« Le commerce en ligne représente à présent près de 10 % du commerce de détail. Son dynamisme, et sa mutation avec l’arrivée d’acteurs étrangers offensifs, mettent en avant la responsabilité de maitriser et d’anticiper les impacts environnementaux liés à son développement. Sans cet engagement, l’empreinte carbone du numérique aura triplé en 2050 d’après l’Ademe et l’Arcep », avance Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Économie sociale et solidaire.
Lundi 3 mars, plusieurs acteurs du e-commerce ont été reçus au ministère de la Transition écologique, à l’Hôtel de Roquelaure dans le 7e arrondissement de la capitale. Objectif : officialiser la mise en place de cette deuxième version de la charte d’engagement pour la réduction de l’impact environnemental de ce secteur.
Des indicateurs pour mesurer ces engagements
Concrètement, la charte ne change pas radicalement de celle initialement diffusée en juillet 2021. La grande amélioration réside dans les indicateurs assortis aux engagements cités. Tout en sachant que pour la plupart des initiatives mentionnées, les e-commerçants œuvrent déjà de pied ferme sur ces sujets sans avoir attendu ce document… Parmi les signataires, à noter l’arrivée deux nouveaux acteurs supplémentaires : le leader du secteur, Amazon, et le mastodonte européen de la mode en ligne Zalando.
Ils s’ajoutent à la trentaine d’acteurs de la première heure que sont par exemple Carrefour, Tikamoon, Cdiscount, Blancheporte, Ebay, Fnac Darty, E.Leclerc, La Redoute, Boulanger, Leroy Merlin Maisons du Monde et Veepee… Au total, ils représentent d’après la ministre du Commerce 30 % du chiffre d’affaires de l’e-commerce tricolore.
« Donner de l’information et donc de la liberté aux consommateurs »
C’est par ces mots que la ministre de la Transition Ecologique Agnès Pannier-Runacher a insisté sur le premier volet de cette charte, qui vise à renforcer et rendre plus lisible l’information à destination des consommateurs. Cela se matérialise par la valorisation sur le site de produits made in France, labellisés ou d’occasion, en précisant le pourcentage de l’assortiment sur le site, les modalités à mettre en place pour comparer entre eux des produits d’une même catégorie et la diffusion les campagnes de communication pour ces références plus vertueuses. Idem pour les modalités de livraison, qui doivent pouvoir être visibles tout au long du parcours d’achat pour expliquer à l’internaute l’impact de chaque schéma logistique pour le livrer.
Réduire et sensibiliser sur les retours produits
Sur les retours produits aussi, les e-commerçants sont loin d’avoir attendus la charte pour essayer de contenir cette pratique qui plombe leurs marges. « Nous parvenons à zéro déchet bois car sur nos 18 000 retours en 2024, on a réintégré en stock 40 % des produits, on en a retravaillé 40 % avec des menuisiers. Les 20 % restants ont été donné à Emmaüs Défi ou à des entreprises d’insertion pour la formation des ébénistes », explique par exemple Arnaud Vanpoperinghe, CEO du site de meubles Tikamoon, invité à témoigner lors de cette signature officielle.
Globalement, est proposée une série de mesures pour sensibiliser les consommateurs dans le but d’éviter au maximum ces retours non neutres pour l’environnement. De plus, chacun des signataires s’engage à mesurer le taux de retour moyen et à en livrer les chiffres à la Fevad, la fédération de l’e-commerce.
Favoriser la réduction, le réemploi et le recyclage des emballages
Là encore, le sujet est loin d’être nouveau pour le secteur. En témoigne Thomas Métivier, patron de Cdiscount, venu témoigner lors de cette signature. « Nous donnons depuis longtemps nos invendus à des structures de l’Economie sociale et solidaire. Depuis 2016, nous avons pris à bras le corps le sujet du vide dans les colis, ce qui nous a permis de réduire de 30 % nos emballages en moyenne. Et nous essayons au maximum de charger les camions en vrac, ce qui permet de charger 30 % de plus de marchandises par camion », égrène-t-il.
La charte entérine tout un tas de mesures sur ce chapitre des emballages. Elle incite par exemple à ne garder au maximum que les emballages primaires pour les envois aux clients, et ambitionne de passer à 40 % de vide en moyenne dans les colis afin de réduire la quantité d’emballage mais aussi les émissions carbone liées au transport. Enfin, elle insiste sur les actions à mener auprès des consommateurs pour qu’ils trient et réutilisent au maximum ces cartons et plastiques.
Vers une logistique plus verte
Le document rédigé propose à ses signataires de s’assurer que les activités d’entreposage sont réalisées dans des bâtiments, dont la performance environnementale est attestée par une certification (type HQE®, BREEAM ou LEED ou équivalent). Autre point, elle incite à regrouper les commandes d’un même consommateur dans un seul et même envoi. Enfin, elle recommande là encore de communiquer et de valoriser les modes de livraison les plus respectueux de l’environnement et de la stipuler clairement sur son site Internet.
Un effort que fournit déjà Amazon, d’après Frédéric Duval, directeur général d’Amazon France, également présent hier : « En France, nous nous appuyons sur des partenaires de livraison qui utilisent plusieurs milliers de véhicules électriques, de vélos cargo à assistance électrique, et de solutions de livraison à pied. Actuellement, une vingtaine de villes françaises bénéficient déjà de ces services de livraison en mobilité douce pour le dernier kilomètre ; deux tiers de nos livraisons à Paris sont entièrement décarbonées. Ce qui a permis à Amazon de livrer plus de 35 millions de colis en France en 2024 grâce à ces modes de transport bas carbone. »
Tous les ans, chaque acteur signataire de ce charte devra rendre compte aux services de l’État compétents, des moyens mis en œuvre et des résultats obtenus au regard de chacun des engagements, et contribuer à leur valorisation. L’État s’engage quant à lui à la publication de ces résultats de manière agrégée et anonymisée.