Porté par BGE Ouest-Hérault, ce dispositif va suivre durant un an seize entrepreneurs, installés ou issus des Quartiers Politiques de la ville, afin de leur faire passer le cap délicat des trois ans.
“Le but d’une boîte, c’est de gagner de l’argent, un point c’est tout. Tout le reste, c’est de la poésie. Pourquoi on parle tant du taux de survie à trois ans des entreprises ? Parce qu’au terme de ce laps de temps, la fiscalité passe à 100 % et que beaucoup, alors que tout semble aller bien, ne s’en remettent pas”.
Avec ses mots cash et sans fioritures, Marc Lauron, le vice-président de l’antenne biterroise de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises), a souligné l’importance du travail pour un entrepreneur qui se lance et la nécessité aussi de ne pas rester seul.
Franchir le cap des trois ans
C’est bien pour franchir ce cap délicat des trois ans que BGE Ouest Hérault a lancé, ce lundi 27 janvier, au château du Parc, à Pézenas, la première édition de son nouveau dispositif, “Accélérateur création individuelle”, financé par Bpifrance et le ministère de l’Économie et des Finances.
Durant douze mois, seize entrepreneurs issus ou installés dans les QPV (Quartiers politiques de la ville) de Béziers, Bédarieux, Agde et Sète vont bénéficier “d’un programme intensif pour la réussite durable de leur entreprise sur des territoires en devenir”, indique Lucie Coulier, la directrice de BGE Ouest-Hérault.
Viser plus haut
Le défi de ce parcours, “c’est de faire évoluer leur activité, de développer leur chiffre d’affaires ou de procéder à un changement d’échelle de l’entreprise. Avec la devise “Pour voir plus grand, visez plus haut”, nous allons accompagner ces entrepreneurs et les amener à développer leur potentiel”.
Concrètement, BGE Ouest-Hérault proposera des workshops avec des intervenants experts dans leur domaine (marketing digital, communication…), des réunions sur des thématiques précises avec des dirigeants témoins et “près de 200 heures d’ateliers pratico-pratiques, des rendez-vous individuels personnalisés ou de rencontres favorisant la mise en réseau”.
Une marraine qui a la pêche
La marraine de cette première promotion est Roxanne Dardaine-Bozzarelli, cofondatrice de Dev’EnR, un producteur local et indépendant d’énergie renouvelable, basé au centre-ville de Béziers. Celle-ci, avec beaucoup de pêche et d’humour a distillé ses premiers conseils.
“Le premier conseil que je pourrais vous donner, c’est d’écouter les avis de tous vos amis et de vos proches, même s’ils sont contradictoires, et de vous forger ensuite votre propre opinion en allant sur le terrain, en étant au contact de vos clients, de ceux qui vont faire vivre votre boîte”.
L’importance de la formation
Selon la cheffe d’entreprise, l’une des clés de la réussite est la formation. “Personnellement, je m’oblige à être au moins une journée par mois en formation. Personne ne naît avec des idées comme ça, d’un claquement de doigts. Nos idées, on les construit en se nourrissant au gré des formations, des contacts avec les autres, de nos expériences”.
De quoi mettre du baume au cœur de ces jeunes entrepreneurs, souvent confrontés à la solitude.
Entrepreneuriat quartiers 2030
Ce nouveau dispositif prend place dans le programme gouvernemental “Entrepreneuriat quartiers 2030” qui entend dynamiser ces quartiers difficiles, confrontés à de nombreux problèmes. Cécile Nonin, directrice de l’association Villes et Territoires, a peint un tableau précis des forces et fragilités des QPV, tout en incitant les lauréats à se rapprocher de leurs collectivités (commune ou agglo), qui mettent en place des aides précieuses (exonération de la CFE, aide à la modernisation…). À Bédarieux, 49,9 % de la population vit en QPV, avec un taux de pauvreté de 41 % et de chômage de 29 %, avec 34 % des 16-25 ans qui sont non scolarisés ou sans emploi. À Béziers, un tiers des habitants vit en QPV (Centre-ville, Devèze, Iranget-Grangette), avec un taux de pauvreté de 57 %, 65 % et 71 % respectivement et un taux de chômage de 35,8 %, 30,6 % et 42,1 %.