« Plus fort que la magie, c’est la rigueur qui impressionne chez ces nouveaux modèles », pourrait-on dire après avoir exploré la dernière évolution d’OpenAI.
Si, comme moi, vous avez vécu l’accélération fulgurante du digital ces 20 dernières années, la progression de l’intelligence artificielle générative laisse un goût particulier : ce n’est plus une simple “boîte à texte”, mais un système outillé, qui réfléchit, itère, manipule et apprend.
GPT-o4 et o3, la série o, la nouvelle Codex CLI … Ces nouveautés, ce sont moins des mises à jour que des bonds qualitatifs. À quoi servent-elles concrètement, comment transforment-elles notre quotidien de manager, de développeur, de marketeur ?
Pourquoi GPT-o4 et GPT-o3 ouvrent une nouvelle ère : de la génération à la résolution outillée
Quand OpenAI annonce GPT-o4 (« o » pour optimized, oriented, outillé… ?), ce n’est pas qu’un effet marketing. La donne change : on ne parle plus de simples modèles linguistiques, mais de véritables systèmes d’IA capables d’utiliser des outils en autonomie dans leur raisonnement. Pour comprendre le saut accompli, remontons à la genèse de ces innovations.
Étymologie rapide, presque rituelle chez moi : “outil”, du latin “utilis”. Un instrument qui prolonge la main, amplifie l’action. Voilà exactement ce que fait la nouvelle génération de modèles : elle intègre la capacité à mobiliser des outils numériques (Python, éditeurs d’images, navigateurs) au cœur de sa logique de résolution.
Le parallèle avec nos propres usages est frappant : face à un problème complexe, je sors souvent la calculatrice ou j’ouvre un schéma pour m’y retrouver. GPT-o4 et o3 font pareil, mais à la vitesse de la lumière : jusqu’à 600 appels d’outils en chaîne pour une même tâche. Besoin d’analyser une image floue, de naviguer dans une base de code tentaculaire, de synthétiser 10 papiers scientifiques dans la foulée ? L’IA le fait, et mieux encore, elle justifie et trace chacune de ses actions.
Quelle conséquence pour le quotidien professionnel ?
- Les réponses ne sont plus limitées au texte, mais s’enrichissent d’analyses visuelles, de schémas produits à la volée, de vérifications web automatisées.
- Productivité décuplée : l’IA devient à la fois exécutant et assistant stratégique, capable de s’adapter à votre workflow, quelle que soit la complexité.
- Montée en confiance : chaque étape étant documentée, vous gardez le contrôle sur le process (et la possibilité de répliquer ou d’auditer).
Révolution scientifique et ingénierie logicielle : l’IA agentive à l’œuvre
Passons de la promesse à la pratique. L’impact de ces modèles s’est tout de suite manifesté dans la recherche scientifique et le développement logiciel.
Pour la recherche : de l’assistant à l’acteur de la découverte
L’exemple le plus marquant ? GPT-o3, sollicité pour résoudre – ou du moins accélérer la compréhension – d’un problème de physique des particules : l’estimation de la “proton is vector scalar charge”. Là où un chercheur mettrait des jours à retrouver le fil de son propre travail, fouiller dans 10 papiers récents et calculer une normalisation, l’IA :
- Analyse le document source (poster, schéma…) en autonomie
- Identifie ce qui manque dans l’argumentaire
- Cherche les dernières publications
- Synthétise et compare les différents résultats, tout en expliquant la logique
- Propose une estimation, discute l’incertitude, et va jusqu’à proposer des axes d’amélioration
Gains mesurables :
- Plusieurs jours économisés sur la revue de littérature
- Réduction du biais d’oubli ou d’erreur humaine
- Accélération des cycles de validation scientifique
Quand on sait que GPT-o3 a même permis d’assister à la démonstration de nouveaux théorèmes en physique récente, on comprend que la frontière entre outil et co-auteur s’efface.
Pour le code : navigation intelligente et correction automatisée
Mon terrain de jeu favori : le développement. Ici, le nouvel écosystème OpenAI brille particulièrement. GPT-o4 outrepasse la simple génération de snippet : il navigue dans de vraies bases de code (pas juste un fichier), identifie où se nichent les problèmes, propose et teste des patchs, exécute des tests unitaires.
Scénario concret : correction d’un bug complexe dans la librairie Python Senpai
- L’IA commence par vérifier la validité du bug signalé (comme un bon dev)
- Parcourt la structure du projet, consulte les “inheritance trees” (MRO)
- Identifie l’anomalie d’héritage (Application au lieu de Function)
- Applique la correction dans le code source, commit, puis lance des tests pour valider que le correctif fonctionne
Statistiques :
- Jusqu’à 100 interactions outillées pour une seule session de troubleshooting
- Navigation fluide dans plusieurs fichiers, gestion de dépendances, documentation générée à la demande
- Résultat : un dev ou un lead gagne des heures sur la prise en main et la maintenance.
