Samedi 15h – gymnase municipal, match de championnat de basketball jeunes
Du bord du terrain, poings serrés, il crie en invectivant ses joueurs : « cours !! allez, tu défends pas, cours ! on va jamais gagner comme ça ! ».
En face, campé sur mon banc et devant les miens, je regarde l’entraîneur adverse exploser littéralement son stock de patience… et ses joueurs. J’ai presque envie de lui donner un calmant…
Alors, en silence, je me dis que hurler sur un joueur n’est pas la solution.
Et pourtant, soyons honnêtes, combien de managers pratiquent aujourd’hui « l’intimidation » pensant remotiver leurs équipes ?
Qui n’a pas été tenté de hausser le ton face à un collaborateur insolent ?
Qui n’a jamais râlé après l’échec d’un collaborateur censé « marquer un panier facile en contre-attaque » ?
Les enjeux sont parfois si lourds qu’on bascule facilement vers ce coach tyrannique sans même s’en rendre compte. Mais un leader efficace, ce n’est pas celui qui crie, qui terrorise, et qui transforme le vestiaire en zone de guerre. Non, non, non !
Un vrai leader, c’est celui qui écoute, inspire et guide ses troupes vers la victoire.
Et quand on sait que 70% des employés qui subissent un management autoritaire se sentent stressés et désengagés, il est urgent de changer de cap !
Alors, prêt à motiver ton équipe sans virer Hulk à chaque réunion ?? C’est parti !
Jour de match J-3 : ajuste le curseur
Mercredi 19h – entrainement hebdomadaire de l’équipe
La lumière blafarde du gymnase n’aide pas à booster le moral des troupes. Et là, c’est le moment où l’un des joueurs, tout frissonnant, ose briser le silence glacial : « Coach, on est fatigués…la journée a été longue, et il fait froid ce soir ».
Aaaah, ce regard dans leurs yeux. Un mélange de fatigue et de « Je me demande si quelqu’un m’a inscrit de force ici ce soir ». J’avais rapidement remarqué ce soir-là que l’équipe n’était pas motivée. Aucune explication, juste un jour sans. Je dois les rebooster !
Vous connaissez ce type qui croit que l’exigence est la seule voie, qu’un petit cri motivant suffit à ressusciter tout le monde. Spoiler : ça ne marche pas.
Le piège ? Ne pas tenir compte de leur état, maintenir son niveau d’exigence. L’erreur fatale.
Et ce soir-là, mon équipe avait juste besoin d’un entrainement adapté à leur condition physique, pas un bootcamp de 2 heures.
Dans l’entreprise, c’est pareil : pour comprendre, il faut savoir écouter.
Car les préoccupations des collaborateurs ne viennent pas avec un gros panneau lumineux, mais plutôt sous forme de petits signaux, comme un regard fatigué ou un simple soupir parfois déguisé en SOS.
Warning : 83 % des collaborateurs estiment ne pas être écoutés de manière juste au travail, et 41 % ont carrément quitté un emploi parce qu’ils ne se sentaient pas écoutés.
- TIPS « ajuste ton curseur » : savoir être exigeant, oui, mais savoir relâcher la pression quand l’équipe est en mode batterie faible. Parce qu’une équipe fatiguée, c’est comme une batterie à 5% : ça va griller avant même de finir le match.
Jour de match H-1 : L’importance de l’échauffement
Une heure avant le match, j’arrive à la salle. J’ai cette (fâcheuse) tendance à vouloir être le premier, parce que ce moment est sacré :
- Je suis seul, rythme cardiaque à peine plus élevé qu’un panda en pleine sieste.
- Je n’ai pas à courir, à me stresser pour être à l’heure. Et ça, c’est du luxe.
- Je me transforme en pro de l’organisation : ballon, plaquette, maillots, banc et table de marque… Rien n’est laissé au hasard.
- A l’arrivée des joueurs : Un par un, je les accueille en mode « Comment tu vas aujourd’hui ? » C’est un moment de dialogue précieux et détendu avec chacun.
Cette petite préparation mentale, c’est mon moment zen. Je m’imprègne de l’ambiance de la salle, je me cale dans le mood du jour. Je repense à nos objectifs, j’anticipe les questions qui vont fuser et je visualise déjà mon discours de début de match.
FACT : la « visualisation » peut améliorer les performances jusqu’à 45 % en permettant à l’esprit de s’entraîner à surmonter les obstacles, à gérer le stress et à renforcer la confiance en soi.
- TIPS « get ready » : Prévois un temps de « warm up » dans ton agenda avant chaque réunion/présentation importante. Fais-en ton rituel perso de préparation mentale, c’est ta bulle.
