Travail
L’entrepreneuriat pour fuir le salariat
Plus jeune et plus féminin, l’entrepreneuriat romand est poussé par une soif de liberté plus que par l’appât du gain. Surtout, les jeunes entrepreneurs rêvent d’automatiser marketing et administration pour se concentrer sur leur cœur de métier. Mais derrière les promesses des influenceurs se cache une réalité financière bien plus contraignante.
En tant que fondatrice d’une agence d’études de marché, je suis ravie de voir dans notre sondage mené auprès de 300 entrepreneur(e)s romand(e)s que l’entrepreneuriat se féminise et se rajeunit! Comme Bilan le montre depuis quelques années avec ces entrepreneurs romans de moins de 40 ans qui ont fait un million de CA.
En creusant leurs motivations profondes, 51% se lancent «pour être indépendants «car ils en ont assez des mauvais managers, du manque de reconnaissance et des horaires imposés. Seulement 29% le font «pour gagner plus d’argent».

L’entrepreneuriat devient mainstream, nourri aux promesses d’automatisation
Tous les jeunes veulent se lancer. Les influenceurs leur vendent du «growth hacking«, de l’«IA qui révolutionne tout», du «boost ton nombre d’abonnés en 30 jours». Résultat? Une génération d’aspirants entrepreneurs convaincus qu’ils vont automatiser leur business en quelques clics.

Les entrepreneurs veulent automatiser ce qu’ils n’aiment pas faire
Notre étude montre que 51% veulent automatiser l’administratif, 41% le marketing. Leurs mots sont révélateurs: «chronophage», «sans valeur ajoutée», «ça prend la tête».

Et devinez quoi? C’est exactement ce que leur promettent les gourous du business en ligne: «Automatise ton marketing», «Délègue ton admin», «Focus sur ton cœur de métier». Mais personne ne parle du prix.
La réalité: automatiser coûte un bras
Parlons cash. Vous voulez optimiser votre marketing digital? Selon votre offre et votre public, ça peut énormément varier. Mais globalement, pour une TPE, comptez 1’000 CHF pour le SEO et 2’000 CHF par mois pour le SEA, à savoir le budget et la gestion des pubs sur Google et Meta Ads.
Début 2025, j’ai décidé de digitaliser notre comptabilité. L’implémentation n’est toujours pas finie et le tout m’a déjà coûté plus qu’une année entière de comptabilité avec mon ancienne solution. Evidemment, ce sera génial quand j’aurai accès à un dashboard avec des données en temps réel pour mieux piloter mon entreprise, mais en attendant, la migration est chronophage et couteuse.
J’ai l’impression que l’automatisation est surtout possible si vous avez du cash à investir, donc soit vous êtes une PME bien établie ou vous avez levé des fonds. Pour la majorité des petits entrepreneurs qui investissent avec leurs fonds propres, c’est plus compliqué: il faut souvent développer ces compétences soi-même.
Par exemple, pour Google Ads, j’ai fait une formation en ligne mais ensuite j’ai dû faire appel à un coach expert à plusieurs reprises car je ne voulais pas simplement tout déléguer, mais comprendre et pouvoir le faire moi-même, ça m’a permis aussi de mieux maîtriser les coûts.
L’entrepreneuriat comme refuge: la liberté a un prix
Pour moi, créer ma boite a été un refuge: j’ai quitté une entreprise dans laquelle je ne me sentais plus reconnue ni épanouie. Aujourd’hui, je me sens libre de «faire autrement», je peux choisir mon équipe, mes clients, mes horaires, passer du temps avec mes enfants ou faire un jogging en milieu de journée, et pour moi, c’est ça la liberté!
Mais cette liberté a un prix. Celui de la responsabilité, des revenus irréguliers, du stress et des nuits blanches quand ça ne va pas, sans parler de l’investissement constant dans des outils pour rester compétitif, la dépendance aux GAFAM et maintenant à OpenAI et consorts pour le marketing digital et l’IA.
En soi, on n’est jamais vraiment libre: on reste toujours prisonnier ou dépendant d’autres choses.
Pour découvrir l’intégralité de notre étude sur l’entrepreneuriat en Suisse romande: https://qualinsight.ch/actualites/entrepreneurs-suisse-romande-etude-2025/
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