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Christopher Hill propose une alternative convaincante au surtourisme avec son entreprise de tourisme responsable, Hands-Up Holidays. Son approche démontre que les agences de voyage peuvent agir positivement plutôt qu’exploiter des lieux, des ressources et des personnes. De plus, son modèle de voyage solidaire remet en question l’idée selon laquelle luxe et responsabilité sociale ne peuvent coexister. Voici la transcription de notre interview, en anglais, que vous retrouverez intégralement à la fin de nore podcast.
Le tourisme responsable avec Hands-Up Holidays

Ce qui rend la philosophie de Hands Up Holidays particulièrement intéressante, c’est son engagement envers une gestion maîtrisée. Celle-ci privilégie la qualité des expériences plutôt qu’une recherche effrénée de croissance. Au lieu de poursuivre une expansion rapide qui pourrait compromettre sa mission, Christopher Hill contrôle lui-même chaque interaction client. Il démontre ainsi que des pratiques commerciales durables peuvent produire des résultats significatifs tant pour les voyageurs que pour les habitants des lieux visités.
Opérant dans plus de 30 pays, le cas Hands Up Holidays nous éclaire sur la façon dont hébergement de luxe et travail bénévole peuvent fonctionner ensemble. Voici le compte-rendu de notre entretien avec Christopher Hill, interrogé depuis Auckland en Nouvelle-Zélande.
Quel type de travail vos clients effectuent-ils lors de leurs voyages solidaires ?
Nous proposons une grande variété de projets. Nos initiatives les plus populaires sont les projets liés à la construction et au bâtiment. Celles-ci peuvent aller de mini projets très concrets comme la construction ou l’installation de poêles écologiques dans les foyers villageois, jusqu’à des projets plus importants comme aider à construire des maisons ou rénover des salles de classe.
Au-delà de ce premier type de projets, nous nous concentrons fortement sur les initiatives de conservation de la faune. Les familles peuvent prendre soin des éléphants par exemple ou participer à des programmes de protection des tortues marines. Le troisième domaine majeur concerne le soutien éducatif, notamment pour servir de partenaires de lecture dans les écoles locales. Chaque projet est soigneusement sélectionné pour garantir un impact significatif tout en étant adapté aux familles participantes.

Qu’est-ce qui a déclenché votre passage de la finance londonienne au volontourisme ?
Ce fut un changement assez radical, sous forme d’une révélation. Mon chemin de Damas a eu lieu en Afrique du Sud. Cela s’est passé environ six ans après le début de ma carrière dans le secteur financier londonien. Lors de ce voyage, en dehors des traditionnels safaris et séjours en «lodges», j’ai participé à la construction d’un habitat familial dans un « township ». Cette expérience a été véritablement transformatrice de deux façons fondamentales.
Premièrement, elle m’a permis d’interagir authentiquement avec les habitants, d’avoir un véritable aperçu de leur vie et de partager des histoires avec eux. C’est quelque chose qui manquait à mes voyages précédents même si j’ai eu la chance d’avoir beaucoup voyagé. Deuxièmement, j’ai éprouvé le plaisir d’aider et de changer concrètement la vie de cette famille. Nous leur fournissions ainsi un vrai foyer. Cela m’a fait prendre conscience que je pouvais mettre mes compétences commerciales au service de quelque chose de plus significatif et épanouissant. Cela a servi de catalyseur à la création de Hands Up Holidays trois ans plus tard.
Comment visiter les townships sans risque alors que l’on conseille de les éviter ?
Il est légitime d’être prudent. J’ai eu la chance d’être accompagné par mon ancien colocataire londonien, qui avait déménagé en Afrique du Sud. Il y était devenu guide touristique professionnel, et avait développé un réseau de personnes de confiance.
C’est lui qui m’a emmené dans les townships, et je ne recommanderais certainement pas de s’y rendre seul. Il est probable qu’il ne se passe rien de grave, mais il faut rester prudent. Je dois aussi ajouter qu’il y a une tendance préoccupante du tourisme de township à dégénérer en voyeurisme. Je m’oppose à cela catégoriquement.
