Les réseaux sociaux, autrefois prépondérants dans la direction du trafic vers les sites d’information, perdent leur efficacité. De leur côté, des outils comme Google Discover gagnent en importance et modifient fondamentalement la stratégie de contenu de ces maisons d’édition. Cette évolution a été marquée par une baisse significative du trafic provenant des médias sociaux, compensée par une augmentation impressionnante des recommandations personnalisées via les applications mobiles de Google.
Diminution drastique du trafic provenant des réseaux sociaux
Entre janvier 2023 et septembre 2024, le rôle des réseaux sociaux dans la redirection des lecteurs vers les sites d’information américains a connu une chute notable. En effet, selon les données fournies par Chartbeat, une société spécialisée dans l’analyse de l’audience web, la part de trafic venant des plateformes sociales est passée de 6 % à 4 %. Cette diminution soudaine d’un tiers met en lumière une tendance inquiétante pour les éditeurs qui dépendaient fortement de ce canal pour attirer des visiteurs.
Plus particulièrement, Facebook, qui a longtemps été un pilier central dans la génération de trafic pour les éditeurs de nouvelles, voit sa contribution diminuer de plus de 40 % sur la même période. Ce déclin peut être attribué à plusieurs facteurs, notamment les changements algorithmiques réguliers opérés par le réseau social visant à privilégier les contenus personnels des utilisateurs au détriment des publications commerciales et de presse.
L’essor de Google Discover
Face à cette baisse du trafic issu des réseaux sociaux, un outil s’est imposé comme une alternative prometteuse : Google Discover. Depuis sa mise en service, Google Discover permet aux utilisateurs de recevoir des recommandations de contenu personnalisé via les applications mobiles de Google. Cette fonctionnalité distingue désormais quelques éditeurs majeurs en générant davantage de trafic que la recherche traditionnelle sur Google.
Les statistiques révèlent que depuis janvier 2023, certaines publications américaines ont vu leur trafic provenant de Google Discover augmenter de 13 % en moyenne. Pour « The Hill », par exemple, ce flux dépasse maintenant celui obtenu grâce à la recherche classique. Ce succès est souvent attribué à la capacité des rédacteurs à adapter leurs contenus aux recommandations personnelles et aux préférences locales des utilisateurs sur Google Discover.
Adaptation stratégique des éditeurs
La montée en puissance de Google Discover ne s’est pas faite sans ajustements. Les méthodes efficaces sur Google Search se révèlent insuffisantes sur Discover, incitant les éditeurs à réinventer leurs stratégies.
Google recommande expressément aux éditeurs d’utiliser des titres de page qui capturent l’essence du contenu sans recours à des tactiques de sensationnalisme ou d’hyperbole. Des journaux comme « The Hill » ont trouvé de bons résultats en localisant les sujets nationaux, c’est-à-dire en proposant des angles locaux pour des histoires nationales afin de les rendre plus intéressantes pour les lecteurs spécifiques.
Expérimentations et optimisations continues
Bien que des tendances et des pratiques commencent à émerger, beaucoup reste encore à comprendre concernant l’optimisation pour Google Discover. Comme mentionné par des experts durant l’événement Online News Association (ONA), les éditeurs testent continuellement divers formats et délais de publication pour découvrir ce qui fonctionne le mieux.
La BBC, par exemple, expérimente les horaires de diffusion de ses articles afin de maximiser leur visibilité sur Discover, ayant remarqué que « la fenêtre de performance » pour ce type de contenu est plus courte par rapport à celle de Google Search. Cela indique que les gains rapides doivent être capitalisés efficacement, rendant la planification et la publication plus cruciales que jamais.
Le mystère persistant de Discover
Malgré quelques pistes, déterminer ce qui fonctionnera sur Google Discover demeure largement une affaire de tâtonnements et d’expériences perpétuelles. Comme l’ont noté plusieurs intervenants de l’ONA, la compréhension des dynamiques de Discover n’est pas aussi claire que celle relative au SEO traditionnel. Les règles changent fréquemment avec les mises à jour centrales de Google, obligeant les éditeurs à rester flexibles et innovants.
Laura Hazard Owen, journaliste au Nieman Journalism Lab, résume bien cette situation ambiguë : « Il serait formidable d’investir autant de temps et de ressources dans Discover que nous le faisons avec le SEO, mais actuellement, il s’agit surtout de comprendre quels titres, quels cadres et quels récits fonctionnent, puis de voir si nous pouvons les reproduire autant que possible. Toutefois, lorsque survient une mise à jour majeure, tous ces conseils peuvent devenir obsolètes ».