Les éditeurs de logiciels français réalisent de bonnes performances même si la croissance globale du secteur ralentit. C’est le constat positif que veulent annoncer Numeum et le cabinet conseil EY en publiant le Top 250 des éditeurs de logiciels français. Numeum est le syndicat patronal des professionnels du numérique en France. Le Top 250 a été présenté lors d’un événement le 14 novembre.
Une croissance ralentie par rapport à l’année précédente
Le secteur de l’édition de logiciels affiche une dynamique positive avec une croissance de 7,6% en 2023 même si elle est à la baisse par rapport à la croissance de 10,6% de 2022. Cela représente un chiffre d’affaires cumulé de 21,7 milliards d’euros en 2023.
Une poignée de poids lourds se distingue tels que Dassault Systèmes, Ubisoft et Criteo
Comme d’habitude, une poignée de poids lourds français se distingue avec Dassault systèmes (5,3 milliards d’euros de CA) champion de la conception assistée par ordinateur, Ubisoft (2,3 milliards d’euros de CA), leader du jeu vidéo, et Criteo (1,8 milliard d’euros de CA) spécialiste du logiciel publicitaire. La trajectoire de Dassault Systèmes apparaît plus prévisible que celles d’Ubisoft ou de Criteo, dont les modèles sont sous pression actuellement.
Quoiqu’il en soit, à eux seuls, ces trois éditeurs représentent 43% du chiffre d’affaires du secteur de l’édition de logiciels en France. Le plus petit éditeur du classement est Neodoc, qui propose Calenco, une solution SaaS innovante pour la production et la diffusion multi-canal de documentation technique, juridique, marketing. Il réalise un chiffre d’affaires de 1,1 million d’euros.
« Une résilience généralisée malgré un environnement complexe »
Dans le détail, 85% des entreprises étudiées ont réalisé un chiffre d’affaires en croissance. « Cela témoigne d’une résilience généralisée dans un environnement économique pourtant complexe », estiment Numeum et EY. Le secteur français du logiciel présente en outre un modèle économique pérenne car 82% des éditeurs du panel ont enregistré un bénéfice d’exploitation en 2023. Pour leur croissance, les éditeurs misent sur l’innovation (33%), l’up-selling (18%) et la croissance externe (12%).
L’IA devient la priorité numéro un chez 22% des répondants contre 14% en 2022
L’arrivée de l’intelligence artificielle est prise en compte par les éditeurs de logiciels. L’IA devient la priorité numéro un chez 22% des répondants (contre 14% en 2022). Et 74% des éditeurs la considère comme une des trois premières priorités technologiques en 2023 (contre 58% en 2022), devant la cyber sécurité.
L’intégration de l’IA générative dans les offres des éditeurs est en pleine expansion : 40% des répondants déclarent avoir d’ores et déjà intégré l’IA générative dans leur offre, et 42% l’ont prévu dans les deux prochaines années. On peut remarquer toutefois que seulement 16% des éditeurs ont formé plus de 50% de leurs salariés à l’usage de l’IA.
Ceci dit, c’est l’investissement dans le Cloud et le SaaS qui reste crucial chez les éditeurs français de logiciels (48%), même si ce chiffre est en baisse sur un an (c’était 54% en 2022). L’étude révèle que la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) gagne du terrain. La RSE est devenue un sujet prioritaire pour 78% des éditeurs du panel et 82% ont initié une démarche RSE structurée (par rapport à 75% en 2022). Un accent particulier est mis sur la mesure de l’impact carbone : 57% des éditeurs réalisent leur bilan carbone contre 44% en 2022.
L’internationalisation nécessaire mais difficile pour certains éditeurs
L’étude souligne que le développement à l’international est un défi stratégique et que la tâche est difficile pour une partie des éditeurs de logiciels français. L’internationalisation dépend de la taille des éditeurs. Les éditeurs affichant plus de 100 millions d’euros de CA continuent leur expansion géographique avec 62% du chiffre d’affaires à l’international en 2023. La situation est plus diverse pour les éditeurs de moins de 50 millions de chiffre d’affaires.
Globalement, 56% du chiffre d’affaires du secteur du logiciel est réalisé à l’international contre 58% en 2022
Certains s’appuient très tôt sur le levier du développement international comme Braincube, qui réalise près de 80% de son chiffre d’affaires à l’étranger, quand d’autres se concentrent sur le marché français, avec moins de 30% du chiffre d’affaires réalisé à l’étranger. Globalement toutefois, 56% du chiffre d’affaires du secteur est réalisé à l’international (contre 58% en 2022).
Les éditeurs vivent sous la menace constante des cyber attaques. 62% des éditeurs du panel ont fait face à une ou plusieurs tentatives d’intrusion dans leurs systèmes informatiques depuis le 1er janvier 2023. Le phishing et le malware sont les principales attaques rencontrées. Dans ce contexte, les éditeurs préfèrent confier l’hébergement des données à des spécialistes afin de pouvoir se concentrer sur leur métier et se protéger contre le risque de cyber attaques. 83% d’entre eux font appel alternativement à des data centers externes ou des fournisseurs Cloud.
