Une enquête exclusive auprès de plus de 9 000 utilisateurs
Si l’intelligence artificielle séduit d’abord par son efficacité et sa capacité à simplifier certaines tâches, son usage ne s’arrête plus à la simple sphère fonctionnelle.
De plus en plus de Français s’en servent pour organiser leur quotidien, mais aussi pour échanger, s’exprimer ou même confier certains aspects personnels de leur vie. Certains y voient un assistant ponctuel, d’autres un allié au long cours, et quelques-uns un interlocuteur à qui parler quand les humains font défaut.
Attentive aux évolutions de notre rapport à ces nouvelles technologies, Hostinger a souhaité mieux cerner les usages, les perceptions et les limites que dessinent les Français dans leur relation à l’IA. Quel rôle attribuent-ils à ces outils désormais omniprésents ? Jusqu’où leur font-ils confiance ? Peut-on aujourd’hui parler d’une dépendance à l’IA, ou s’agit-il encore d’une simple commodité ? Sont-ils prêts à déléguer certaines décisions, à livrer leurs doutes, voire leurs sentiments, à des systèmes conçus pour simuler le langage humain ?
Pour répondre à ces questions, Hostinger a confié à l’institut Flashs la réalisation d’une vaste enquête auprès de 10 500 Français, dont plus de 9 000 utilisateurs de l’intelligence artificielle. Leurs réponses révèlent une appropriation rapide, des pratiques multiples, et une frontière de plus en plus floue entre l’outil et la relation.
Une adoption fulgurante

Le chiffre est sans ambiguïté : près de 9 Français sur 10 ont déjà utilisé une application ou un service faisant appel à l’intelligence artificielle, dont près du tiers (31 %) le font régulièrement. Si sa mise à disposition du grand public est somme toute récente, l’adoption de l’IA a donc été fulgurante dans la population. Un phénomène dont l’ampleur varie toutefois fortement selon l’âge des personnes interrogées : quand 67 % des 18-24 ans disent avoir souvent recours à l’intelligence artificielle, ils ne sont plus que 14 % chez les plus de 65 ans.
Un outil dont on peut (encore) se dispenser

Parmi celles et ceux ayant déjà utilisé l’IA, soit plus de 9 000 personnes dans notre enquête, 46% voient en elle un simple outil pratique alors que 31 % la considèrent d’ores et déjà comme un véritable assistant personnel. 15 % assimilent pour leur part l’intelligence artificielle à une source de distraction ou d’amusement, mais seulement 3 % pensent qu’elle leur fait perdre leur temps.
L’intelligence artificielle est entrée dans nos vies de manière tonitruante, sans pour autant devenir indispensable aux yeux de nombreux utilisateurs. 6 sur 10 (60 %) estiment en effet qu’ils pourraient s’en passer sans problème. Si on leur ajoute les 32 % qui pensent que cela leur serait difficile mais possible, 92 % envisagent donc de pouvoir vivre sans elle aujourd’hui. Très loin donc des 8 % qui, au contraire, reconnaissent in fine leur dépendance à l’IA.
En termes d’âge, celles et ceux qui sont les plus familiers de l’intelligence artificielle – en l’occurrence les 18-24 ans – sont aussi les plus nombreux à dire qu’il leur serait compliqué de s’en passer : 46 % sont dans ce cas et 11 % avouent que cela leur serait impossible.
Échanges d’amabilités

Entrainées à dialoguer le plus naturellement possible avec les humains, les intelligences conversationnelles ont tendance à faire oublier à leurs utilisateurs que leur fonctionnement n’est en rien celui de vraies personnes. Et donc à susciter des réflexes courants de politesse comme dire « merci » ou « s’il te plait », formules que l’on n’utilise généralement pas avec une perceuse ou un four à micro-ondes, quand bien même eux aussi rendent de fiers services.
Ainsi, 83 % de celles et ceux qui interagissent avec l’IA se montrent courtois lors de leurs échanges, dont 28 % systématiquement, 40 % parfois et 15 % rarement. Seuls 17 % affirment ne jamais faire preuve d’amabilité en formulant leurs questions ou en recevant les réponses qui leur sont fournies.
L’IA s’invite en vacances

Qu’ils la traitent comme un simple outil à leur service ou comme un assistant personnel dévoué, les utilisateurs de l’IA comptent bien profiter de ses capacités pour optimiser la préparation de leurs futures vacances. Plus de la moitié d’entre eux la solliciteront pour détailler leur itinéraire (57 %) et pour comparer les tarifs des billets d’avions et des hébergements (54 %).
Dans des proportions légèrement moindres, 45 % interrogeront l’intelligence artificielle afin de dénicher la destination estivale qui correspond le mieux à leurs envies, tandis que près d’un sur quatre (38 %) lui confiera le soin d’établir son budget, une tâche que les 18-24 ans sont les plus enclins à déléguer à l’IA (51 %).
Il en va de même pour dresser la check-list de ce qui doit prendre impérativement place dans la valise : si 35 % de l’ensemble des utilisateurs la composeront avec l’aide de l’intelligence artificielle, 52 % des plus jeunes sont dans ce cas.
Au total, 76 % des Français se servant de l’IA y auront recours dans l’un ou l’autre aspect de la préparation de leurs prochaines vacances.
Multiples usages

Au-delà de cette tâche spécifique, les outils d’intelligence artificielle offrent de multiples possibilités de création de contenus divers et variés. La réalisation d’images et d’illustrations arrive en tête des expériences menées en la matière par ses utilisateurs : 52 % les ont déjà exploités à cette fin, soit deux fois plus que la création de vidéos et d’animations (25 %) et de musique, sons et voix (24 %).
Près de la moitié (48 %) ont également produit des textes sous différentes formes, tandis que 38 % l’ont employée dans le cadre professionnel pour rédiger un CV ou une lettre de candidature. Près d’un quart (24 %) s’est appuyé sur l’IA afin de mener à bien un projet technique comme la création d’un site internet ou encore d’une application.
Une trop grande confiance ?