Il existe toutefois des visites éthiques de townships qui se concentrent sur les projets positifs dans ces communautés et offrent de véritables opportunités d’interaction avec les populations.
Comment réconcilier la contradiction apparente entre luxe et travail bénévole ?
Le luxe et le bénévolat ne semblent pas naturellement compatibles au premier abord. Au-delà, la composante luxe permet la participation de personnes qui veulent avoir une action positive sans sacrifier leur confort. Ce n’est certainement pas fait pour tout le monde, c’est un modèle de « bénévolat philanthropique ».
Le bénéfice principal vient des fonds que nos clients apportent aux projets. Proposer des hébergements de luxe et du confort permet à ces fonds d’être investis dans des projets à impact. C’est la mission de notre organisation. À l’inverse, de nombreuses organisations très sérieuses aident leurs clients à contribuer au bien-être des populations dans des conditions de séjour plus rustiques. Chacun peut y trouver son bonheur.
Comment évitez-vous que le volontourisme ne devienne du voyeurisme ?
Nous utilisons deux approches principales. Premièrement, je m’assure personnellement du bénéfice de chaque projet. Je peux ainsi attester de leur vraie valeur aux bénéficiaires, qu’il s’agisse de populations d’humains ou animales.
Deuxièmement, je reviens sur mon point précédent sur les différentes façons d’avoir un impact. Les participants peuvent donner de leur temps, en semaines ou en mois, sur un projet. Elles peuvent aussi proposer d’offrir leurs compétences, par exemple des médecins ou des kinésithérapeutes. La troisième façon est par le financement, c’est là notre domaine d’excellence.
Nous permettons à nos invités de découvrir les projets et d’interagir significativement avec les populations. Mais le principal bénéfice est le financement qu’ils apportent pour construire des maisons, fabriquer des poêles, ou créer des installations accessibles, en fonction des besoins spécifiques.
Comment convaincre les familles de choisir le tourisme responsable ?
C’est principalement la responsabilité des parents plutôt que la mienne. Personne ne prend part à nos voyages en étant surpris de découvrir qu’ils vont rénover une école. Cette composante bénévole est notre point de différenciation fondamentalLe marketing fondamental est le chemin principal qui mène à la connaissance théorique du marketing. Mais que tirer de ses enseignements pour le B2B ? Lire la suite sur la page du glossaire dédiée au marketing fondamental (lettre “M”). C’est exactement parce c’est cette composante qu’ils recherchent que les clients nous choisissent. Nous comptons sur le fait que les parents aient cette discussion avec leurs enfants bien avant de réserver.
Quelles sont les motivations de votre clientèleLe persona B2B permet de définir qui sont vos acheteurs cibles. pour choisir le tourisme responsable ?
Les motivations de nos clients sont très différentes de celles des clients des agences de voyages traditionnelles. Quand j’ai créé Hands Up Holidays, j’avais en tête que les clients seraient des gens comme moi. De jeunes professionnels aisés, mais manquant de temps, désirant passer de bonnes vacances tout en faisant quelque chose de positif.
Mais dès le début, nous avons reçu des réservations de familles, ce qui n’était absolument pas sur mon radar quand je développais le concept. Quand j’ai demandé à ces familles leurs motivations, elles disaient des choses du style : « Nos enfants viennent de milieux privilégiés, et nous voulons qu’ils apprécient à sa juste valeur la chance qui leur a été donnée ». Ou encore « Nous recherchons une expérience familiale pour renforcer significativement notre cohésion ». Beaucoup expriment aussi qu’ils veulent donner une impulsion pour que leurs enfants fassent partie de la prochaine génération d’acteurs du changement.
En définitive, il y a un aspect fort axé sur la mission dans la réflexion de nos clients familles en amont de leurs choix.
Vos clients sont-ils plus jeunes ou plus âgés que vous ne l’attendiez ?
