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L’IA et son usage en photographie font penser aux frères ennemis. Les usagers semblent bien contents d’y recourir, mais en même temps, ils considèrent ces innovations technologiques comme une menace. Tous les ans, lors du salon de la photo, une étude est réalisée par l’AFNUM (l’Alliance française des industries du numériqueDéfinition marketing digital, un terme utilisé en permanence et pourtant bien mal compris car mal défini). Celle-ci permet de voir où en sont les usages de la photographie… et des innovations technologiques en ce domaine. Cette étude, dans sa version 2024, démontre des paradoxes intéressants dans les usages des interviewés. Résumé de nos impressions dans cette brève.
IA et photographie : menace et remède à la fois

Une passion pour la photographie, largement partagée
Les lecteurs de Visionary Marketing et de notre newsletter connaissent notre passion pour la photographie, qui est aussi notre métier. Je me suis penché sur cette étude et, pour la résumer (après l’avoir lue, bien entendu), je me suis servi du GPT de veille créé par Maria Mercanti Guérin afin d’analyser des documents et de les résumer. Cela m’a bien aidé dans la préparation de mes commentaires, mais je n’ai quasiment rien gardé des résultats de recherche (j’avoue cependant humblement ne pas avoir passé trop de temps à peaufiner ma requête).
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En matière d’usages de la photographie et de l’IA, les Français semblent en majorité inquiets de l’impact de l’intelligence artificielle sur la pratique photographique. Mais ce chiffre est à nuancer au vu de certaines contradictions intéressantes.
Voici donc quelques enseignements tirés de ce baromètre photo 2024 (vague 9), réalisé par Sociovision (groupe IFOP) pour le Salon de la Photo et l’AFNUM. L’étude complète est téléchargeable sur le site de l’alliance et elle est aussi disponible en fin d’article.

Objectif et méthodologie de l’étude
Cette étude de l’AFNUM réalisée lors du salon de la photographie vise à comprendre les pratiques photographiques et vidéographiques des Français à l’ère des innovations technologiques (IA, vidéo, équipements). Elle a été réalisée auprès d’un panel de 1 000 pratiquants de photo âgés de 15 à 65 ans, interrogés en ligne entre juin et juillet 2024.
Principaux enseignements
Une passion toujours vivace
61 % des interviewés considèrent la photo comme une passion (+3 pts vs 2023). Ici, on parle d’une activité qui s’insère dans tous les instants de la vie des interviewés (69 %). Les pratiques sont extrêmement diverses et vont de la photo émotion à la photo souvenir.
Il est incroyable, mais pas étonnant, de constater l’énorme variété d’usages de ce passe-temps. Comme on le verra par la suite, le smartphone joue ici un rôle fondamentalLe marketing fondamental est le chemin principal qui mène à la connaissance théorique du marketing. Mais que tirer de ses enseignements pour le B2B ? Lire la suite sur la page du glossaire dédiée au marketing fondamental (lettre “M”) dans cette permanence des usages.
Il est vrai que la qualité des appareils photo sur mobiles s’est nettement améliorée. À tel point que la comparaison, dans certaines conditions, entre photo professionnelle et amateur ne mène plus à une domination sans partage des appareils de très haute qualité. La preuve en photo.


Ci-dessus : 2 photos prises au même endroit dans les mêmes conditions. La différence entre photo numérique pro et numérique mobile est de plus en plus ténue. Je continue de préférer mes appareils professionnels. Mais c’est surtout pour leurs qualités pratiques, de prise de vue et les innombrables réglages très fins. Et bien entendu pour les cas où les conditions sont particulières. Les deux photos ont été prises en format RAW et traitées de manière quasi identique dans Adobe Lightroom. À noter quelques légères différences de colorimétrie non corrigées. La seule variation notable reste la qualité du bokeh.
L’essor irrésistible de la vidéo
Parmi les insights intéressants pour les marketeurs, il faut noter que 30 % des répondants pratiquent la vidéo quotidiennement. Cela correspond à une augmentation de 15 points par rapport à 2018. Un chiffre à comparer aux 55% de la photo sur le même échantillon).
Comme le font remarquer les commanditaires de l’étude, les usages se rapprochent de la culture « vlogueur« . Cette pratique est incroyablement plus avancée qu’il y a 12 ans. A l’époque, mener une opération de marketing UGC sur la vidéo était mission impossible.
Alors directeur digital chez un grand opérateur j’avais lancé une telle opé en espérant récolter un grand nombre de vidéos. Je m’étais vite aperçu que l’usage de cette technologie restait cantonné à quelques vidéastes très avancés. Ce n’est désormais plus le cas, et l’UGC vidéo peut à mon avis être considéré avec intérêt par les marques, au-delà des simples vidéos d’influenceurs.

