«L’entreprise peut-elle encore faire autorité ?», Julie Espalioux (Babylone)


Et si ce n’était plus une question de pouvoir, mais de posture ? Aujourd’hui tout est commenté, discuté, remis en cause en temps réel. L’idée même d’autorité semble suspecte. Le terme évoque une verticalité un peu datée, une parole descendante – autant d’attributs qui peinent à trouver leur place dans une société en quête d’horizontalité et de participation.

Et pourtant. Les citoyens, les consommateurs, et les collaborateurs eux-mêmes ne cessent de réclamer des repères, et des prises de position fortes.

Alors peut-on encore, sérieusement, faire autorité dans son domaine ? Peut-on prétendre éclairer un secteur, orienter un débat, incarner une parole légitime – sans susciter la méfiance ou le rejet ? Oui. Mais pas comme avant.

L’autorité, version 2025 : crédibilité, cohérence, clarté

Faire autorité aujourd’hui ne relève plus du statut, ni de l’historique. Cela relève du sens qu’on porte, de la capacité à agir avec constance, de la valeur qu’on apporte à la conversation publique. Le dirigeant n’est plus simplement celui qui « sait » ou « décide » – il est celui qui assume une position, trace une ligne claire, l’incarne et l’explique. L’entreprise, elle, n’est plus seulement un acteur économique. Elle est attendue comme une force de transformation. Ce qu’elle dit, ce qu’elle tait, choisit de faire ou non… tout participe à son niveau d’autorité.

Mais pour cela, encore faut-il savoir ce qu’on veut dire, avoir la légitimité, et trouver le bon espace et la bonne manière de le dire.

Une responsabilité stratégique, pas une simple question de com

Ces dernières années, une nouvelle attente a émergé de la part des dirigeants : celle de reprendre la main sur leur parole. Non pas pour communiquer plus mais pour poser des mots solides dans un environnement instable.

La légitimité ne se construit plus uniquement dans les actes, mais aussi dans la manière de les relier, de les raconter, de leur donner une portée. Et cela suppose un travail profond, souvent plus politique qu’on ne l’imagine. Il peut concerner aussi bien le récit (qui nous sommes), la posture (parler en tant que quoi ? avec qui ? contre quoi ?), que les preuves (où sont les actes) que nous souhaitons apporter.

C’est cette mécanique fine qu’il faut accompagner. Pas pour lisser la parole — mais au contraire pour en renforcer la densité. Pas pour “faire dire” — mais pour aider à trouver le bon moment, la bonne place, le bon ton.

Faire autorité ne veut plus dire « avoir raison »

Cela veut dire : être capable de faire évoluer un regard. Les entreprises qui parviennent à jouer ce rôle aujourd’hui sont rares. Elles ont en commun une parole claire et assumée, une capacité à faire dialoguer stratégie, vision et incarnation, et souvent, un accompagnement exigeant, pour prendre du recul et affiner la posture.

C’est ce sur quoi je travaille, chaque jour, auprès de ceux qui veulent faire entendre leur voix sans jamais forcer l’écoute. Dans un univers saturé d’opinions, la vraie autorité, c’est d’émerger sans écraser. C’est d’éclairer sans imposer. C’est de construire une parole qui fait avancer.

Et cela, ça se travaille.



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