Yope, le nouveau réseau social qui espère séduire la Gen Z


Se voulant plus authentique qu’Instagram ou TikTok, l’application Yope, sortie en septembre dernier, revendique 800.000 utilisateurs quotidiens. Une success-story qui attire les investisseurs.

Sur ce réseau social ultra-privé, pas question de partager son quotidien avec des millions d’inconnus, de suivre des tendances virales ou de poster des photos visibles par tous. Sur Yope, misez plutôt sur la discrétion des groupes d’amis avec qui vous pouvez partager des photos quotidiennement.

L’idée de l’application, sortie en septembre, vient d’un constat : alors que les moins de 25 ans multiplient les photos en tout genre, la majorité d’entre elles restent dans les tréfonds de la mémoire des téléphones portables et ne sont pas postées sur les réseaux sociaux. Crainte d’en dévoiler trop ou peur de ne jamais détenir le cliché parfait : preuve en est, les publications sur Instagram sont boudées par les plus jeunes qui ne jurent que par la story, bien plus éphémère. « La Gen Z veut quelque chose de plus instantané. Ils publient moins sur Instagram car ils ne se retrouvent plus dans cet univers placardé » analyse Anaïs Loubère, fondatrice et dirigeante de l’agence de marketing Digital Pipelettes.

Retrouver de l’authenticité, loin des algorithmes

Via l’entreprise fondée en 2021 par les Biélorusses Bahram Ismailau et Paul Rudkouski, le pari de Yope est le suivant : créer une application qui permet de partager ses clichés uniquement à des groupes de personnes que l’on connaît. Chacun doit ainsi être coopté pour entrer dans ces groupes. Au bout d’un certain temps, il est possible de réaliser un grand collage de toutes les photos partagées sur le groupe. Les interfaces de l’application sont colorées et largement esthétisées, reprenant les codes visuels associés à la Gen Z.

Pour Anaïs Loubère, Yope « mélange les codes de Snapchat  et de BeReal . C’est une messagerie photo plus stimulante, précise la spécialiste. La culture Yope est moins léchée. On peut se prendre en photo avec un triple menton et envoyer à ses copains. C’est ce qu’on appelle le “dark social”, ce qu’on prend en photo mais qu’on ne publie pas. »

Yope permet d’installer un widget, c’est-à-dire une petite vignette sur l’écran d’accueil du smartphone donnant accès aux photos postées sur le groupe sans même avoir à ouvrir l’application. Le réseau social propose également un système de « streaks », « des récompenses qui s’activent après un certain temps de discussion régulière sur la plateforme. Une véritable dose de dopamine, loin des discours anti-addiction que prône l’application », remarque Anaïs Loubère. Cette fonctionnalité est très proche des flammes sur Snapchat qui s’activent après trois jours de discussion quotidienne entre deux utilisateurs.

Une spontanéité qui n’est pas sans dangerosité

Et la mayonnaise prend puisque Yope revendique déjà plus de 800 000 utilisateurs quotidiens et plus de 2 millions d’utilisateurs mensuels. De quoi convaincre ceux qui espèrent dénicher le nouvel Instagram. L’application a réalisé une levée de fonds mi-février lui permettant de récolter 4,65 millions de dollars de la part d’investisseurs comme Goodwater Capital, Inovo VC ou Redseed. La valorisation de l’application est à ce jour fixée à 50 millions de dollars.

Sur les réseaux sociaux, quelques contenus francophones plébiscitent les avantages de l’application. « L’application parfaite pour toi et ta meilleure amie », peut-on lire sur une des vidéos postées sur TikTok suivi du hashtag #YopeApp. Des coups de projecteur qui font leur effet. « Comment s’appelle l’application ? », « l’application est-elle gratuite ? » peut-on lire dans les commentaires.

Il faut expliquer aux jeunes que cela pourrait les mettre en péril si certaines photos privées fuitent

Anaïs Loubère, fondatrice et dirigeante de l’agence de marketing Digital Pipelettes

Anaïs Loubère invite tout de même à la vigilance : « Le réseau social se présente comme une plateforme de partage de photos entre amis mais il faut avoir à l’esprit qu’un simple lien d’invitation peut permettre de rejoindre un groupe et de recevoir des photos. Cela peut poser des risques. » Elle rappelle aussi que, comme Snapchat, le partage de photos instantané doit aller de pair avec la prévention : « Il faut expliquer aux jeunes que cela pourrait les mettre en péril si certaines photos privées fuitent. » Un risque d’autant plus fort qu’il est possible pour les membres d’un canal de discussion d’enregistrer toutes les photos qui y sont partagées.

Un concept pas si révolutionnaire

Des concepts similaires fleurissent déjà depuis ces dernières années, à l’instar du réseau social BeReal qui a su s’imposer à l’étranger et qui propose également un partage de photos quotidien entre amis. « Je ne serai pas surprise que TikTok finisse par racheter Yope », prophétise Anaïs Loubère. « TikTok est à la peine sur ce sujet. Leur messagerie est nulle et pas du tout adaptée pour discuter entre amis. » Le chinois ByteDance, maison mère de TikTok, lorgne ce créneau.

Depuis juin dernier le mastodonte a lancé une nouvelle application baptisée Whee, reprenant presque trait pour trait l’interface d’Instagram. Là encore, l’idée est de permettre aux utilisateurs d’avoir un usage plus privé des réseaux sociaux en partageant des photos avec son cercle le plus proche. L’application, qui ne connaît pas un franc succès, est disponible uniquement dans certains pays comme la Malaisiel’Australie ou l’Afrique du Sud. Impossible donc de la télécharger depuis l’Europe ou les États-Unis pour le moment.



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