Cette mise en condition te donne une vraie sérénité. Et franchement, entrer dans une réunion déjà échauffé, c’est un peu comme si tu démarrais la course avec un sprint d’avance sur la concurrence.
Pendant le match : faire circuler la balle et les idées
Dans le basket, comme dans l’entreprise, tout se passe quand la balle circule.
Rester figé, c’est être spectateur : tourner en rond et scroller sur son téléphone pendant la réunion hebdomadaire.
Le secret ? Ne sois pas ce joueur qui attend que les autres fassent tout le boulot.
Prends l’initiative : passe la balle/ fais circuler les idées, sois le moteur qui lance l’action. Et surtout, évite de rester coincé dans le « corner » à regarder les autres bosser. La collaboration, ça fait gagner des matchs… et des projets.
FACT : 87% des employés estiment que la communication interne est cruciale pour instaurer un climat de confiance au sein de l’entreprise.
- Truc & astuce de coach : au basket, après avoir passé la balle, tu coupes vers le panier pour demander la passe de retour et créer une possibilité de panier.
Au boulot, proposer une idée est le point de départ d’une action continue. L’important, c’est d’enchaîner et de rester en mouvement pour que l’idée se concrétise en interne.
Reste actif, pose des questions, propose des ajustements, crée des opportunités pour que ça avance et transforme l’idée en action !
« Temps mort !»
Je termine mon discours d’encouragement par cette phrase pleine de sagesse vers l’un des joueurs : « tiens ton duel, ne te laisse pas déborder en défense ».
Moi, fier de mes conseils, je me sens un peu comme Phil Jackson, coach légendaire des Chicago Bulls. Dans ma tête, je me vois parler à Michael Jordan… sauf que je demande à un débutant ce que je demanderais à un joueur NBA.
En entrant sur le terrain, pas vraiment en confiance, notre débutant transforme mon rêve en cauchemar.
Première action, pétrifié, il laisse littéralement passer son adversaire sans sourciller, et scorer facilement…échec monumental : le genre de situation où tu vois le ballon aller dans le panier en slow motion.
Je pensais vraiment bien faire, la réalité était totalement différente : mon joueur ne pouvait simplement pas appliquer mes consignes. Eh oui, c’est fou comme les détails peuvent échapper à un coach qui, par excès de confiance, se déconnecte de la réalité du terrain.
En entreprise, c’est la même chose. Un manager qui reste enfermé dans son bureau sans prêter attention à ce qui se passe réellement risque de créer un gouffre ses équipes et lui.
Tips « temps mort » à appliquer dans ta journée de manager : période courte pendant un match pour faire une pause, se ressaisir et éviter d’envoyer son équipe à la catastrophe. C’est aussi l’occasion de reconnecter ses équipes, ajuster ses consignes.
En match, reste concentré, même quand tu te fais contrer.
Ah, ce moment où tu penses avoir tout déchiré, le taff est fait, et bam !
Tu te fais contrer par l’adversaire comme un amateur par surprise… Pas de panique !
La vraie victoire, c’est de rester concentré, même quand les choses ne vont pas comme prévu. Si tu t’égares ou que tu perds tes nerfs, c’est là que tout s’aggrave.
Respire, et repars à l’offensive immédiatement.
Le basket, comme le business, c’est un marathon, pas un sprint. Les contre-attaques, c’est juste une autre occasion de briller.
- Truc & astuce de coach : dans un match, on se trompe tous, perte de balle, shoot manqué, oubli défensif ou mauvaise passe. Mais après un loupé, il faut revenir direct dans le game, tout va tellement vite que même ton moi idéal n’a pas le temps de te reprocher ta bourde. Oublie la culpabilité et reprends la balle.
Au boulot, face à une présentation ratée ou un mail carrément loupé, il y a deux options :
- Soit on rumine dans son coin, en mode Peaky Blinders prêt à exploser en plein open space.
- Soit on laisse les faux pas derrière nous, on se recentre, et on redémarre avec un nouveau plan pour avancer.
La clé ? Ne pas s’attarder sur les erreurs. L’essentiel, c’est d’en tirer une leçon et de passer à l’action.
Apprends à lire le jeu et reconnaitre les signaux de tes joueurs
Un coach qui ne lit pas le jeu, c’est un peu comme un GPS défectueux : il te perd, toi et ton équipe.
Apprends à lire les signes, à comprendre les attitudes : Un joueur qui commence à baisser les bras, une équipe qui commence à perdre son rythme, ces signes sont aussi importants que la balle qui roule sur le parquet.