Conseil d’expert : Commencez dès aujourd’hui à tester vos propres workflows métiers ou IT en connectant GPT-o4 à vos outils clés (IDE, sheets, navigateur). Vous serez bluffé par la capacité de l’IA à comprendre vos process et à les optimiser à la volée.

Multimodalité déployée : le texte, l’image… et la logique combinatoire
Ce qui a vraiment déclenché l’effet “waouh” lors de la démo, c’est la véritable multimodalité. L’IA n’est plus cantonnée au texte, elle raisonne sur des images : qu’il s’agisse de posters scientifiques, de schémas complexes ou d’images dégradées (floues, penchées).
En pratique : l’intelligence outillée multimodale
Imaginons : vous uploadez un visuel compliqué, demandant à l’IA de trouver une valeur cachée, de l’extrapoler, de comparer à la littérature. Là où beaucoup d’agents peinent, GPT-o4 :
- Utilise Python pour manipuler directement l’image, recadrer, zoomer, analyser en mode logique de “chaîne de pensée”
- Fait appel à la navigation web intégrée, pour aller chercher en temps réel les publications associées
- Synthétise une réponse “par étapes”, chaque justification restant accessible (pratique pour l’audit ou la formation)
Implications business :
- Amélioration des process d’analyse de documents techniques (audit, contrôle qualité, veille concurrentielle)
- Accélération de la veille image (marques, publicité, design produit)
- Nouveaux usages en synthèse Visio-texte, accessible à tous les collaborateurs
Benchmarks, tests et performances : un saut de fiabilité
La surenchère autour des scores de benchmark est parfois lassante. Mais ici, difficile d’ignorer la réalité : ces nouveaux modèles pulvérisent les standards sur des tests réputés « hardcore » (AM, GPQA, Codeforces, SweetBench, MMU…). Quelques chiffres pour prendre la mesure :
Sur les tests mathématiques et scientifiques :
- AM : o4 mini atteint 99 % de réussite (avec utilisation des outils), saturant presque l’épreuve.
- GPQA : o3 mini dépasse 83 % sur des questions niveau PhD, véritable prouesse.
Sur le code :
- Codeforces : la série “o” place l’IA dans le TOP 200 mondial, rivalisant avec des développeurs d’élite.
- Sweetbench et Polydot : meilleurs scores jamais atteints sans “hard coding” du benchmark.
Ce n’est pas que la réponse est juste : l’IA, cette fois, explique, simplifie, vérifie et reformulespontanément, comme un collègue sénior. Et ce réflexe – apprendre, simplifier, double-checker – n’est pas “codé en dur” mais émerge du modèle lui-même.

Codex CLI : l’agent autonome qui outille le développeur (et bientôt, tout le monde ?)
La fusion entre IA, outils et productivité culmine aujourd’hui dans une innovation remarquable : Codex CLI. J’avais (comme beaucoup) trépigné devant les premiers “code agents”, mais la maturité apportée ici change la donne.
Qu’est-ce que Codex CLI ?
Pensez à une interface légère, connectant l’ensemble des modèles O (o3, o4 mini) à votre machine en toute sécurité. À partir d’un simple screenshot ou de n’importe quel fichier, Codex CLI va :
- Reconnaître automatiquement les tâches à réaliser (ex : transformer une image en code, analyser une base, générer de la documentation…)
- Suggérer ou exécuter en mode “suggest” (vous validez chaque action) ou “full auto” (l’agent agit semi-autonomement, dans un cadre sécurisé : pas de réseau, périmètre de fichiers limité)
- Tracer toute la chaîne d’action (pour revue/audit ultérieur)
Démonstration live :
- Utilisation d’une image produite par un utilisateur, traitement par Codex CLI : extraction, transformation, génération automatique du code HTML associé, intégration de la webcam…
- Le tout visualisé à la volée, avec la possibilité d’affiner, de faire du refactoring, le tout en confiance.
Astuces d’adoption :
- Testez la CLI sur un projet latéral, ou mieux encore, intégrez-la dans votre process de refactoring ou de generation de rapports automatisés.
- Osez le mode full auto sur des micro-tâches, puis élargissez progressivement la confiance.
Sécurité et ouverture : l’open source au service de l’écosystème
Toutes les sources sont disponibles sur GitHub, prêtes à être décortiquées (ou expliquées par l’IA elle-même). OpenAI double la mise avec une initiative d’open source créditée à hauteur d’un million de dollars d’API credits : une démarche structurante qui ouvre la voie à de nouveaux usages métiers.
