Une étude a démontré que les « digital natives » n’existent pas : les digital natives, les générations X, Y, Z et maintenant alpha, sont un thème récurrent du Web et dans les médias. OK, boomer ! Je sais. Pourtant, les faits sont plus forts que la fiction.
Une étude de l’ECDL démontre que les « digital natives » n’existent pas
Les digital natives sont un thème récurrent chez Visionary Marketing depuis des années. Une étude réalisée par la fondation ECDL (European Computer Driving Licence) apporte un éclairage supplémentaire.
Comme j’en ai assez d’entendre que les jeunes sont doués en informatique et que les plus âgés sont tous victimes d’illectronisme, je partage cette étude avec vous et j’espère qu’elle vous sera utile.
Préjugés intergénérationnels et âgisme
Il faut indiquer que, chargé de cours en marketing numérique depuis plus de 20 ans, je suis un fervent défenseur des échanges entre les générations. Pour moi, tout préjugé à l’encontre d’une génération s’apparente à de l’âgisme, soit une forme de racisme.
Pour en revenir aux digital natives, les faits et les chiffres de cette étude contredisent le mythe. Les « natifs du numérique » n’existent pas.
Une étude ECDL déboulonne un mythe
Quelle que soit la génération, dont les dates sont plus ou moins précises, les prémisses sont les mêmes. Les digital natives (génération Y, Z, alpha, etc.) maîtrisent l’informatique.
Les autres sont des « immigrants numériques » (‘digital immigrants’)
Prensky a inventé le vocable de « digital natives »
Marc Prensky, lui-même natif du numérique, a inventé cette terminologie farfelue.
Je trouve le terme « immigrant numérique » particulièrement insultant. Surtout quand on est un vétéran de l’informatique et un pionnier de l’Internet.
C’est doublement insultant, à la fois pour tous les dinosaures de plus de cinquante ans (y compris Prensky lui-même), et pour les immigrants qui ne sont pas moins humains que ceux qui peuplent les pays vers lesquels ils émigrent.
Les infographies et les clichés abondent sur le Web. Aucune des anecdotes communément racontées ne passe l’épreuve de l’examen.
Il est temps de remettre les pendules à l’heure, grâce à cette étude de l’ECDL, qui souligne l’urgence de former les jeunes au numérique.
En tant que formateur dans ce domaine, mon expérience est que, même dans les classes de marketing digitalDéfinition marketing digital, un terme utilisé en permanence et pourtant bien mal compris car mal défini, il y a du travail !
L’étude montre à quel point certains des « digital natives » sont à la traîne de l’informatique. Dans certains pays, l’Autriche par exemple, plus que d’autres.
L’impact sur la société et les entreprises
Comme le souligne l’étude ECDL, les idées fausses sur la génération Y/les digital natives ne sont pas dénuées d’impacts.
Des impacts sérieux pour la société, l’éducation et les entreprises.
Par ailleurs, comme je l’ai déjà souligné, l’âgisme a un sérieux impact sur la vie des gens. En Europe, où l’on demande aux seniors de travailler jusqu’à 67 ans (en Italie, par exemple), l’âgisme rend difficile le maintien en activité de nombre d’entre eux.
En France, pas plus de 30 % des travailleurs de plus de 60 ans ont un emploi à temps plein. Et obtenir un entretien d’embauche lorsque votre CV indique que vous avez plus de 50 ans est mission impossible. Sauf si vous possédez certaines compétences extrêmement pointues.
L’âgisme est nuisible
Sans parler de la pression entre les générations au sein des entreprises.
Tout cela est très dommageable et va à l’encontre de la nécessaire et saine coopération entre les différentes générations. Et nous avons tous besoin de personnes autour de nous, certaines plus jeunes, d’autres plus âgées, pour changer de point de vue et favoriser la diversité.
Les échanges intergénérationnels favorisent l’harmonie, l’amélioration personnelle et collective, et surtout l’efficacité des entreprises.
Une étude sur le caractère fallacieux du terme « digital natives »
J’ai remarqué une autre chose. Plus les chefs d’entreprise sont déconnectés du numérique, plus ils chantent les louanges des « digital natives ».
Je me demande pourquoi. Est-ce pour cantonner les jeunes dans un rôle de « geeks » ? Cela signifie-t-il qu’ils ne sont pas aptes pour les postes de management ?
Quoi qu’il en soit, le concept de « digital natives » ne résiste pas à l’épreuve du temps.
L’étude ECDL va à contre-courant de ce mythe des digital natives.
Elle conclut que le manque de formation des jeunes aux compétences numériques est un danger. L’exposition à la technologie, même dès le plus jeune âge, ne signifie pas du tout que l’on sache l’utiliser correctement. Encore moins, à bon escient.
Les utilisateurs avancés sont une minorité en Australie, en Autriche et ailleurs
Par exemple, en Australie, selon l’étude ECDL, une minorité de jeunes peuvent faire un usage avancé des technologies de l’information. Pas plus de 15 % de la population étudiante. Alors que seulement 45 % de ces étudiants ont des compétences rudimentaires dans ce domaine.
Il s’agit d’une étude de 2015. J’ai l’intuition que les choses ont plutôt empiré depuis lors.
Un désastre éducatif
En Autriche, les chiffres sont encore pires. À peine 7 % des 15-29 ans sont considérés comme possédant de bonnes compétences informatiques. Dieu merci, je crois qu’ils doivent être bons en rédaction de prompts ChatGPT3.
En Italie, les résultats sont encore plus désastreux.
une autre étude sur les digital natives par ICLS
Selon une étude du Centre international d’études linguistiques (ICLS), réalisée sur un grand échantillon, seulement 2 % des étudiants possèdent un esprit critique lorsqu’ils recherchent des informations en ligne.
Tous ceux qui enseignent connaissent le fléau du plagiat et du copier-coller. Le risque, souligne l’ECDL, est élevé.
ChatGPT3 et ses semblables vont certainement porter tout cela au niveau supérieur.
La situation n’est cependant pas désespérée. Certains pays font mieux que d’autres. En République tchèque et au Danemark, les résultats des jeunes en matière de connaissances informatiques sont un peu meilleurs.
Avant de rejoindre la foule des idolâtres de la tribu des « digital natives », faites-moi plaisir et lisez la suite de l’étude ECDL.