Le monde des jeux vidéo et des applications mobiles est à nouveau en effervescence. Epic Games, le développeur du populaire jeu Fortnite, a récemment lancé une série de poursuites contre Google et Samsung. Au cœur du conflit se trouvent des allégations d’entraves anticoncurrentielles visant à empêcher la distribution alternative de l’Epic Game Store.
Les prémices du conflit entre Epic Games, Google et Samsung
Depuis plusieurs années, Epic Games s’efforce de contourner les plateformes dominantes comme le Google Play Store et le Samsung Galaxy Store pour distribuer ses jeux. En août 2024, Epic a lancé son propre magasin d’applications afin de permettre aux utilisateurs de télécharger directement depuis leur site, sans avoir à passer par ces géants technologiques. Cependant, cette initiative a rencontré des obstacles majeurs. Selon Epic, Google et Samsung auraient mis en place des mesures pour bloquer ou compliquer l’installation de ce magasin alternatif sur leurs appareils respectifs.
En juillet 2024, Samsung aurait modifié sa fonctionnalité Auto Blocker, la rendant active par défaut plutôt qu’optionnelle. Cette modification exigerait désormais des utilisateurs un processus fastidieux de 21 étapes pour installer des applications provenant de sources autres que le Google Play Store ou le Samsung Galaxy Store.
Les revendications d’Epic Games devant les tribunaux
Epic Games accuse Samsung et Google de pratiques anticoncurrentielles qui nuiraient tant aux développeurs qu’aux consommateurs. Dans son communiqué officiel, l’entreprise souligne que ces entraves bloquent non seulement son magasin d’applications mais aussi toute tentative d’innovation concurrentielle sur leurs plateformes. Tim Sweeney, PDG d’Epic, martèle que “permettre de telles pratiques illégales nuit gravement aux avancées réglementaires observées dans le monde entier”. Les lois récentes en Europe, au Japon et en Corée du Sud appuient ses propos en restreignant le contrôle excessif des géants du secteur sur les écosystèmes mobiles.
Par ailleurs, Epic réclame des dommages et intérêts pour compenser les pertes financières résultant des blocages imposés par Google et Samsung. Toutefois, le montant exact reste confidentiel.
Un cas emblématique de lutte pour la concurrence
La situation actuelle rappelle le combat similaire mené par Epic contre Apple et Google en 2020. Bien que la décision judiciaire fut principalement en faveur d’Apple, elle permit néanmoins de mettre en lumière les problématiques liées aux commissions exorbitantes retenues par ces magasins d’applications. Pour mémoire, Apple et Google prélèvent généralement jusqu’à 30% des revenus générés par les achats effectués via leurs stores.
Aujourd’hui, Epic ne veut plus se plier à ces règles jugées abusives. En lançant son magasin indépendant, l’entreprise souhaite offrir aux développeurs la liberté de choisir leurs canaux de distribution et systèmes de paiement.
- Une démarche volontaire de transparence pour lutter contre les monopoles existants
- La volonté de réduire les commissions prélevées par les grands stores
- L’ambition de promouvoir une distribution plus équitable et diversifiée des applications
Les récents changements imposés par Samsung rendent cet objectif difficilement atteignable. Par exemple, l’activation automatique du bloqueur auto-implémente consisterait à ajouter des couches d’obstacles inutiles pour tout téléchargement hors des stores maison.
Réactions et implications mondiales
Les actions d’Epic suscitent des réactions diverses parmi les différents acteurs de l’industrie mobile et des régulateurs internationaux. D’un côté, certains développent des initiatives similaires pour proposer des alternatives aux services préexistants et challengent ainsi les modèles économiques établis depuis plusieurs années. De l’autre, les défenseurs de la sécurité avancent que laisser libre cours à l’installation de fichiers provenant de sources non vérifiées expose potentiellement les utilisateurs à des risques accrus de logiciels malveillants.
Google et Samsung ont défendu ces arguments lors de procès antérieurs. Ils mettaient en avant la nécessité de maintenir un contrôle strict sur les installations pour protéger les consommateurs. Mais selon Epic, l’argument sécuritaire masque souvent des intentions purement économiques visant à conserver leur position dominante sur le marché.
D’après le rapport de Bord, les mécanismes de sécurité invoqués sont « futiles« . Le Auto Blocker de Samsung décrié pour être activé par défaut, est accusé de n’exécuter aucune véritable évaluation des risques liés aux applications proposées par des développeurs tiers. La bataille juridique est donc loin d’être terminée, alimentant les débats autour de la gouvernance numérique et de la défiance envers les pratiques monopolistiques.
À mesure que le procès avance, il reste à voir si Epic réussira à faire fléchir ces mastodontes technologiques et ouvrir grandement les portes à une concurrence plus équitable. Quoi qu’il en soit, cette affaire demeure une étape cruciale dans l’évolution des interactions entre développeurs, distributeurs et consommateurs.