La démocratisation de l’intelligence outillée : usages pour le marketing, le management, la pédagogie
Si vous pensez que tout cela ne concerne que les chercheurs ou les devs, détrompez-vous. Le vrai pouvoir de ces modèles, c’est qu’ils rendent le raisonnement assisté accessible à tous.
Exemples d’utilisation immédiate pour les experts métier
1) Marketing / Content :
- Synthèse automatisée de tendances web ou d’études (veille concurrentielle, benchmark, analyse d’attitudes de consommation, résumés commentés et graphiques à la clé)
- Analyse d’images de marque (logo, chartes…) et vérification par rapport aux guidelines graphiques de l’entreprise
2) Management / Organisation :
- Audit documentaire automatisé (lecture, synthèse, détection d’anomalies dans les process internes)
- Génération de supports pédagogiques sur mesure (schémas, QCM, guides pas à pas), adaptés à chaque profil
3) Support technique :
- Troubleshooting intelligent : assistance, diagnostic, correction outillée sur des outils internes ou tiers sans solliciter à chaque fois les experts
- Génération de documentation interactive, scénarisation de FAQ ou guides utilisateurs enrichis d’éléments multimodaux.
Construire l’avenir : l’IA comme co-équipier, pas comme substitut
Ce que ces innovations rendent possible, c’est moins le remplacement de l’humain que sa démultiplication. Plus qu’une boîte à outils, GPT-o4 ou Codex CLI deviennent le compagnon de résolution, qui :
- Réalise, vérifie, explique. Mais surtout : apprend à apprendre.
- S’adapte à chaque profil métier (scientifique, manager, marketeur…), tire profit de vos préférences, complète vos faiblesses.
Et cela, toujours dans le respect d’une logique de contrôle, de transparence et d’amélioration continue.
Conseils pour intégrer l’IA agentive dans son quotidien pro
- Commencez par repérer les tâches à haute valeur ajoutée et répétitives (veille, reporting avancé, analyse de code). Ce sont elles qui bénéficient le plus de l’IA agentive.
- Connectez l’IA à vos environnements (outils internes, bases de code, extraits d’images, documents métiers). La compatibilité multimodale sera un effet de levier immense pour l’acculturation des équipes.
- Formez-vous et formez vos équipes à interagir avec ces systèmes en mode “dialogue outillé” : ne limitez pas l’IA à des prompts, mais encouragez l’aller-retour, la vérification, l’itération.
- Expérimentez, partagez, scalez ! OpenAI et la communauté offrent un cadre open source propice à la mutualisation des REX (retours d’expérience). Profitez-en pour documenter vos cas d’usage et les faire évoluer.
Pour aller plus loin : AGI, coût, rapidité et ouverture
Un aspect souvent sous-estimé du benchmark : le coût et la vitesse d’inférence. GPT-o4 mini, par exemple, délivre des performances égales ou meilleures que GPT-o3 pour un coût d’utilisation bien moindre, et ce sur des tâches exigeantes (multimodalité, benchmark agentique…). Si votre stratégie de digitalisation passe par l’automatisation intelligente, vérifiez donc :
- Le ratio performance / coût / vitesse pour vos workloads types
- La facilité d’intégration dans vos APIs ou workflows d’agents
- Le potentiel d’hybridation avec vos outils existants
Bonnes nouvelles :
- L’accès via ChatGPT (Pro, Plus, Team) est en cours de généralisation, sans surcoût notoire
- L’API sera prochainement ouverte pour la gestion avancée des outils (pilotage à distance, usage en entreprise, etc.)
Ces améliorations ne sont pas de simples “patches” : elles visent clairement à démocratiser l’accès à la “raison outillée”, et à ouvrir la voie vers une AGI opérationnelle, collaborative, centrée sur l’humain.
Un saut générationnel, mais un nouveau terrain de jeu pour l’intelligence collective
Le vrai enjeu, ce n’est pas la toute-puissance d’un modèle, mais sa capacité à équiper chacun d’un “second cerveau” agentif et fiable : celui qui vous aide à décrypter, vérifier, synthétiser et automatiser tous les maillons de votre chaîne de valeur. Qu’il s’agisse d’inventer le futur du code, d’accélérer la recherche scientifique ou de faciliter la vie quotidienne des experts, GPT-o4 et l’écosystème Codex CLI installent un nouveau standard : celui de l’intelligence raisonnée outillée.
J’y vois, pour ma part, une formidable opportunité de repenser nos organisations, nos méthodes d’apprentissage et notre impact collectif. En acceptant d’expérimenter, de combiner nos expertises humaines et les nouveaux agents intelligents, nous construisons des environnements plus agiles, créatifs, et efficaces.
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