Et si l”exploitation de vos données
personnelles pouvait vous rapporter de l’argent ? C’est ce que vous
propose cette entreprise.
Et si vos préférences alimentaires, votre adresse e-mail ou vos
habitudes de navigation devenaient des sources de
revenus ? C’est la promesse, pour le moins déroutante,
d’une future plateforme dont le lancement est prévu en 2026, selon
Ouest-France.
En effet, cette start-up française propose à chacun de
monétiser ses données personnelles. Et l’idée est
très simple. Vous choisissez ce que vous partagez, à qui, et à quel
prix. Une manière, selon ses créateurs, de reprendre le contrôle
sur ce que des milliers d’entreprises exploitent déjà sans votre
accord explicite.
Transformer ses données personnelles en
cashback
À l’origine de cette plateforme appelée Minttt, un constat bien
connu dans le monde du marketing digital : nos données sont
collectées en masse. Et elles sont revendues à notre insu
pour générer des profits colossaux. Damien Greusard, cofondateur de
la start-up et ancien expert du secteur, résume : « Dans le
monde, plus de 4 000 data brokers opèrent sans qu’on en ait
vraiment conscience. » Et cela, malgré le RGPD, censé encadrer
ce commerce depuis 2018.
La solution de Minttt ? Créer une plateforme où chacun pourrait
devenir une sorte de trader de sa propre vie numérique. En échange
de données volontairement fournies – goûts alimentaires, habitudes
d’achat, navigation sur le web – les utilisateurs
recevraient une contrepartie financière. Un concept
inspiré de certaines pratiques aux États-Unis. Mais totalement
inédit en Europe selon son concepteur.

©
Shutterstock
Certains
dénoncent l’exploitation des données personnelles pour nourrir
l’IA.
Un marché des données personnelles transparent, mais
toujours intrusif
La promesse de Minttt repose sur un double argument. D’un côté,
la transparence et le contrôle pour l’utilisateur. De l’autre, une
plus grande efficacité pour les entreprises. Les données achetées
seraient ciblées, précises, et directement pertinentes pour
les besoins marketing des
marques. « Un étudiant accepte de communiquer ses données de
navigation à une marque qui cherche à analyser les comportements en
ligne. L’entreprise aura des informations précises », explique
Damien Greusard. Autre exemple avancé : un consommateur qui prévoit
d’acheter une voiture pourra partager ses préférences à l’avance.
Ainsi, il reçoit des publicités adaptées. La publicité restera
omniprésente. Mais elle s’affichera avec le consentement
explicite de l’internaute. Une manière, selon Minttt, de
rendre l’expérience plus acceptable, voire éthique.
Pour l’instant, le montant des sommes promises reste
flou. Un simulateur est en cours d’élaboration. Car la
valeur des informations devrait varier en fonction de leur rareté,
de leur précision et du nombre d’entreprises intéressées. Un email,
jugé comme une donnée commune, aura peu de valeur. À l’inverse, des
données très ciblées ou en grand nombre pourraient rapporter
davantage. « L’appât du gain joue un rôle important »,
reconnaît Damien Greusard. Il compare cette démarche à une carte de
fidélité en magasin : « On vous propose de donner votre e-mail
et votre code postal pour bénéficier de réductions. Là, c’est
pareil, mais de manière plus encadrée. » Reste à voir si le
modèle sera suffisamment attractif pour convaincre un large
public.
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Une
meilleure protection des données personnelles partagées ?
Vers une nouvelle économie des
données personnelles
Cette initiative intervient dans un contexte réglementaire de
plus en plus strict. Depuis l’adoption de la loi contre le démarchage
téléphonique abusif le 14 mai 2025, toute entreprise devra
obtenir un accord préalable pour contacter les particuliers, dès le
11 août 2026. Ainsi, Minttt se présente comme une réponse à
la fois pratique et légale à cette nouvelle donne. Les
marques auront accès à des données qualifiées. Et les utilisateurs
auront leur mot à dire.
Mais si le projet séduit par sa promesse de « cashback sur
vos données », des questions restent en suspens. Notamment,
la protection des informations fournies et la
fiabilité des entreprises partenaires. Ou encore l’intérêt réel
pour l’utilisateur final. Partager davantage pour mieux contrôler…
ou pour mieux s’exposer ? Le pari de Minttt s’annonce ambitieux,
mais hautement surveillé.