Silicon Valley licenciements et désillusions au pays de la Tech


La brève de ce matin a été inspirée par un tweet et se réfère aux licenciements récents dans la Silicon Valley, dont certains journaux n’hésitent plus à dire que l’endroit n’est plus aussi « cool » qu’avant. D’autres billets viennent narrer des histoires d’employés déçus de ne plus pouvoir aller manger des pizzas gratuites dans la cafétéria avant d’aller dans en réunion dans la « confetti room ». Bref, tout cela sonne comme une histoire d’amour qui finit mal. La vraie question posée par un des billets lus ce matin : trop cajoler ses employés est-il une bonne idée ?

Brève : les licenciements dans la Silicon Valley et leurs conséquences

licenciements en Silicon valley
Voici comment Midjourney, jamais en manque d’ »imagination« , voit les licenciements en Silicon Valley

Licenciements en Silicon Valley : un air de déjà vu

Dans les années 90 d’abord (grande crise de l’informatique), puis dans les années 2000 (la bulle Internet). Ces périodes sont inscrites dans ma mémoire. Sans doute que la grande société d’informatique pour laquelle je travaillais dans les années 90 n’était pas aussi « cool » que Meta ou Google, mais nous y étions attachés et à juste titre.

Nous y avons appris énormément de choses et le travail y était créatif et passionnant. Une période entièrement nouvelle du monde du travail se créait alors. Certainement même beaucoup plus créatif que de vendre des CPC sur un moteur de recherche.

Licenciements Silicon Valley
Licenciements dans la Silicon Valley : de plus en plus drôle, voici comment Midjourney confond « fired » et « fire » —

Un secteur d’avenir

Je ne m’étais pas méfié dans ces années là et pour cause. Fraîchement arrivé dans le monde de l’IT, en provenance du secteur sinistré des appareils ménagés, l’avenir s’ouvrait devant moi. « C’est le secteur d’avenir », me disait-on.

Et c’était vrai, l’informatique temps réel a changé la vie de tous les employés du monde entier, pas seulement quelques-uns. Il en est sans doute de même pour les technologies développées dans la Silicon Valley.

J’ai vu pourtant disparaître tous les grands de la Tech : DEC, Control Data, Data General, ICL, Compaq et j’en passe.

Anticipation de la purge de 2002

En 2001-2 la purge a recommencé, mais cette fois-ci j’avais anticipé. En quelques mois, le travail de 4 ans a été mis sur le trottoir. Un collègue est venu avec un camion mettre les serveurs dans le coffre. Un hiver nucléaire a commencé.

licenciements Silicon Valley
Une brève recherche sur les licenciements de la Silicon Valley dans le Wall Street Journal

Sans doute que l’approche au travail dans ces sociétés de la Tech moderne et ce que nous avons connu aux temps immémoriaux du début de l’informatique temps réel n’a rien à voir.

Pas de divertissements ni de friandises

À l’époque, pas de divertissements, de friandises ni de « confetti room » et encore moins de TikTok Tok pour s’ébahir sur son lieu de travail.

Et quelques semaines plus tard

Il est vrai que je ne mange pas de bonbons, je surveille mon poids et ne joue plus au baby-foot depuis mes études.

Des employés trop « dorlotés »

Je recommande le billet de Marketplace sur le sujet qui m’a fait réfléchir sur cette situation. Certes, il y a une situation qui paraît injuste et même incompréhensible. La période actuelle n’a rien à voir, mais vraiment rien à voir, avec la grande crise de l’Internet des années 2000.

Il n’y a pas d’effondrement, pas de retournement de situation et même certaines des sociétés qui sont sanctionnées en bourse sont en croissance de… 12 % (ça fait rêver).

Il y a donc quelque chose d’apparemment irrationnel dans tout cela (voici l’explication).

Mais au-delà de ces faits regrettables, les questions posées par l’article de Marketplace sont intéressantes.

  • D’abord il y a une génération d’employés qui ont été « dorlotés » et qui se fait à la dure réalité d’un monde du travail sans pitié
  • ensuite il y a un investissement à 100 % dans le travail, un phénomène qui ne semble pas véritablement à l’ordre du jour en France, mais qui est bien réel aux USA (cf. la France le pays où on travaille le moins, 2023).

Extrait choisi et éléments de réflexion

« Je ne souhaite à personne de perdre son emploi. Mais je pense que les attentes des employés sont en train de changer », a déclaré Nolan Church. Il est aujourd’hui consultant en recrutement dans le secteur de la technologie et qui a déjà travaillé pour DoorDash et Google.

Au cours de la dernière décennie, dit-il, il y a eu une combinaison d’argent facile et de talents difficiles à trouver dans la technologie. Cela a donné lieu à une sorte de course aux armements pour être reconnu comme le meilleur endroit où travailler.

« Mais rétrospectivement, cela a créé une génération d’employés qui s’attendent à être dorlotés », a-t-il ajouté. « Aujourd’hui, les employés sont franchement choqués de constater que leur emploi n’est plus sûr. Les avantages et les commodités dont ils bénéficiaient autrefois s’évaporent assez rapidement. »

Je me suis toujours interrogé sur ces « great places to work », car à chaque fois que j’ai vu le label attribué je me suis demandé ce qu’il y avait derrière.

Depuis que je suis à mon compte, je ne me pose plus la question de savoir si mon emploi va être supprimé. Bizarrement, c’est au moment où je suis en plus grande situation de précarité que je la ressens le moins.

Le fait d’avoir été « dorloté » ne protège peut-être pas, il se pourrait qu’il rende plus vulnérable.

Les derniers articles par Yann Gourvennec (tout voir)





Source link