une réussite en kit à vendre au suivant


Depuis l’automne 2024, de nombreuses vidéos postées sur TikTok et Instagram incitent les femmes à se lancer dans le marketing digital. Derrière la promesse de revenus importants, rapides et sans effort, se cache, vous l’avez deviné, un nouveau système pyramidal.

Oubliez les formations bidon qui tentent de voler l’argent du compte professionnel de formation (CPF), place à une nouvelle tendance : le « marketing digital ». Ce terme fourre-tout que l’on retrouve de plus en plus dans la bouche d’une pléthore de tiktokeuses est en passe de devenir le pendant féminin des sempiternelles propositions de formations au mindset entrepreneurial ou à la crypto.

@marilynmydigital

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♬ son original – MarilynMyDigital

Avec des accroches attrape clics telles que « POV : t’as décidé de créer ces fameux produits digitaux avec Canva, et en deux jours t’as fait 200 balles », ces vidéos explosent depuis l’automne 2024, principalement sur TikTok, mais aussi sur Instagram. On trouve toujours la même promesse : celle d’apprendre à créer des services et des produits digitaux comme des e-books, des visuels Canva ou encore des packs d’images et de vidéos libres de droit afin de produire du contenu marketing sur les réseaux.

Vendre une formation à la chaîne et faire son beurre

Intitulées DFA (Digital Freedom Academy), DSA (Digital Success Academy) ou bien encore Lisaky Digital, ces formations proposées par ces influenceuses sont pourtant très floues sur le contenu ou leurs objectifs d’apprentissage. Quand on creuse un peu, on se rend compte que la plupart proposent exactement la même chose. Il ne s’agit pas de vendre des services ou des produits « digitaux », mais bien de vendre la formation que ces créatrices ont elles-mêmes achetée et suivie.

Derrière ce business qui tourne en rond, on retrouve une seule et même personne. Il s’agit de Rachell Jova, une Britannique de 28 ans qui se définit comme « entrepreneure, épouse et mère de famille ». Cette dernière a fondé la Digital Wealth Academy, plus connue sous son acronyme, DWA, qui est à l’origine de toutes les autres formations dérivées. Disponible en six langues – anglais, français, espagnol, italien, portugais et allemand –, son programme coûte 597 dollars. Pour le vendre, Rachell Jova fait une promesse : « créez votre entreprise digitale rentable depuis chez vous, sans expérience, où vous recevrez 100 % des gains sans avoir besoin de produits créés ». Sur son compte Instagram, elle s’affiche avec voitures et sacs de luxe, voyages paradisiaques ou encore corporate outfits. De quoi composer la parfaite aesthetic de la girl boss accomplie. Ses adeptes savent parfaitement comment relayer son message, en reprenant à leur compte cet imaginaire et en publiant des TikTok montrant des chiffres d’affaires avantageux.

C’est à cette promesse qu’a adhéré Lauren, 22 ans. Community manager freelance, elle s’est lancée en janvier 2025 dans le marketing digital. Après avoir suivi la DWA et la DSA, la vingtenaire explique y avoir appris plusieurs stratégies, dont l’identification d’un public-cible, la récupération des adresses mails grâce à un produit gratuit – un ebook vantant les mérites de ladite formation – puis la mise en place d’un système de mails automatiques. En d’autres termes, elle a créé son tunnel de ventes, autrement appelé « entonnoir » ou funnel, dans lequel l’achat d’un produit appellerait l’achat d’un autre auprès du même vendeur. Cette méthode basique n’a d’ailleurs rien d’un secret et est généralement enseignée très tôt dans n’importe quel bac professionnel orienté vers le marketing et la vente. C’est justement pour cacher le niveau assez bas de ces formations que ces vidéos restent floues sur leur contenu exact. Les revendeuses invitent leurs abonnés à les contacter en DM pour obtenir plus de renseignements, laissant dans l’interrogation les autres utilisateurs.

Arnaque de masse et désillusions

Face à la multiplication des formations, et dans le même temps, des revendeuses, le marché devient de plus en plus saturé. David, un internaute qui souhaite rester anonyme, estime s’être fait avoir. « Malheureusement, j’ai acheté la DSA mais je n’y arrive pas », confie-t-il. Même constat du côté de Marine* qui estime que « la DFA est devenue une formation morte… C’est-à-dire qu’il n’y a pas de nouveauté, pas de module supplémentaire ».

Moins catégorique, Lauren avance avoir vendu la formation DWA à une dizaine de clients le premier mois de son activité – dégageant un chiffre d’affaires de 4 000 euros. Mais, le second mois, la réalité à laquelle elle se heurte est toute autre : son chiffre d’affaires atteint à peine 2 000 euros. « En février, je m’attendais à faire le double de janvier. Peut-être que c’est moi qui n’ai pas bien fait les choses, ou que ce n’est pas le bon moment pour les gens », relativise-t-elle.

Heureusement, de plus en plus de voix s’élèvent, dans des vidéos mentionnant le hashtag #marketingdigital, et dénoncent ces abus de langage. « Mais qui va vous acheter un ebook créé par Chat GPT ? Qui sont vos clients ? Sans parler de l’éthique… » s’interroge Gamze Karacaoglan alias @TataGamze sur TikTok.

Même son de cloche dans la section commentaires des vidéos mentionnant le hashtag #marketingdigital. Certains internautes s’interrogent sur le bien-fondé de ces formations, allant jusqu’à craindre une « arnaque ». Les revendeuses tentent de leur côté de rassurer ce qui pourrait s’avérer être de potentiels clients, et ne manquent pas une occasion de les inviter à les contacter, dans le but de vendre cette même formation…

*Le prénom a été modifié



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