L’avenir numériqueDéfinition marketing digital, un terme utilisé en permanence et pourtant bien mal compris car mal défini de la France, alors que Choose France 2025 vient de se terminer et que les défis technologiques s’accumulent, s’annonce-t-il radieux et en particulier pour les ETI. Lors de son discours d’ouverture au Ready for IT 2025, Gilles Babinet a présenté une analyse approfondie de la situation technologique française, mettant en lumière plusieurs points cruciaux pour l’avenir numérique du pays dans ce que les organisateurs ont appelé « le grand saut » à l’ère de l’IA.
Avenir numérique : des atouts et des faiblesses à surmonter pour la France

Les ETI de France au cœur de l’avenir numérique
Le sujet de cette année au Ready for IT, était le « grand saut ». Ce choix s’explique par la nécessité, pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI), d’opérer une transformation numérique profonde et rapide face à un contexte technologique, réglementaire et économique en pleine mutation. Il est vrai que depuis le temps que nous écrivons sur ce sujet chez Visionary Marketing, le temps presse.
Mais Gilles Babinet nous a mis en garde : rien ne sert de copier « comme Qwant qui a essayé sans succès de copier Google », il vaut mieux contourner le problème et passer directement à la rupture technologique suivante. Et pour le coup, les ETI ont le choix.
Un retard technologique
Babinet a d’emblée souligné que le retard technologique de la France se situe principalement au niveau des PME et des ETI et non des grandes entreprises (encore et toujours, avons-nous envie de rajouter). Le CAC40 a, selon lui, généralement réussi sa transformation numérique et se situe même plutôt en tête de la course.
En matière de compétences, le champion du numérique national a relevé un paradoxe français :
Malgré un système de formation réputé et performant dans le domaine technologique, les entreprises font face à des difficultés persistantes pour accéder aux talents nécessaires. Ce décalage entre formation et accès aux compétences constitue un frein majeur au développement technologique des organisations.
La bureaucratie excessive a également été identifiée comme un obstacle considérable à l’innovationL’innovation va de la compréhension (intuitive ou non) du comportement de l’acheteur à la capacité d’adaptation à l’environnement. Babinet a notamment pointé du doigt l’attitude frileuse de nombreuses petites entreprises et ETI vis-à-vis de la gestion des données, celles-ci se mettant elles-mêmes des limites excessives par crainte de contrevenir au RGPD, au-delà même des exigences réelles de la réglementation.
L’intelligence artificielle et ses 3 niveaux de transformation
Concernant l’intelligence artificielle, Gilles Babinet a exposé sa vision des « trois niveaux de transformation » que cette technologie implique pour les organisations.

Sa recommandation principale porte sur la nécessité d’une réflexion approfondie sur ces trois paliers, mettant en garde contre l’approche superficielle qui consisterait simplement à « mettre une croix dans la case » sans véritable stratégie d’intégration.
Selon Gilles Babinet, la transformation par l’IA s’articule autour de trois niveaux :
- L’incrémental, qui vise à améliorer l’existant pour gagner en efficacité à court terme ;
- Le « rupturiste », qui cherche à repenser les offres ou les modèles en « repositionnant » l’entreprise à moyen terme ;
- Et enfin le stratégique, qui engage une refonte profonde du business pour bâtir une résilience à long terme face aux défis de l’intelligence artificielle.
L’un des constats les plus marquants de son intervention concerne l’homogénéité exceptionnelle du système français, quelques jours après la réunion Choose France 2025. Selon Gilles Babinet, aucun autre pays ne dispose d’un écosystème aussi cohérent, ce qui représente un atout considérable souvent sous-estimé par les Français eux-mêmes.
Il a appelé à dépasser la tendance française à l’autocritique, estimant que l’action collective pourrait permettre à la France de réaliser « un grand saut » technologique malgré le manque de capitaux et certaines défaillances structurelles.
Babinet a mis en avant la dualité de l’esprit cartésien français : d’un côté, il produit des mathématiciens d’exception et favorise un esprit critique précieux pour franchir de nouvelles étapes technologiques; de l’autre, il peut engendrer une forme d’autocensure qui limite l’audace et l’innovation.
Une politisation croissante de la Tech
Il a également alerté sur la politisation croissante des technologies de l’information, évoquant le cas de la CPI dont le procureur en chef Karim Khan a vu ses emails bloqués par Microsoft en lien avec les poursuites contre Benjamin Nétanyahou.
Face à ces risques, il recommande aux entreprises de reprendre la maîtrise de leur MOA (maîtrise d’ouvrage), d’éviter les solutions « boîte noire » achetées sur étagère, et de s’orienter davantage vers l’open source. Le risque financier de l’inaction est, selon lui substantiel, avec potentiellement 4 à 5 % de l’EBITDA des entreprises françaises qui pourraient ainsi partir vers les États-Unis.
Le paradoxe l’IA : l’absence de régulation freine son développement
Sur la question de l’IA, Gilles Babinet a identifié un paradoxe. Selon lui, l’absence de régulation claire est l’un des principaux défis susceptibles de ralentir son déploiement. À l’image des difficultés rencontrées par Cruise, ex-concurrent de Waymo dans le domaine des véhicules autonomes.
Interrogé sur les perspectives d’évolution technologique à long terme, Gilles Babinet s’est montré prudent, reconnaissant les limites de la prospective. Il a souligné que même les experts en algorithmes peinent à anticiper les développements futurs, et que sa propre vision se limite à un horizon d’un an, au-delà duquel les prévisions deviennent hasardeuses.
Quel avenir numérique pour la France ?
En conclusion, Babinet a dressé un tableau contrasté de la situation technologique française, identifiant à la fois des faiblesses structurelles à surmonter et des atouts considérables à valoriser, tout en appelant à une approche plus stratégique et moins frileuse face aux défis de la transformation numérique et de l’intelligence artificielle.