Neyret investit 20 millions d’euros pour suivre les marchés du luxe à la trace


Chez Maison Neyret, la philosophie est la même depuis la création de l’entreprise en 1823 : “Toujours se réinventer et se tourner vers l’avenir”. C’est en suivant cette ligne directrice que le fabricant stéphanois de rubans, étiquettes et accessoires textiles a décidé de se lancer dans le projet Digitrace.

Démarré il y a cinq ans, ce projet a pris une nouvelle dimension avec la pose de la première pierre, le 11 février, de la future usine du même nom : “Ce sera la première usine en France et dans le monde, à ma connaissance, à être entièrement dédiée à la traçabilité unitaire des produits de luxe et des produits textiles”, assure Benoît Neyret, le PDG de l’entreprise familiale.

20 millions d’euros dédiés aux nouvelles technologies

Implantée à la Fouillouse, dans la Loire, sur un terrain de près de 5 hectares, cette nouvelle usine de 6 000 m² intégrera “toutes les nouvelles technologies, tant digitales que physiques, dédiées à la traçabilité des produits de luxe et des produits textiles : RFID, NFC, QR Code, marquage laser ainsi que toutes nos plateformes digitales et différentes techniques d’impression numérique textile”, expose Benoît Neyret.

Tout compris, l’investissement devrait se situer “aux alentours de 20 millions d’euros”, précise le dirigeant. “Ces nouvelles technologies accompagneront l’essor de nouvelles applications et nouveaux usages qui seront autant de relais de croissance pour nous et la région”, explique-t-il. Informations légales, information sur la composition des produits, notice d’utilisation, conseils d’entretien, authentification et lutte contre la contrefaçon, traçabilité tout au long de la chaîne, organisation de la seconde vie et seconde main, des futures chaînes de recyclage, marketing digital personnalisé… “La Maison Neyret permettra aux grandes marques d’intégrer le digital au cœur de leurs produits afin de protéger toujours plus leurs actifs et de développer de nouveaux services “, poursuit le PDG.Un projet ambitieux qui pourrait donc placer la région stéphanoise au cœur de l’industrie du luxe.

Maison Neyret lance par ailleurs son propre centre de formation pour pérenniser ses savoir-faire
— Photo : Neyret

Un centre de formation en partenariat avec Chanel

Digitrace hébergera également l’Académie Neyret. “Il s’agit du centre de formation que nous sommes en train de créer en partenariat avec nos clients, en premier lieu la Maison Chanel”, confie Benoît Neyret.

Confronté à la disparation progressive des formations professionnelles dans le domaine du tissage et de l’impression textile, le groupe textile ligérien a décidé de créer sa propre école pour maintenir ses savoir-faire. “Nous allons être confrontés à un fort renouvellement générationnel dans les années à venir. Avec les départs à la retraite, nous avons un gros sujet sur les savoir-faire à garder et la culture d’entreprise à pérenniser. La formation que nous allons mettre en place sera technique, culturelle, managériale. Elle sera aussi sur l’industrie du luxe en général et sur ce que sont la RSE et les codes du luxe”, développe le dirigeant.

Dispensée par du personnel interne mais aussi par des intervenants extérieurs, la formation de l’Académie Neyret ne sera pas seulement dédiée aux nouveaux entrants. “Elle s’inscrira aussi dans le parcours des salariés. L’objectif étant de faire en sorte que cette école accompagne l’évolution des salariés au sein du groupe Maison Neyret”, ajoute Benoît Neyret.

200 salariés et 120 millions d’euros de chiffre d’affaires à terme

Opérationnelle en septembre 2026, au terme de 18 mois de travaux, Digitrace devrait démarrer son activité avec une centaine de salariés. “À terme, on devrait monter à 200 salariés sur le site”, confie le PDG du groupe, qui emploie 1 200 personnes dans le monde dont 250 salariés dans la région (Loire et Haute-Loire). C’est donc vers un quasi-doublement de ses effectifs dans la région que s’achemine Maison Neyret.

Côté chiffre d’affaires, la nouvelle usine devrait permettre à l’ETI ligérienne d’accélérer considérablement sa croissance. “Le groupe Maison Neyret réalise aujourd’hui environ 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il devrait atteindre les 120 millions d’euros d’ici 5 ans”, estime son PDG.

En 2020, Maison Neyret a lancé la fabrication de 15 000 écharpes tricolores d’élus pour les élections municipales. Ces écharpes made in France, écoconçues et connectées marquent le point de départ de l’ETI ligérienne dans le secteur des étiquettes intelligentes
— Photo : Neyret

Passer à l’échelle industrielle

Colossal, le projet Digitrace n’est pas tombé d’une pochette-surprise. Il est le résultat d’un travail de longue haleine mené par Maison Neyret dans le domaine des étiquettes intelligentes. Un travail démarré en 2020 avec la création de la première écharpe d’élue made in France, écologique et connectée et poursuivit en 2021 et 2022 avec un investissement de 6 millions d’euros sur ses sites de Saint-Etienne et Grammond, dans la Loire, pour lancer une première production significative d’étiquettes intelligentes.

“Nous avons développé une technique de tissage jacquard particulière qui nous permet d’apporter une information numérique sur des étiquettes individuelles. Cette information portée sur un produit textile permet de connaître sa composition, sa traçabilité et de le suivre tout au long de son cycle de vie”, expliquait à l’époque Benoît Neyret.

“Digitrace s’inscrit dans la continuité de tout ce travail effectué sur les étiquettes intelligentes. L’idée est de passer à l’échelle industrielle ce qui a été développé dans nos ateliers à Grammond et Saint-Etienne”, abonde aujourd’hui le dirigeant.

Le centre d’expertise numérique de Grenoble conservé

Pour vendre des étiquettes intelligentes avec des informations embarquées, Neyret a besoin de les tisser mais aussi de les programmer et accompagner ses clients dans l’interfaçage numérique entre les dites étiquettes et leurs propres systèmes d’information.

Pour ce faire, l’ETI ligérienne a ouvert en avril 2023 un centre d’expertise numérique à Montbonnot-Saint-Martin. Implanté en plein de cœur de l’Innovallée de Grenoble, ce centre, qui permet aux clients du groupe de s’interfacer rapidement sur l’architecture logicielle développée par Neyret, sera conservé. “Nous gardons notre entité de Grenoble et l’équipe logicielle sur place qui nous permet d’accompagner nos clients dans leur transformation numérique. Cette équipe logicielle travaillera bien évidemment en lien direct avec Digitrace”, conclut Benoît Neyret.



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