Ils sont plus âgés que je ne l’anticipais. Quand j’ai écrit le premier business plan et la brochure, je ciblais de jeunes professionnels âgés d’environ 25 à 35 ans. Bien que nous attirions des clients dans cette classe d’âge, j’ai été véritablement surpris par le nombre de familles qui réservent en passant par nous. Ces clients sont des chefs de famille qui se situent classiquement dans la trentaine et la quarantaine.
Comment le voyage solidaire s’attaque-t-il au surtourisme ?
Nous adoptons une approche holistique pour tous nos voyages, avec la durabilité intégrée à tous les niveaux. Bien que nos voyages soient des expériences de luxe, nous priorisons les propriétés qui démontrent des principes de luxe durable dans leur conception et leurs opérations. Nous recommandons des restaurants proposant des plats biologiques d’origine locale chaque fois que possible, nous nous engageons à recourir uniquement à des guides locaux, et choisissons des options de transport écologiques là où elles sont disponibles.
Cette approche aide à combattre le surtourisme. Nous encourageons aussi les voyages vers des destinations plus sûres, mais moins courues – des endroits comme la Géorgie dans le Caucase, le Belize, ou Roatan au Honduras, que nous lançons dans les semaines à venir. Ces destinations ne sont pas bondées de touristes. De plus, incorporer des composantes bénévoles ralentit naturellement le rythme du voyage. Au lieu de vous précipiter de site en site, vous investissez plusieurs jours dans une destination et une communauté particulières.
Comment contrôlez-vous votre croissance tout en préservant la qualité ?
Pour moi, la clé est de faire en sorte que ce projet reste une passion. Je vis et respire ce travail, et je gère personnellement toutes les demandes clients. Ce n’est pas seulement une question de passion, toutefois. Je prends véritablement plaisir à créer des itinéraires uniques pour nos clients. C’est aussi une question de contrôle qualité. Je suis heureux que ce soit juste moi qui gère cet aspect, et par cette implication personnelle, cela limite naturellement la croissance de l’entreprise.
Cette contrainte sert en fait parfaitement notre mission.
Volontourisme : « Small is beautiful »
Le marchéLa notion même de marché B2B ou B2C est au cœur de la démarche marketing. Un marché est la rencontre d’une offre et d’une demande du voyage solidaire dans lequel opère Hands Up Holidays de Christopher Hill représente moins de 0,01% du chiffre d’affaires annuel de 11,7 milliers de milliards (trillions US) USD de l’industrie touristique mondiale (World Travel & Tourism Council, Future Market Insights). Les chiffres peuvent paraître modestes, mais cela montre néanmoins la voie pour la réinvention de l’industrie du voyage, qui en a grandement besoin.
Promenez-vous dans n’importe quelle destination touristique populaire de nos jours, et vous verrez des touristes chercher à manger comme chez eux. Ce n’est pas une critique – c’est la nature humaine. Mais cela souligne comment nous voyageons sans vraiment nous mettre en rapport avec les autres.
Le tourisme c’est amener des gens qui seraient mieux chez eux,
dans des endroits qui seraient mieux sans eux.[en substance] Philippe Meyer à la radio il y a bien longtemps …
Et c’est triste. « Voyager » ne devrait rien à voir avec cela. Il s’agit de se connecter, de côtoyer des personnes du cru, de comprendre ou d’essayer de saisir les mœurs étrangères, de goûter la nourriture locale, etc. L’approche de Hill diffère grandement en cela.
Le modèle volontourisme/voyage solidaire ne transformera pas toute l’industrie du jour au lendemain. Mais il prouve que des alternatives existent. Le voyage peut servir les populations autochtones plutôt que de les exploiter. Sans avoir besoin de dormir par terre pour autant. En fin de compte, ce que ce cas d’école démontre aussi, c’est que faire grandir une entreprise ne nécessite pas de sacrifier ses valeurs.
Hill montre qu’un tourisme à impact est possible. Ce n’est pas révolutionnaire, juste différent et respectueux.
Voici quelques chiffres collectés sur le volontourisme/voyage solidaire
Les faits et chiffres suivants ont été rassemblés avec l’aide de Perplexity et vérifiés par rapport à leurs sources. Des erreurs peuvent s’être produites, les lecteurs sont conseillés de double-vérifier les chiffres avant de les citer. Toutes les sources sont disponibles à la fin de cet article de blog.