Encore plus étonnant : 54 % pratiquent le montage vidéo, souvent sur mobile, une activité qui pourtant reste assez technique et ardue. Bref, je n’en ai pas cru mes yeux en découvrant les stats de la vidéo sur ce panel grand public.
IA et photographie : l’arme à double tranchant
Point suivant sur lequel nous allons nous arrêter dans cette brève, l’intelligence artificielle.
Si une majorité d’utilisateurs (55%) accueille favorablement l’IA comme aide pour la prise de vue, le tri ou la retouche), ils sont presque aussi nombreux (49 %) à percevoir la création d’images par IA comme une menace. Paradoxalement, les 30-34 ans (70%) et les hommes (60%) sont encore plus hostiles à la génération d’images par IA.
On sent pointer la lassitude pointer vis-à-vi de ces images générées par l’IA. Comme je l’avais fait remarquer il y a quelque temps.
Bidouiller avec l’IA c’est bien, fabriquer de la photographie c’est mal ?!
En d’autres termes, bidouiller ses images avec l’IA pour enlever des éléments indésirables est acceptable, mais pas produire des images à partir de zéro. Pourtant, en regardant celles qui ornent la présentation de l’AFNUM, il semblerait que l’IA s’y soit bien immiscée. D’ici à en déduire que cette pratique est largement répandue, mais qu’elle est peu avouable, il n’y a qu’un pas.
Un tiers des pratiquants se disent également intéressés par la photo prise par lunettes connectées.
En plus des usages très variés de la photographie, il est à noter l’incroyable variété des équipements des utilisateurs. Même si le mobile semble remporter largement la mise.

On notera aussi que les équipements en mobiles sont largement en tête des réponses. Toutefois, les appareils numériques, dans leur diversité, continuent d’attirer les amateurs de photo. Pour cela, les utilisateurs n’hésitent plus à recourir massivement à l’occasion et au reconditionné :
- 36 % ont déjà acheté du matériel d’occasion (+14 pts vs. 2017).
- 38 % ont acheté du matériel reconditionné (+2 pts vs. 2022).
- Envie croissante de revendre son matériel (36 %).
Dans ce paysage largement dominé par le numérique, la nostalgie va cependant bon train, avec un nombre important de répondants qui semblent regretter la photographie argentique, pourtant bien polluante et aux multiples inconvénients. Le passé en résumé n’a jamais eu autant d’avenir. À noter également que l’impression photo est prisée par une écrasante majorité des répondants (89%).
Il est vrai qu’il n’y a pas de plaisir plus grand pour un photographe que de contempler son travail sur papier, dont le rendu est souvent le juge de paix de la qualité de travail.
La nostalgie de l’argentique … dans le cloud
Dernier paradoxe et non des moindres, pour des nostalgiques de l’argentique (56% des répondants), le cloud gagne en confiance (78% des répondants stockent leurs photos sur le cloud) et s’impose pour l’archivage des données photographiques. Ce qui est logique tant il est délicat de conserver ses images de manière sûre sur un disque sans risquer de tout perdre.
Cela peut sans doute s’expliquer par les nouvelles pratiques en vogue dans l’argentique, avec ces utilisateurs qui numérisent leurs négatifs. Je suppose que le photographe qui s’adonne à ce nouveau sport apprécie la rigidité de l’argentique; mais pas au point de subir ses inconvénients, notamment en postproduction.
Je vous laisse découvrir ici l’intégralité de ce baromètre dont nous attendons avec impatience la version de cette année 2025.