« Après trois années de croissance soutenue, les recrutements de cadres ont sévèrement fléchi en 2024 (-8 % par rapport à 2023). Cette contraction s’explique par la chute de l’investissement des entreprises, durement affecté par les incertitudes politiques, budgétaires et fiscales (…) », écrit l’Apec dans sa dernière étude sortie ce 4 novembre 2025.
Malgré un haut niveau de qualification, les jeunes diplômés peinent à décrocher un premier emploi à la hauteur de leurs études. 84 % des titulaires d’un master ou équivalent estiment que leur recherche d’emploi a été difficile, soit plus de vingt points de plus qu’avant le retournement du marché, il y a un an.
Douze mois après l’obtention de leur diplôme, seuls 72 % des jeunes de la promotion 2023 occupent un emploi salarié, contre 74 % pour la génération précédente. Et derrière cette moyenne se cachent de fortes disparités : les diplômés en sciences, technologies et santé affichent un taux d’emploi de 76 % ; ceux en droit, économie et gestion tombent à 69 % ; et les jeunes issus des filières lettres, langues et arts ne sont que 59 % à avoir trouvé un poste.
« Je me sens honteuse d’être au chômage »
Laure habite dans le Var. Après un bac + 5 en communication et marketing digital, obtenu en 2023, elle cherche un emploi depuis plus d’un an. « Mes profs disaient qu’il y aurait toujours du travail dans la communication. J’y ai cru. On m’avait promis un CDI à la fin de mon alternance, mais deux semaines avant la fin, on m’a annoncé qu’il n’y avait plus de budget. »
Depuis, les refus s’enchaînent. « Lors d’un entretien, on m’a dit que j’étais “le profil parfait” avant de disparaître sans explication. D’autres me trouvent trop junior ou ne me répondent pas. » Aujourd’hui, ses allocations chômage couvrent tout juste le loyer et les charges. « Je mange un repas par jour. Je me sens honteuse. Mes proches ne comprennent pas que le marché du travail a changé. »
Selon l’Apec, 57 % des jeunes diplômés ont envoyé plus de trente candidatures avant d’obtenir une réponse, et près de quatre sur dix mettent plus de six mois à décrocher leur premier emploi. L’association note une hausse de 20 points du nombre de recherches longues depuis 2020.