À plusieurs reprises, il a même relayé et amplifié des messages complotistes : des théories et des accusations non fondées que son IA, Grok, a également renforcées, sans la moindre conséquence régulatoire (pour le moment, en tout cas).
Cette saturation de l’espace public avec des attaques incessantes, bien connue de Trump, a sans doute renforcé l’adhésion de ses partisans… et contribué à déplacer la fenêtre d’Overton, c’est-à-dire le champ des discours jugés acceptables par des publics potentiels à recruter.
Donald Trump et Elon Musk : une histoire d’amitié
Réduire les frictions. Comme je l’ai révélé il y a quelques jours, sur la base de déclarations de transparence transmises à l’Union européenne, Musk a encore réduit le nombre de modérateurs de X à 1 275 personnes (-48 % sur un an) pour gérer les contenus de quelque 336 millions d’utilisateurs mensuels. La modération par intelligence artificielle a montré ses limites : moins de modération signifie mécaniquement plus d’espace pour des propos extrémistes.
Amplifier avec la publicité. Globalement, les revenus publicitaires de X sont en chute (-26 % au 1er semestre). Mais il faut regarder de plus près : les annonceurs à tendance républicaine, moins sensibles à la “brand safety”, représentent désormais 60 % des plus gros budgets.
Plus directement politique encore, Musk a donné “l’exemple” en finançant des campagnes publicitaires ciblées et contradictoires sur plusieurs réseaux, y compris X, par exemple pour dénoncer une Harris pro-israélienne dans un État et pro-palestinienne dans un autre, en fonction de la population ciblée.
Quant à la campagne communautariste de Trump, elle est tout simplement la plus dépensière sur X. Win-win.
Invisibiliser l’ennemi. Musk a modifié l’algorithme de X pour survisibiliser ses propres messages et ceux des partisans de Trump, en les plaçant en tête du fil d’actualités. Plusieurs études l’ont démontré.
Dans le même temps, les publications du camp pro-Harris ont perdu en visibilité et en engagement, sans que l’on sache si c’est dû à un choix algorithmique ou au départ des Démocrates de la plateforme.
Pour rappel, il y a deux ans et demi, Musk tweetait : “Pour que Twitter mérite la confiance du public, il doit être politiquement neutre”. Le monde de Musk a changé.
Et maintenant ? Musk a transformé Twitter en arme de propagande pour Trump. Il a aussi versé quelque 120 millions de dollars à l’équipe de campagne du Républicain, organisé et assisté à des meetings, créé une loterie…
Il y a donc peu de doute : si la “nouvelle étoile” de Trump devient effectivement un pilier de l’administration américaine (sans la moindre légitimité démocratique), elle favorisera certainement ses propres intérêts économiques. Pas seulement en influençant la décision de bannir ou de sauver son concurrent TikTok aux États-Unis. Mais également dans l’intérêt direct de ses autres entreprises, fortement liées au pouvoir, à ses politiques et à ses budgets (SpaceX, Tesla, Neuralink…).
Et X ? En grandes difficultés financières actuellement, son rebond semble déjà amorcé. Musk, qui a déclaré que X était devenu “the signal” et que ses utilisateurs étaient “the media”, va continuer sur cette voie et renforcer la bulle trumpiste autour de X.
Au point de polariser l’ensemble du paysage des réseaux sociaux ? En influençant politiquement les contenus diffusés ailleurs, sur Threads, Mastodon, Bluesky… ? Chacun dans son réseau, chacun dans sa bulle. Sans débats, sans échanges, sans contradiction. “Free speech”… jusqu’aux prochaines élections “démocratiques”.