Il arrive aux intelligences artificielles de connaître des hallucinations, c’est-à-dire d’inventer des faits présentés comme rigoureusement exacts. Phénomène qui peut conduire, en fonction des questions abordées, à des déconvenues plus ou moins graves si l’utilisateur prend ces informations pour argent comptant.
Pour autant, rares sont celles et ceux qui vérifient les données qui leur sont proposées : moins d’une personne interrogée sur six (14 %) dit en effet le faire systématiquement, tandis que 37 % s’y astreignent souvent (et donc pas tout le temps). Un bon tiers des utilisateurs (34 %) reconnaissent qu’il leur arrive rarement de recouper les informations de l’IA et 15 % ne le font tout simplement jamais.
Peu nombreux à s’assurer en permanence de la véracité des éléments transmis par l’intelligence artificielle, les utilisateurs français sont en revanche plus précautionneux vis-à-vis des données qu’ils partagent avec elle : plus de la moitié d’entre eux (56 %) font en effet attention à ce qu’ils écrivent ou disent lorsqu’ils échangent avec l’IA. En revanche, 31 % indiquent ne pas trop réfléchir à ce qu’ils lui confient. Par ailleurs, 13 % avouent leur ignorance de l’utilisation qui peut être faite de leurs données.
Partage d’intimité

Particulièrement pratique pour résoudre des problèmes d’ordre matériel, l’intelligence artificielle séduit de plus en plus de Français qui partagent avec des robots conversationnels certains aspects plus intimes de leur vie.
Une démarche à laquelle adhère sans problème un utilisateur sur cinq (20 %) et, avec quelques réserves, plus d’un sur quatre (27 %), soit 47% (et 55 % parmi les 18-24 ans) qui se livrent à l’IA. En revanche, 32 % des personnes interrogées préfèrent se confier à l’une ou l’un de leurs semblables, et 18 % ne voient pour leur part pas d’intérêt à faire part de leurs sentiments à des outils tels ChatGPT, Claude ou bien Gemini.
Si elle reste minoritaire, la démarche de faire appel à l’intelligence artificielle dans le cadre de relations sentimentales est toutefois adoptée par un nombre non négligeable d’utilisateurs puisqu’ils sont 26 % à y avoir eu recours dans ce cadre. Timides ou espérant maximiser leurs chances, 12 % ont déjà sollicité des conseils pour séduire et 11 % pour déclarer leur flamme. Face à une situation devenue conflictuelle, 19 % se sont appuyés sur l’IA pour tenter de la dénouer, et 13 % (20 % chez les 18-24 ans) pour écrire un message de rupture.
Confidentialité et crainte du jugement

Plus largement, et dans des proportions identiques, 26 % ont déjà abordé avec une intelligence artificielle conversationnelle des sujets sur lesquels ils n’auraient pas osé échanger avec quelqu’un. Parmi eux, 8 % précisent que cela leur arrive souvent. Les hommes sont plus nombreux à agir de la sorte : 30 % l’ont déjà fait contre 23 % des femmes.
Parmi les motifs qui poussent les personnes interrogées à se confier à l’IA plutôt qu’à l’une ou l’un de leurs semblables, 33 % évoquent des raisons de confidentialité, 28 % indiquent qu’ils n’avaient personne à qui parler et 27 % qu’ils craignaient d’être jugés. Une sur dix (10 %) exprime par ailleurs son besoin de s’exercer avant de s’adresser à une « vraie » personne.
Enquête réalisée par FLASHS pour Hostinger du 07 au 18 mai 2025 par questionnaire autoadministré en ligne auprès d’un panel de 10,500 Français et Françaises âgé(e)s de 18 ans et plus, représentatif de la population française.
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Le très large panel de 10 500 personnes a permis d’affiner l’analyse de cette enquête à l’échelon régional tout en disposant d’un nombre de répondants significatif. Focus sur la faculté d’être à l’aise à l’idée de confier à une IA ses émotions.

Les Alsaciens et Franciliens les plus à l’aise pour se confier à l’IA
En resserrant la maille sur les anciennes régions, celles en vigueur avant la réforme de 2016, pour mieux tenir compte des spécificités locales, on constate que l’Alsace se classe devant l’Ile-de-France et PACA avec 56 % de personnes à l’aise pour se dévoiler. À l’inverse, aux côtés des Pays-de-la-Loire en fin de classement (39 %), les anciennes régions de Champagne-Ardenne (44 %) et Languedoc-Roussillon (45 %) se montrent les plus rétives à cette pratique.