Quatre trophées pour la croissance Saas, l’international, l’innovation et le prix du Jury
A l’occasion de la publication officielle du classement du Top 250, quatre trophées ont été remis. La société Positive (anciennement Sarbacane), éditeur de logiciels spécialisé dans les métiers du marketing digital a reçu le trophée de la croissance Saas. La société Braincube, éditeur de logiciel de gestion des données industrielles guidé par l’intelligence artificielle a reçu le trophée international. La société HarfangLab, entreprise de cybersécurité spécialisée dans la protection du endpoint, a reçu le trophée innovation. Et la société ChapsVision, éditeur spécialiste de l’engagement client, de la cyber intelligence et de la cyber sécurité a reçu le prix du Jury.
Il y a un accroissement mesuré des effectifs avec +7% pour la totalité du panel et +4% pour les éditeurs pure players
Le secteur de l’édition de logiciels voit un accroissement mesuré de ses effectifs (+7% pour la totalité du panel et +4% pour les éditeurs pure players). La croissance des effectifs devrait se poursuivre en 2024, puisque 72% des éditeurs de logiciels prévoient d’augmenter leurs effectifs en 2024. Cependant, les difficultés de recrutement subsistent: 71% des éditeurs font face à des difficultés de recrutement et la parité homme/femme reste difficile à respecter ne serait ce qu’à cause du déficit de femmes à l’entrée des cursus de formation pour les métiers du digital au sens large. En effet, les éditeurs de logiciel comptent en moyenne 27% de femmes dans les comités de direction et 34% dans l’effectif global.
Bonne nouvelle, les éditeurs misent sur la R&D pour leur croissance. Plus d’un tiers des effectifs totaux (34%) sont consacrés à la R&D et les dépenses dans ce domaine représentent 22% du chiffre d’affaires. Cet engagement en R&D est observé indépendamment de la taille de l’éditeur. Par ailleurs, 66% des effectifs R&D du panel sont localisés en France. « Cette forte concentration des activités de R&D sur le territoire français souligne l’efficacité des dispositifs d’incitation fiscale pour maintenir et développer l’innovation dans le pays » affirment Numeum et EY.
Le crédit impôt recherche et le crédit d’impôt innovation majoritairement utilisés
L’étude montre d’ailleurs que 67% des éditeurs de logiciels ont eu recours au crédit d’impôt recherche (CIR) en 2023. Dans le même temps, le crédit d’impôt innovation (CII) est également adopté par les éditeurs de logiciels, puisque la majorité d’entre eux (59%) ont déclaré avoir utilisé ce dispositif. Côté Numeum, on souligne l’importance de conserver ces dispositifs de financement pour le secteur du logiciel, d’autant plus que la vague de l’IA générative se poursuit.
« Le rythme d’adoption de l’IA générative devra encore s’accélérer pour rester compétitif à l’échelle mondiale »
« Aujourd’hui, les éditeurs de logiciels français relèvent un nouveau défi : l’intelligence artificielle, qui devient une priorité technologique pour 74% d’entre eux » réagit Jean-Philippe Couturier, président du collège Editeurs et Plateformes de Numeum. Il se félicite de la généralisation de l’usage de l’IA. « Parmi ces 74% d’éditeurs, 40% intègrent déjà des fonctionnalités d’IA générative dans leurs offres, tandis que 42% envisagent de le faire dans les deux prochaines années » ajoute-t-il. Il souhaite que ce mouvement s’accélère pour améliorer la compétitivité des éditeurs. « Ce rythme d’adoption devra encore s’accélérer pour rester compétitif à l’échelle mondiale et anticiper les transformations à venir des modèles économiques » recommande-t-il.
En ce qui concerne le cabinet conseil EY, on voit des indicateurs opérationnels bien orientés pour les éditeurs de logiciels mais on s’inquiète de la crise du financement du secteur. « Espérons que la crise du financement ne viendra pas limiter la capacité d’investissement des éditeurs de logiciels. Car l’intelligence artificielle, notamment, est nécessaire au maintien d’une croissance élevée dans un contexte d’évolution des modèles et de compétition internationale » pointe Jean-Christophe Pernet, associé chez EY.
Numeum rassemble 2500 entreprises du numérique
Numeum est le syndicat patronal des professionnels du numérique en France. Il est membre de la fédération Syntec qui constitue la deuxième branche représentative du MEDEF. Numeum représente les entreprises de services du numérique (ESN), les éditeurs de logiciels, les plateformes et les sociétés d’Ingénierie et de Conseil en Technologies (ICT). Numeum rassemble près de 2 500 entreprises qui réalisent 85% du chiffre d’affaires total du secteur qui lui-même pèse 70 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 670 000 personnes en France. Numeum est présidé par Véronique Torner depuis juin 2023.
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