« Tu as fait quelles études pour faire ça ? » Voilà, en substance, la question la plus déstabilisante qui soit pour un autodidacte. Et ma réponse, toujours entremêlée de gêne et de frustration : « Aucune … » Il m’arrive souvent de percevoir une déception dans l’oeil de mon interlocuteur à ce moment précis.
Car, il faut bien l’avouer, le principal souci de l’autodidacte, c’est le manque de légitimité qu’il ressent ou qu’on lui fait ressentir. Et rien n’est fait pour mettre les autodidactes à l’aise. Le diplôme prime toujours plus que les compétences en France, et le cursus scolaire ou universitaire reste toujours le garant de notre légitimité au poste que l’on occupe.
Les autodidactes se perçoivent souvent comme des trompeurs qui abusent leurs collègues, leurs amis et leurs supérieurs. Ces personnes vivent dans le doute et pensent qu’un jour elles seront démasquées et que quelqu’un fera la preuve de leur incapacité. Les autodidactes ne sont toutefois pas les seuls à souffrir de ce manque de confiance. 60 à 70 % des personnes douteraient, à un moment ou à un autre de leur carrière, de la réalité ou de la légitimité de leurs succès.
Ce syndrome empêche les personnes qui en sont victimes de développer pleinement leur potentiel, puisqu’elles se remettent constamment en question.
Moi-même, j’alterne régulièrement les périodes d’auto-satisfaction et de découragement. Il m’arrive à la fin d’un projet bouclé de me dire : « Ça c’est pas mal, mais serais-je capable de rééditer l’exploit ? Était-ce un coup de chance ? » Mais, je vous rassure tout de suite, je n’ai pas l’intention de m’épancher longuement et de débattre de ma condition dans ce post mais simplement de nous passer un peu de pommade, à nous les autodidactes. Si vous ne l’êtes pas, il est encore temps de fuir !
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un autodidacte ?
Voici quelques définitions de l’autodidacte :
« L’autodidacte n’est pas celui qui apprend tout seul (ce qui à proprement parler ne veut rien dire), mais celui dont les connaissances ne sont garanties par aucun titre et défendues par personne » selon Marie Ymonet « Les héritiers du Capital ».
« L’autodidacte n’apprend pas tout seul, mais ses maitres, ses guides, ses sourciers, car il en a toujours (même s’ils peuvent prendre diverses figures), ne sont pas les enseignants habilités par l’institution scolaire à délivrer dans le cadre scolaire les connaissances et à en certifier par des titres la possession. » La vocation d’autodidacte par Claude F. Pollak.
L’autodidacte est donc celui qui, pour toutes sortes de raisons, n’a pas construit la base de connaissance et l’expérience de son métier, ou d’une activité annexe, par le biais de sa scolarité. Cela peut-être à cause de difficultés scolaires, sociales ou financières. Certaines personnes ne s’adaptent pas non plus au fonctionnement scolaire, d’autres encore ont commencé à travailler très tôt, etc.
Qu’est-ce qui différencie un autodidacte ?
Je partage ces quelques lignes de mon expérience pour montrer que, souvent, l’autodidacte est quelqu’un qui a soif d’apprendre, soif d’être confronté à de nouvelles expériences. Il aime la nouveauté, expérimenter de nouveaux terrains d’expression dans son domaine.
Il y aussi une grande différence de vision entre un diplômé et un autodidacte, ce dernier face à l’inconnu va plus facilement se dire : « je ne sais pas mais je vais trouver ». Le diplômé a ses diplômes. Il a une assurance, tout à fait légitime, alors que l’autodidacte sera en constante bataille pour prouver sa valeur face aux autres. L’autodidacte essayera toujours de pousser les choses à fond, ce qui améliorera l’entreprise au risque de perdre pendant un temps en productivité.
Aujourd’hui, j’ai quarante ans. J’ai pas mal souffert de mon manque d’études et de ce problème de légitimité, mais j’ai vécu aussi de belles victoires, j’ai acquis de l’expérience de mes succès et de mes échecs. J’ai une idée plus précise de qui je suis et de qui je ne suis pas. Je sais que je peux m’adapter. S’il faut apprendre de nouvelles choses, cela ne m’effraie pas. Je l’ai déjà fait et je sais que j’en suis capable. J’ai aussi développé une sorte d’intuition qui m’aide à appréhender de nouvelles compétences peut-être plus rapidement.
Mon parcours d’autodidacte
Depuis toujours, j’ai apprécié apprendre par mes propres moyens, sans la contrainte et la pression du système scolaire. Ce que je fais aujourd’hui résulte de ce que j’ai appris au travers des livres, d’internet, de rencontres, etc, et je ne fais rien qui soit lié à ce que j’ai appris de ma formation scolaire (dessinateur en bureau d’études).
La découverte d’internet, une promesse pour un autodidacte !
En 1996, j’ai découvert Internet et cela a été pour moi un déclencheur. La possibilité d’apprendre et d’échanger facilement, gratuitement sur un média ouvert et susceptible d’attirer un vaste public. La même année, on m’a frauduleusement apporté un pack d’une trentaine de disquettes contenant un logiciel prodigieux : Photoshop (en version 2.0 je crois) !
