fidéliser notre clientèle », a-t-elle dit.

Tout comme Alice MASTAKI, Sarah KABENGELE souligne l’importance des formations pour réussir dans ce secteur :

« Nous avons besoin de formations spécifiques en gestion d’entreprise, marketing digital et tendances du marché cosmétique. Un accompagnement dans ces domaines nous permettrait d’améliorer nos compétences managériales et de mieux comprendre les nouvelles techniques de vente et de distribution. Des formations sur la réglementation et les normes de qualité dans le secteur cosmétique sont également nécessaires pour garantir la conformité de nos produits et renforcer la confiance des consommateurs », a-t-elle expliqué.

Celle-ci a ensuite partagé les stratégies qu’elle met en place pour surmonter les défis liés à la distribution des produits dans un marché en constante évolution.

« Les clients exigent des produits fabriqués et livrés rapidement, de manière transparente et durable. À cause de la courte durée de conservation des produits et du coût élevé des matières premières, une gestion efficace est essentielle. Alors que les ventes en ligne augmentent, nous optimisons les processus pour les canaux de vente directe au consommateur, comme les partenariats avec des supermarchés. Il est important non seulement d’assurer l’efficacité des commandes, mais aussi de créer une expérience de la clientèle positive, en ligne ou sur le terrain, pour favoriser la croissance de notre activité. » a-t-elle conclu.

Divine LUKOMBO



Source link