L’interdiction publicitaire appliquée à la Syrie trouve son origine en 2004, quand un décret présidentiel américain a imposé des sanctions économiques à Damas. Elle a été renforcée en 2011, au début de la guerre civile, et s’est traduite par une coupure nette des services financiers et technologiques, plongeant les acteurs syriens du numérique dans une longue invisibilité. Vingt et une années plus tard, la décision de l’Office américain du contrôle des avoirs étrangers (OFAC), entrée en vigueur le 1er juillet 2025, met fin à ce verrouillage et permet à Google de réintégrer le pays dans son écosystème.
La réouverture ne se fera pourtant pas d’un claquement de doigts. Les comptes suspendus devront passer par une procédure de réactivation exigeante, avec vérification d’identité et justificatifs professionnels. Seuls les utilisateurs ayant continué à gérer leurs campagnes depuis l’étranger pourront reprendre immédiatement. Les annonceurs devront aussi ajuster leurs paramètres de ciblage, puisque l’option « tous pays et territoires » inclura désormais automatiquement la Syrie.
Derrière cette évolution technique se cache un marché à la fois fragile et prometteur. Avec ses 22 millions d’habitants et un taux de pénétration internet d’environ 34 %, la Syrie revient sur la carte du marketing digital. La priorité se jouera sur le mobile, devenu l’outil principal d’accès au web dans un pays où les infrastructures restent fortement touchées par le conflit. Ce retour ouvre la porte à de nouvelles perspectives pour les entreprises locales, mais aussi pour les marques internationales désireuses d’atteindre la diaspora syrienne.
Google, de son côté, reste inflexible sur ses règles. Les campagnes devront respecter les mêmes standards que partout ailleurs : pas de contenus trompeurs, dangereux ou inappropriés. Aucun assouplissement particulier n’a été publié pour le marché syrien, et les systèmes automatisés de contrôle s’appliqueront sans distinction.
Le symbole dépasse la simple mise à jour technique. Le retour de la Syrie dans l’univers publicitaire de Google reflète les transformations rapides du numérique au Moyen-Orient. Alors que des marchés voisins comme le Liban, la Jordanie ou la Turquie accélèrent leur virage digital, cette ouverture pourrait inspirer d’autres géants de la tech à revoir leurs propres restrictions.