Dans les Vosges, une start-up organise des séjours immersifs pour séduire de futurs habitants


Quitter Paris, Lyon ou Strasbourg pour Neufchâteau, Épinal ou Gérardmer ? De plus en plus de familles en rêvent. Dans les Vosges, celles qui hésitent encore peuvent faire un test concret le temps d’un week-end organisé par le Département, avec l’aide de la start-up Laou. Objectif : permettre à des candidats à la mobilité de découvrir le territoire, rencontrer des employeurs, visiter des logements… et peut-être faire le grand saut. En coulisses, une mécanique bien huilée et un mot d’ordre : transformer l’intention en installation. « Ce que l’on propose, ce n’est pas une opération de communication, c’est un déclencheur réel », affirme Élisa Pagès, cheffe de projet chez Laou, qui pilote le partenariat avec le conseil départemental. Résultat : 50 familles installées dans les Vosges en trois ans, et un taux de concrétisation quatre fois supérieur après participation à un séjour immersif. Derrière cette stratégie : Laou, une start-up fondée en 2017 par Aurore Thibaud, revenue s’installer dans son Limousin natal après quinze années de vie urbaine en France et à l’étranger. Sa conviction : « La décentralisation des talents est une condition sine qua non pour une France plus sereine, plus démocratique, et plus écologique. » Dans les Vosges, Laou accompagne le Département dans l’organisation de week-ends immersifs. Leur but ? Faire découvrir le territoire de manière concrète et personnalisée à des familles prêtes à sauter le pas.

Une immersion ciblée

« On reçoit 1 000 inscriptions, mais après un tri rigoureux – entretien téléphonique, cohérence du projet, degré de maturité – on accompagne environ 250 personnes, poursuit Élisa Pagès. Parmi elles, une centaine sont jugées « entre deux » : motivées, mais encore hésitantes. Ce sont ces profils que l’on invite à découvrir les Vosges sur place. » Le déroulé est toujours le même : le vendredi après-midi, les participants visitent des logements, rencontrent des employeurs ou participent à un job dating. Le samedi matin, une grande rencontre réunit élus, acteurs économiques, nouveaux habitants et professionnels de l’accueil. « L’après-midi, on les emmène en balade, en montagne ou en forêt. C’est un moment plus sensible, plus émotionnel, qui leur permet de se projeter. »

« Ce ne sont pas des week-ends touristiques, mais un vrai outil pour faire avancer un projet de vie. »

Élisa Pagès, cheffe de projet chez Laou.

Et les résultats sont là : le taux d’installation atteint 40 % après un séjour immersif, contre 10 % pour les personnes accompagnées à distance. À ce jour, 50 familles ont posé leurs valises dans les Vosges via ce programme. Bastien, 34 ans, ancien cadre dans le marketing digital à Paris, est l’un d’eux : « On cherchait à quitter Paris depuis des mois, mais sans oser franchir le pas. Le week-end organisé à Épinal a été décisif. J’ai pu rencontrer un patron d’agence web local dès le vendredi. Le samedi, j’ai échangé avec des familles déjà installées et des élus vraiment accessibles. Ça a changé notre regard. On ne voyait plus un “trou paumé”, mais un endroit où on pouvait vraiment vivre ». Martine, 41 ans, venue de Strasbourg avec son conjoint et leurs deux enfants, témoigne aussi : « Le séjour à Neufchâteau nous a permis de tout mettre en perspective. La visite de la ville, les écoles, la rencontre avec d’autres parents… On s’est sentis attendus. Et surtout, écoutés. Trois mois plus tard, on revenait pour signer le compromis de vente de notre maison. »

Une stratégie partagée

Pour Émilie Balland, chargée de mission marketing territorial au conseil départemental, ces « opérations séductions » sont un vrai booster d’installation, « cela nous a permis de cibler les bons profils et d’optimiser nos communications. Laou détecte les projets avancés, et nous, on peut concentrer notre énergie sur les candidats sérieux ». Initialement pris en charge à 100 %, les séjours sont désormais cofinancés par les participants – transports et une partie des repas à leur charge – pour éviter les désistements et renforcer leur engagement. « Il fallait responsabiliser un peu. Quand tout est gratuit, les gens annulent plus facilement », note Élisa Pagès, en pleine préparation du prochain week-end immersif à Gérardmer et Saint-Dié en octobre prochain. « Depuis peu, le soleil n’est plus le premier critère. Aujourd’hui, ce sont la qualité de vie, le calme, la proximité avec la nature. Les Vosges ont clairement leur carte à jouer. »



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