Le 25 septembre 2024, Google a pris une décision majeure en déposant une plainte contre Microsoft auprès de la Commission européenne. Cette action intervient après plusieurs mois de tensions croissantes entre les deux géants technologiques, centrées sur des allégations d’abus de position dominante par Microsoft dans le secteur du cloud computing.
Entreprises forcées à migrer vers Azure
Selon Amit Zavery, vice-président et directeur général de Google Cloud Platform, Microsoft exploite sa domination sur le marché des systèmes d’exploitation pour serveurs afin de contraindre les entreprises à adopter sa propre plateforme cloud, Azure. Le marché des OS pour serveurs est largement dominé par Microsoft, qui contrôle plus de 70% des installations grâce à Windows Server.
Depuis que Microsoft s’est lancé sérieusement dans l’infrastructure cloud en 2019, il aurait mis en place diverses restrictions visant à favoriser Azure au détriment de ses concurrents tels que Google Cloud, Amazon Web Services (AWS) et Alibaba Cloud. Par exemple, les nouvelles conditions de licence imposent des surcoûts significatifs aux entreprises souhaitant utiliser Windows Server sur des plateformes autres qu’Azure.
Des coûts prohibitifs et une concurrence étouffée
D’après Google, ces restrictions ne sont pas seulement théoriques. Les entreprises se retrouvent effectivement face à une majoration pouvant atteindre 400% lorsqu’elles choisissent de faire tourner Windows Server sur une plateforme concurrente. Cela crée une barrière financière importante qui limite considérablement leur liberté de choix.
Amit Zavery met aussi en avant le fait que ces pratiques entravent non seulement la compétitivité mais posent également des problèmes sérieux de sécurité. En effet, les limitations imposées par Microsoft peuvent retarder ou compliquer les mises à jour critiques de sécurité, augmentant ainsi les risques pour les organisations européennes concernées.
Google se pose comme défenseur de la concurrence
Google présente cette démarche comme nécessaire pour protéger l’écosystème et maintenir un marché équitable. La plainte vise à empêcher une capture massive du marché européen par Microsoft, surtout à un moment où de nombreuses entreprises envisagent de migrer vers le cloud. Amit Zavery souligne que même si Microsoft a récemment trouvé un accord avec certains fournisseurs européens de services cloud sous l’égide de l’association CISPE, cet accord n’inclut pas les principaux concurrents comme Google et AWS.
D’ailleurs, un porte-parole de Microsoft a répondu par e-mail, affirmant que les préoccupations similaires avaient déjà été abordées avec succès, et exprimant des doutes quant à la capacité de Google à convaincre la Commission européenne.
Historique des sanctions antitrust
La Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l’UE, n’en est pas à sa première rencontre avec les pratiques de Microsoft. En juillet 2023, une enquête avait déjà été ouverte sur des soupçons d’abus liés à son application de visioconférence Teams. L’histoire montre que ce type de comportement a coûté cher à Microsoft, qui avait écopé d’une amende de 561 millions d’euros en 2013 pour avoir imposé son navigateur Internet Explorer.
En parallèle, il convient de noter que Google lui-même n’est pas exempt de tout reproche. En septembre, la justice européenne a confirmé une amende de 2,4 milliards d’euros infligée au groupe en 2017 pour abus de position dominante sur le marché des recherches en ligne.
Les implications pour l’industrie du cloud
Alors que l’industrie du cloud continue de croître, les actions de ces géants de la technologie ont des répercussions majeures. De nombreux experts voient dans cette plainte un signal fort envoyé à l’ensemble du secteur sur l’importance d’une compétition saine et équitable.
- Barrières financières détournant les clients des concurrents
- Risques accrus dus à des limitations sur les mises à jour de sécurité
- Nécessité d’une régulation rigoureuse pour assurer un marché ouvert
Pour beaucoup, il est crucial que les grandes entreprises puissent offrir à leurs clients un véritable choix sans être contraintes par des coûts artificiellement élevés ou des restrictions injustifiées.
Un futur incertain pour le cloud en Europe
Cette plainte pourrait bien redessiner les lignes du marché du cloud en Europe. La décision de la Commission européenne à ce sujet sera déterminante non seulement pour Microsoft et Google, mais aussi pour l’ensemble des acteurs du secteur et leurs utilisateurs.
Cette confrontation entre Google et Microsoft met en lumière des enjeux cruciaux de compétitivité, de coûts et de sécurité dans le domaine crucial du cloud computing. Les décisions futures pourront avoir des conséquences lourdes et durables sur la manière dont les entreprises européennes gèrent leurs infrastructures IT et adoptent des solutions cloud. Affaire à suivre attentivement.