À Madagascar, des visites d’entreprise pour trouver son métier et un emploi. 150 jeunes déscolarisés ont rencontré des professionnels en quête de main d’œuvre et prêts à former de nouvelles recrues dans les secteurs de l’hôtellerie, du textile, de la mécanique automobile ou encore du marketing digital.
Ils sont une vingtaine de jeunes à se frayer un chemin au milieu de l’atelier de couture dirigé par Voahangy Ramananarinoro à Antananarivo. Découpe des tissus, assemblage des pièces, repassage : la cheffe d’entreprise leur présente chaque étape de la production des vêtements pour enfants, ensuite destinés à l’exportation vers l’Europe. Son atelier recrute régulièrement des jeunes accompagnés par l’association Graine de Bitume. « Ils sont formés dans la couture et dans le patronage, les gabarits, etc. Ce sont des jeunes qui n’ont jamais vu ça. Mais on donne l’essentiel pour qu’ils soient vraiment opérationnels tout de suite, le plus vite possible. S’ils sont bien compétents, on les recrute », explique-t-il.
Dans les coulisses du textile malgache
Le secteur textile représente 20 % du PIB malgache et fait figure de moteur pour l’économie nationale. « J’aimerais commencer comme salariée pour accumuler de l’expérience et des savoir-faire puis monter ma propre entreprise pour exporter des pulls et des chemisiers, témoigne Fitahiana, 17 ans. Avec cette visite, je découvre le processus de fabrication des vêtements et je peux voir comment les employés ont fait carrière, comment ils ont acquis des savoir-faire. »
Les jeunes visitent les entreprises après avoir réalisé un test de personnalité afin de cerner leurs centres d’intérêt. Parmi la palette de métiers à découvrir : ceux du marketing numérique, un secteur en pleine croissance. Dans l’entreprise Smartelia, aucun diplôme n’est nécessaire pour être embauché, mais la maîtrise du français est requise pour communiquer avec les clients principalement français.
Marketing numérique : un secteur en plein essor
« On est beaucoup à la recherche de personnes spécialistes en marketing digital actuellement, explique la référente ressources humaines de l’entreprise, Miora Randrianomenjanahary. Si je parle de l’année dernière, on a visé à peu près 200 personnes à recruter. Évidemment, ici, quand ils entrent en entreprise, il y a toujours des formations qu’on offre à toutes les nouvelles recrues. C’est vraiment initier les jeunes à se dire qu’il y a un avenir dans le marketing numérique. Il faut avancer avec, surtout avec l’automatisation, avec l’intelligence artificielle. On est en train de se faire dépasser et si on ne travaille pas avec, on va disparaître avec. »
À Madagascar, 80 % de la population occupe un emploi informel et seuls 6 % des jeunes étudient à l’université. En leur faisant découvrir des secteurs en croissance qui leur sont souvent étrangers, Graine de Bitume entend favoriser l’accès rapide des jeunes sans diplômes à des emplois stables et des revenus réguliers sur le long terme.
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