J’ai appris rapidement le HTML et monté quelques pages Web avec FrontPage, avant de réaliser que le bloc notes était tout de même plus précis. Intéressé depuis tout petit par les arts visuels et le dessin (merci papa !), Photoshop a pris une part importante de mes soirées. Quelques années plus tard, mon premier site : DVDNet, réunissant ma passion pour le cinéma, mon envie d’écrire et mon goût pour les nouvelles technologies.
Puis je suis devenu communicant
J’ai commencé à développer des sites pour d’autres. Pour cela, j’ai créé une entreprise et je faisais du graphisme et du web essentiellement. En parallèle, j’apprenais la communication, ses stratégies, les meilleures façons de transmettre un message, etc.
Cela m’a amené à me dire que l’on pouvait faire plus encore. Et j’ai commencé à développer des stratégies qui englobaient tout ce qu’internet proposait à l’époque. Autrefois, on considérait un site comme une vitrine de l’entreprise. Je me suis dit qu’en ajoutant un blog à ce site, en créant du contenu utile pour la cible, en le propageant sur les réseaux sociaux, en créant des campagnes d’emails, en ajoutant des formulaires pour recueillir des données, etc, on pourrait développer une stratégie beaucoup plus globale.
Quelques mois plus tard, je découvre au hasard d’une lecture que cela porte un nom. Quelques américains visionnaires venaient de créer ce que l’on appelle désormais l’inbound marketing ! J’ai fini par être reconnu dans ce secteur. Et c’est une autre histoire, que je vous invite à lire pour aller plus loin pour comprendre les bloquants de l’autodidacte. Si vous êtes autodidacte, lisez-le. Ça va vous encourager !
Et la musique …
Je suis également autodidacte dans un autre domaine. Je joue de la guitare, je compose, j’écris et je chante. Durant des années, je manquais d’assurance dans ce domaine. Du coup, ce sentiment d’imposteur m’a freiné.
Heureusement, entouré d’amis bienveillants, j’ai concrétisé ce projet. D’ailleurs, en vous rendant tout en bas de cette page, vous trouverez un bouton pour écouter mon premier EP.
Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela ?
Simplement pour vous dire qu’avec tout mon lot d’incertitudes et ma panoplie de projets inachevés, j’ai pris ma revanche sur la vie. Sur ce que l’on a pu dire de moi. Et plus encore, sur l’ensemble de mes fausses croyances sur moi-même.
Ce sentiment d’être inaccompli, pas suffisant, pas validé, vous le connaissez ? Vous le vivez ? Alors lisez la suite pour comprendre pleinement la valeur qui est la vôtre !
Croyez en vous !
Votre légitimité n’est peut être pas reconnue de tous, mais reconnaissez vous-mêmes ce que vous êtes et ce dont vous êtes capables. Que votre faiblesse apparente devienne votre force. Prenez confiance en vous. Souvent, dans mes périodes de doute, je regarde en arrière et je me rappelle ce que j’avais en main à la fin de mes études et ce que je sais aujourd’hui, tout le chemin parcouru, les diverses expériences accumulées. Et ce qui m’enthousiasme le plus, c’est que j’ai encore tellement de choses à apprendre !
Et pour finir :
5 qualités d’un autodidacte
Il a la passion d’apprendre
Rien ne peut étancher votre soif d’en connaître davantage. Vous vous passionnez de nouvelles choses, vous aimez découvrir de nouveaux horizons et comme vous n’avez pas la formation qui confirme vos connaissances, vous travaillez comme un acharné pour aller au fond des choses.
Il sait s’autoriser la déviance et la résistance aux conformismes sociaux
Vous savez ce qu’il faut faire, vous n’êtes pas toujours au courant de ce qui ne doit pas être fait. Vous savez faire preuve d’audace et vous n’avez pas subi le moule de certaines écoles. Cela ne fait pas de vous un électron libre, mais quelqu’un capable d’analyser par lui-même. Ainsi, vous pouvez être très innovant, sans vous en rendre forcément compte.
Il aime expérimenter
C’est dans vos gènes, ce désir de tester, d’aller plus loin, de jouer avec ce qu’on vous offre et cela fait partie de votre processus d’apprentissage.
Il a une certaine tolérance à l’incertitude
Affronter des situations nouvelles, vous remettre en question et apprendre de nouvelles choses, vous faites ça tout le temps ! Qu’est-ce qui pourrait vous effrayer ?
Il sait improviser
Ok, il arrivera que vous tâtonniez, que vous soyez maladroit, mais vous êtes capable de souplesse et de vous adapter. Vous savez qu’avec de la ténacité, on y arrive. Ne vous sous-estimez plus !
Conclusion
J’espère que vous vous êtes reconnu dans cet article. J’espère qu’il vous aura inspiré et peut-être débloqué quelques fausses croyances. Souvent, notre pire ennemi en tant qu’autodidacte n’est nul autre que nous-même. Il faut que vous réalisiez ce dont vous êtes capable.
Au passage, je vous recommande Assessfirst, un site qui va créer une sorte de cartographie de vos talents, « soft skills » et de votre personnalité. C’est intéressant et cela peut vous aider à vous vendre professionnellement et à comprendre qui vous êtes vraiment. Si cela vous intéresse, vous pouvez consulter mon profil juste ici.