Warning : Les signaux faibles regroupent des indices qui indiquent un épuisement physique ou psychologique chez le collaborateur, quand on sait que 32% de salariés s’estiment en mauvaise santé mentale pour des raisons professionnelles, il est urgent de déceler un coup de blues ou un réel mal être.
- Truc & astuce de coach : au basket, on parle de vision de jeu. Un bon meneur doit voir l’ensemble du terrain, ses coéquipiers et faire la passe au bon moment. C’est un peu les yeux du coach sur le terrain. Même en plein match, je communique avec lui : un simple regard ou l’annonce d’un prochain système à mettre en place. Il est mon relais et m’aide à capter des détails que je ne peux pas toujours voir depuis le banc.
Au boulot, garde un œil sur l’ensemble du projet et des équipes, et apprends à intervenir au bon moment. Comme avec un meneur de jeu, tu peux influencer le projet sans avoir à tout gérer seul.
Entoure-toi de « relais » capables de capter des changements subtils d’attitude ou des signaux faibles. Ces petites alertes peuvent faire la différence et te permettre de réagir avant qu’un problème ne prenne trop d’ampleur.
Après le match, célèbre la victoire… ou l’échec
« Coach, même si on perd ce match, on a progressé défensivement, non ? »
En entreprise, comme sur le terrain, ne pas atteindre un objectif n’est pas forcément une défaite cuisante.
C’est vrai, c’est souvent plus facile de se concentrer sur ce qui ne va pas. Mais attends…perdre de 40 points contre une équipe qui semble jouer avec des super-pouvoirs ne doit pas être une défaite totale, non ?
Dans mon monde de coach, il y a cette règle non écrite : quand on se fait écraser, on ne pleure pas -Non- On célèbre.
Et croyez-moi, après un match où nos joueurs se sont fait massacrer comme si on avait affronté une armée de robots ala Space Jam, j’ai décidé que le vestiaire serait tout sauf une zone de déprime.
Je me suis transformé en cheerleader au milieu du vestiaire… mais avec une dose de sérieux.
« OK les gars, c’était pas un match parfait, mais je suis fier de vous ! Vous avez gardé l’esprit d’équipe. »
En les félicitant, je voyais leurs visages reprendre vie. Ils commençaient à comprendre que les défaites font partie du jeu tout comme les progrès.
Dans le sport, quand le score dit « Game over », il faut savoir célébrer ce qui a été accompli.
En entreprise, on a tendance à oublier ça. Savoir reconnaître les efforts et les progrès, même quand le succès n’est pas là, c’est ce qui crée une équipe qui avance. Alors la prochaine fois qu’un projet prend l’eau, pense à cette défaite de 40 points et à cette petite victoire : les efforts ne sont jamais vains.
- Truc & astuce de coach : Quand les résultats ne sont pas au rendez-vous ou que l’équipe commence à baisser la tête en fin de trimestre, trouve un événement à fêter. Choisis un thème déconnecté du boulot pour détendre l’atmosphère et rappeler que ce qui compte vraiment, ce n’est pas uniquement le résultat, mais l’énergie et l’engagement pour y parvenir.
- Exemple : Fêter les 30 ans de boîte d’une collègue en mode surprise a complètement réactivé l’équipe. L’open space s’est transformé en dancefloor et chaque collaborateur a mis la main à la pâte pour organiser cette « boom party » improvisée. En deux heures, tout le monde a oublié les galères du job, tout en célébrant le véritable engagement d’une collègue. Moralité : parfois, un peu de fun est le secret pour redonner de l’énergie et relancer la machine.
Bilan du match : J+4
FACT : 42 % des salariés ne font pas confiance à leur manager direct et 72% admettent que leur productivité serait plus forte si leurs managers leur apportaient un feedback plus régulier, selon une étude de la Harvard Business Review.
Quatre jours après la défaite, c’est reparti pour l’entraînement !
Depuis quelques semaines, j’ai instauré un petit rituel : chaque joueur a droit à un feedback perso sur ses moves, ses actions et ses progrès.
L’échange est rapide, « pas plus de 5 minutes », histoire de ne pas virer en séance de psycho.
Le but ? Chacun repart avec une idée claire de ce que le coach pense (et parfois, c’est un peu surprenant). Et là, c’est magique : souvent, le joueur en veut plus, il veut comprendre, se perfectionner, bref, il devient une vraie éponge à conseils.
Petit à petit, on installe un climat de confiance. Parce qu’au-delà des matches galères et des niveaux parfois chaotiques, ils savent deux choses essentielles :
- Ce que j’attends d’eux
- Comment ils peuvent vraiment bosser sur leurs points faibles… et devenir des bêtes de compétition…