Qui crée les emplois privés en France ?


Qui crée les emplois privés en France ? J’ai reçu comme chaque semaine l’infolettre de Zevillage et celle-ci m’a interpellé. Xavier de Mazenod y faisait référence à un article de Charles Werly, journaliste suisse bien connu (Blick), où le journaliste avance que la France aime surtout les patrons étrangers. Ce qui n’est pas une si mauvaise nouvelle que cela d’ailleurs, pour une fois qu’on aime l’altérité ici, devrait-on s’en plaindre ? Mais l’enseignement principal est ailleurs.

Etat des lieux : qui crée les emplois privés en France ?

Qui crée les emplois privés en France ?
Qui crée les emplois privés en France ? Le tableau de Zevillage avec quelques ajouts maison — Chiffres extraits par Perplexity, croisés et vérifiés

PME et ETI : qui crée les emplois en France ?

Quand j’ai découvert ce tableau je l’ai trouvé très intéressant pour plein de raisons que je vais indiquer ci-dessous, et c’est ce qui m’a poussé à écrire cette brève. Mais il m’a semblé également qu’il manquait quelques chiffres.

Qui crée les emplois privés en France ?
Qui crée les emplois privés en France ? Les PME et les ETI bien sûr ! Et attention, ces termes sont plus précis que l’on croit. Voir notre guide réalisé avec Visiativ en 2024

En effet, on voit bien que l’essentiel des emplois se crée dans les petites entreprises, ce qui n’est pas vraiment une nouveauté. Mais ce qu’on ne voyait pas, c’était le poids total des PME et ETI comparé à celui des grandes entreprises et groupes multinationaux en nombre d’emplois.

Qui crée les emplois
Qui crée les emplois en France ? Les petits ou les gros milliardaires ? Image produite avec Midjourney

J’ai donc complété ce tableau en allant chercher les sources dans l’INSEE. J’ai bien entendu écarté les microentreprises qui viennent fausser les résultats, une forte proportion des micro-entrepreneurs étant également salariés (43 % sont « pluriactifs », 14 % abandonnent la microentreprise en fin d’année — source).

Voici donc ma liste des insights retirés de ce tableau

  • Les PME et ETI représentent environ 50 % des emplois totaux
  • Les grandes entreprises et grandes entreprises internationales ne représentent qu’environ 35 % du total. Bien loin de l’image d’Épinal qui veut que les grandes entreprises soient les pourvoyeurs d’emploi dans notre pays.
  • Le nombre d’emplois créé chaque année est modeste (un peu moins de 10% du total des actifs hors fonctionnaires en 11 ans).
  • Plus inquiétant, le nombre d’emplois détruits sur cette période est presque équivalent. Le solde ne représentant que 2.6% du total de 2020. Une manière positive de commenter ce chiffre consisterait à dire que le nombre d’emplois est stable. Une autre façon de voir les choses serait de commenter que, finalement, on ne crée pas beaucoup d’emplois en France pour ne pas dire, quasiment pas.
  • Le débat sur l’attractivité se porte essentiellement sur les emplois, mais peut-être que la réalité économique tient essentiellement dans l’image. Finalement, les actions menées autour de l’attractivité du pays sont essentiellement du marketing.
  • Ensuite, et c’est le sujet de l’infolettre de Zevillage, l’essentiel des maigres emplois créés en France le sont par les PME et ETI.
  • Enfin, une question se pose de savoir qui sont les 16 millions d’employés qui ne sont pas comptés ci-dessus. Car la France comptera 30 millions d’actifs en 2025 selon l’INSEE. En 2010, il n’y en avait que 28 millions, ce qui me laisse penser que 2 millions d’emplois ont été créés et pas dans le secteur privé, mais plutôt majoritairement dans le secteur public. De facto, cela représenterait presque un actif sur deux, ce qui fait réfléchir.

En conclusion de cette brève réflexion sur les emplois créés en France

Il manque sans doute de granularité dans ces chiffres, afin d’analyser les sous-secteurs qui créent et détruisent des emplois. Mais on se doute que l’industrie avec son fort taux d’automatisation, de sous-traitance en Asie du Sud-Est et la fermeture d’usines à répétition n’est pas dans le peloton de tête.

Ensuite, une question m’obsède en ce moment, celle qui consiste à essayer de savoir combien de ces 14 millions d’emplois (et encore plus des 16 autres millions évoqués plus haut) qui sont « automatisables » par l’IA. Ma réponse précédente était que l’impact serait modéré du fait de la structure des emplois en France. L’avenir nous dira si j’ai raison, et si dans 10 ans la situation aura changé. En tout cas, je ne constate pas de « révolution » immédiate en ce domaine au point de vue macro-économique.

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