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Comment s’approprier le Web3 ? Depuis quelques années, des voix s’élèvent pour réinventer le bon vieux Web. Telle était l’ambition du Web 2.0 d’ailleurs. Mais le conte de fées s’est transformé en cauchemar, le Web social a été dévoyé, les scandales se sont succédé, les batailles autour des données aussi. Les plateformes sociales elles-mêmes essaient de se réinventer, comme Meta. Hubert Kratiroff, co-auteur de notre futur livre, « Le marketing de @ à Z » qui sortira fin 2023 chez Eyrolles, vous donne ses clés pour plonger dans le Web3 et y faire vos premiers pas. Un exposé optimiste et pragmatique, sans pour autant occulter les risques auxquels ce nouveau Web devrait avoir à faire face.
3 étapes pour s’approprier le Web3
Tim Berners Lee a lancé Solid et contract for the Web. Puis est venu le Web3. Un concept pas toujours facile à comprendre. Voici l’interview réalisée avec Hubert il y a quelques semaines. Elle vous permettra de vous faire une idée d’un concept encore un peu nébuleux, et d’apprendre à plonger dedans de manière concrète. Il se pourrait bien qu’on assiste à un certain renouveau du Web, appelé de leurs vœux par beaucoup d’acteurs et d’utilisateurs du Web.
« Le Web3 est la véritable expression du Web »
Le Web3 de 2023 est un retour aux sources du Web, tel que l’envisageait Tim Berners-Lee, son inventeur en 89. Le Web de Tim Berners-Lee en 89 était un Web pour les utilisateurs
Mais le Web 2.0 est venu dévoyer le Web, avec ses plateformes comme Twitter ou Meta et plus récemment TikTok. Les géants de la Tech avec leurs énormes budgets ont pu mettre de très bonnes technologies sur le marchéLa notion même de marché B2B ou B2C est au cœur de la démarche marketing. Un marché est la rencontre d’une offre et d’une demande, en les détournant à leur profit.
Aujourd’hui, « on retrouve avec le Web3 la vision initiale de Tim Berners-Lee, qui est un Web sémantique » nous dit Hubert.
Pourtant, à l’occasion du Web Summit qui s’est tenu à Lisbonne du 1er au 4 novembre 2022, Tim Berners-Lee aurait demandé que cette nouvelle version du Web soit « ignorée ».
« Je pense qu’il est surtout animé par la volonté de développer sa startup Inrupt, qui prône une technologie qui n’est pas loin de Solid, le langage des Smart Contracts de la blockchain. Je pense qu’il est surtout vexé de ne pas avoir lui-même déclaré ce développement du Web3 », souligne Hubert.
Il avait envie de l’appeler le Web sémantique, le Web data, le Web Data linked, le Web du XML. Il s’agit d’un Web où toutes les données étaient structurées d’une certaine manière sur l’ensemble des sites.
Avec ce concept, n’importe qui aurait pu récupérer l’ensemble de ses données. Les utilisateurs se les réappropriaient. C’était ce que Berners Lee appelait le Web sémantique, le Web de la data, le Web XML.
Ce Web sémantique n’a malheureusement pas pris parce qu’il a été pris de vitesse par les grosses plateformes
Le terme de Web3 a quant à lui été lancé par Gavin Hood qui est, avec Vitalik Buterin, le co-inventeur d’Ethereum.
Ethereum est une blockchain
« Une blockchain est une base de données, comme on en connaît des centaines de milliers, avec la particularité qu’il est impossible de modifier ou supprimer une information. Tout ce qui est enregistré est enregistré à vie et on ne peut pas revenir dessus », explique Hubert.
Gavin Hood et Vitalik Buterin ont inventé une blockchain Ethereum, qui est une base de données partagée, sur laquelle ils ont niché 3 choses :
- Des Smart Contracts
- Une monnaie, l’ETH qui vaut aujourd’hui environ 1 500 €, et qui est montée jusqu’à 400 000 €
- Et les NFT
On peut faire du Web3 sans pour autant s’appuyer sur les technologies complexes d’aujourd’hui
« Wikipédia ou Twitter vont devenir des entreprises hybrides Web2/Web3, poursuit Hubert. Elles ont beau avoir été fondées sur la base du Web 2.0, avec de bonnes intentions, elles vont devoir se réinventer ».
Le Web3 est plus complexe que le Web 2.0, c’est le prix de notre liberté
Nous, les utilisateurs, avons été responsables de l’hégémonie des grandes plateformes
Ces grandes plateformes ont joué à fond la carte de l’interface utilisateur (UI) et nous ont permis de publier des photos d’un seul clic. De même, configurer sa boîte mail tout seul avec le SMTP, l’IMAP, le POP, etc. est très complexe. Or, avec Gmail ou Yahoo, tout est encapsulé, facile, fluide.
Par facilité, nous avons utilisé Gmail et Instagram parce que nous n’avons pas voulu mettre les mains dans le code
« Le Web3 va nous faire redevenir acteurs avec la nécessité d’une petite technicité et des outils à manipuler », ajoute Hubert.
Aborder le Web3 en 3 étapes
Une première étape pour mettre un pied dans le Web3 est d’utiliser le navigateur open source Brave. Surfer dans Brave permet de gagner des BAT (Basic Attention Token), une sorte de cryptomonnaie qui permet de rémunérer un créateur.
Pour mettre un deuxième pied dans le Web3, il suffit de regarder les vidéos dans Odysee, plutôt que YouTube. C’est à peu près la même chose, sauf que le visionnage d’une vidéo rémunère de 1/10 è de centime ou de 1/1000 è de centime le créateur.
Pour la musique, au lieu de donner 15 € par mois à une plateforme de streaming, utiliser Pianity permet de rémunérer directement les auteurs.
La menace des venture capitalists
Le Web3 a cependant quelques obstacles sur sa route.
« Le Web 2.0 a été la propriété de grandes plateformes. Il ne faudrait pas que le Web3 devienne celui des investisseurs », nous avertit Hubert. À commencer par AECI qui investit beaucoup dans le Web3.
Toujours cette bonne vieille opposition entre le Web, héritier des hippies américains des années 60-70 et le Web capitaliste d’aujourd’hui. Plus ça change…
Il ne faudrait pas qu’on passe d’une propriété fonctionnelle du Web 2.0 à une propriété capitalistique du Web3
Pas de droit à l’oubli dans le Web3
« Tout ce qui est dit dans le Web3 est traçable. Il y sera possible de remonter à des dizaines d’années. Un peu comme le fait aujourd’hui http://archive.org, qui a enregistré les sites depuis 1993″. Tout y est enregistré précise Hubert.
Il faudra faire attention à ce droit à l’oubli et responsabiliser les utilisateurs
Il y a beaucoup d’apprentissages à faire sur le Web3, pour guider les utilisateurs. Ils ne pourront pas y dire n’importe quoi. Car dans 5, 10 ou 15 ans, tout ce qui y aura été dit pourra être ressorti et sera absolument inopposable.
Une prédiction pour finir
Je prédis que Ledger d’ici le premier trimestre 2023 sera la première décacorne française
Gardons donc l’esprit ouvert et observons la Tech, nous n’avons pas fini d’y découvrir de nouvelles choses.
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