Par-delà les slogans sur la puissance militaire d’Israël, les frappes menées contre les sites nucléaires iraniens dans la nuit de samedi à dimanche révèlent une réalité stratégique implacable : Israël ne peut pas se défendre seul. Et lorsque ses limites technologiques apparaissent au grand jour — comme dans l’incapacité à frapper l’installation souterraine de Fordo — il fait appel à son parrain traditionnel : les États-Unis.
Cette fois, c’est Donald Trump lui-même qui s’est chargé du sale boulot. Dans un bel exercice d’allégeance géopolitique, le président américain a mobilisé les forces armées de son pays pour viser trois sites iraniens cruciaux : Ispahan, Natanz et Fordo. Ce dernier, profondément enfoui sous les montagnes, était hors de portée des missiles israéliens. Mais pas des bombardiers stratégiques américains, que Trump a mis à disposition sans la moindre hésitation.
Depuis des années, Tel-Aviv joue la carte de la dissuasion unilatérale. Mais dès lors qu’il s’agit d’affronter un adversaire de poids comme l’Iran, l’illusion s’effondre. Sans les États-Unis, Israël n’a ni la profondeur stratégique, ni la logistique nécessaire, ni la capacité de frappe longue portée suffisante pour s’en prendre aux installations les plus sensibles de la République islamique.
En clair : le mythe d’une armée israélienne autonome et invincible ne tient plus debout. Pour neutraliser Fordo, il a fallu faire appel aux gros bras de l’US Air Force. Et pour justifier l’opération, il a suffi à Trump de réciter le sempiternel couplet de la « paix au Moyen-Orient », alors même que cette agression ne fera qu’embraser davantage la région.
Trump aux ordres Netanyahou
Le président américain a menacé l’Iran de nouvelles frappes « si la paix n’est pas rapidement atteinte ». Une menace hypocrite et absurde : comment prétendre défendre la paix en bombardant des installations nucléaires civiles ? Comment croire que l’on peut éviter une guerre régionale en multipliant les provocations et en s’alignant aveuglément sur la stratégie israélienne de confrontation permanente ?
Donald Trump s’est une nouvelle fois comporté comme le simple exécutant des désirs de Tel-Aviv, reléguant les intérêts américains à l’arrière-plan d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un choix risqué politiquement : cette décision pourrait fortement le couper d’une partie de sa base électorale, notamment parmi les républicains isolationnistes ou anti-guerre, qui voient dans ce type d’intervention un engrenage coûteux et inutile pour les États-Unis.