Tourisme solidaire (volontourisme)
- Taille du marché en 2024 : Entre 873 millions USD et 962 millions USD [2] [9].
- Taille projetée du marché pour 2025 : Environ 962 millions USD à 1 milliard USD [2] [7].
- Taille projetée du marché d’ici 2030 : Entre 1,2 milliard USD et 1,55 milliard USD, selon le taux de croissance utilisé par différentes sources [2] [1] [9].
- Taux de croissance annuel (TCAC) : La plupart des sources s’accordent sur un taux de croissance entre 4,8% et 6,21% par an jusqu’en 2030 [1] [6] [7] [9].
Démographie clé des participants et tendances
- On estime à 1,6 million le nombre de personnes qui font du bénévolat à l’étranger chaque année [6].
- Le marché jeune (âges 15-29) est un moteur majeur, ce groupe d’âge représentant environ 23% de toutes les arrivées touristiques internationales [6].
- Les activités populaires incluent le développement communautaire, la conservation environnementale, l’enseignement, la santé, et l’échange culturel [5].
- Les principales destinations sont les pays en développement d’Asie, d’Afrique, et d’Amérique latine, mais l’Europe et l’Amérique du Nord voient aussi une participation significative, surtout pour les projets environnementaux et sociaux [5] [7].
Aperçus régionaux
- L’Europe représente une part considérable en raison de sa large population de jeunes voyageurs et de sa culture d’année sabbatique établie [6].
- L’Amérique du Nord (notamment les États-Unis et le Canada) et l’Asie-Pacifique (notamment le Japon, la Corée du Sud, et la Chine) sont aussi des régions significatives pour la croissance et la participation du tourisme solidaire [7].
Réserves
- Les chiffres ci-dessus se réfèrent principalement à la valeur économique de l’industrie du volontourisme et non au nombre total de voyages ou de voyageurs individuels.
- Les perturbations de la COVID-19 ont affecté les voyages internationaux et temporairement ralenti la croissance du marché, mais les estimations actuelles montrent un fort rebond ces dernières années [7] [6].
Dans l’ensemble, le tourisme solidaire continue de croître alors que les voyageurs recherchent des expériences de voyage plus significatives, responsables, et impactantes [3] [6].
Sources
[1] Volunteer Tourism Market Size, Share & Growth Report, 2030 https://www.grandviewresearch.com/industry-analysis/volunteer-tourism-market-report
[2] Volunteer Tourism Market Size & Forecast [2033] https://www.globalgrowthinsights.com/market-reports/volunteer-tourism-market-118068
[3] Volunteer Tourism Global Business Report 2025 | Cultural https://www.globenewswire.com/news-release/2025/05/07/3076249/28124/en/Volunteer-Tourism-Global-Business-Report-2025-Cultural-Immersion-Experiences-Drive-Adoption-of-Long-Term-Volunteer-Tourism-Itineraries.html
[4] Volunteer Tourism Global Business Report 2025 https://uk.finance.yahoo.com/news/volunteer-tourism-global-business-report-133500797.html
[5] Volunteer Tourism Market Decade Long Trends, Analysis … https://www.archivemarketresearch.com/reports/volunteer-tourism-market-7751
[6] The European market potential for volunteer and … https://www.cbi.eu/market-information/tourism/volunteer-and-educational-tourism/market-potential
[7] Volunteer Tourism Market Size & Share Forecasts https://www.fundamentalbusinessinsights.com/industry-report/volunteer-tourism-market-13216
[8] Purposeful travel in 2025: The changing face of voluntourism https://fooddrinklife.com/volunteer-tourism/
[9] Volunteer Tourism https://www.marketresearch.com/Global-Industry-Analysts-v1039/Volunteer-Tourism-41409685/
[10] Voluntourism – Tourism and Travel: A Research Guide https://guides.loc.gov/tourism-and-travel/voluntourism