La première chose qui frappe avec Frédéric Kastendeuch est son nom de famille, le même que celui de l’illustre défenseur du FC Metz qui a revêtu plus de 500 fois la tunique grenat dans les années 1980 et 1990. « Je suis le filleul de Sylvain », justifie-t-il. La deuxième, c’est la maturité avec laquelle le jeune homme de 31 ans déroule son projet de marketing digital baptisé « Kolizeo ». Grâce à sa présentation soignée, des perspectives annoncées qui n’ont rien d’ubuesques et le potentiel de son idée, Frédéric Kastendeuch a su séduire l’écosystème start-up. Incubée à Metz à The Pool et accompagnée par la French Tech Est, la jeune pousse compte révolutionner la “fan expérience” en France et vise un chiffre d’affaires de 300 000 euros fin 2025, et 800 000 euros pour 2026.
« Nous sommes en discussion avec des clubs de Ligue 1. »
Frédéric Kastendeuch, cofondateur de Kolizeo.
Concrètement Kolizeo développe une plateforme web accessible au public via un QR Code, sans téléchargement, pour chaque club de sport intéressé. L’ambition est de transformer les stades et événements en arènes interactives afin de permettre aux spectateurs de devenir acteurs des rencontres qui s’y déroulent. « Sur la plateforme, on trouve une vingtaine de mini-jeux concours faisant appel à la mémoire, aux réflexes, à la culture générale », énumère celui qui a imaginé le concept avec sa compagne Tania, dont les compétences en communication et en branding sont bienvenues. En jouant, le supporter peut gagner des cadeaux proposés par le club (maillots, réduction sur la boutique, autographes…) Gratuit pour les utilisateurs et les clubs, ceux qui payent pour apparaître sur la plateforme sont les sponsors (montant non divulgué). Eux aussi peuvent faire gagner des cadeaux afin de mettre leurs produits en valeur, ou faire défiler des publicités. Une gamification qui permet de décupler la visibilité des partenaires par rapport aux traditionnelles bannières, ou logos sur le maillot : après quelques mois d’existence, Kolizeo cumule déjà 60 000 parties jouées.
Dix clubs en 2026
Certains jeux se jouent en live, avant le début des rencontres, pendant la mi-temps et dans la foulée du coup de sifflet final. D’autres sont accessibles depuis le domicile. Il est par exemple possible d’affronter une joueuse des Dragonnes à un QCM. « Notre solution a été testée sur treize rencontres de Metz Handball cette saison. Dans les Arènes, les utilisateurs jouent sur leur smartphone et peuvent voir leurs résultats en temps réel sur écran géant. » La plateforme permet aussi d’inviter l’utilisateur à suivre les réseaux sociaux du club et des sponsors, d’élire le joueur du match, ou de connaître les effectifs avant le début de la rencontre. Autant de fonctionnalités qui ont conduit le géant du handball français et européen à confirmer qu’il continuerait de profiter des services de Kolizeo l’année prochaine. « Nous sommes en discussion avec des clubs de Ligue 1 », lance Frédéric Kastendeuch dont l’ambition est de réunir une dizaine de clubs de football, tennis, handball et rugby d’ici le début de l’année 2026. Le jeune homme admet que son lien familial avec le joueur comptant une dizaine de sélections avec l’Équipe de France lui permet d’accéder aux clubs français, mais pour réussir à scaler le modèle à grande échelle et atteindre les plus grands clubs européens, Kolizeo a besoin de fonds. « Nous pensons tenter de réaliser une levée de fonds qui oscillerait entre 800 000 et 2 millions d’euros », lance Frédéric Kastendeuch. L’entrepreneur compte aussi continuer de se tourner vers l’univers du spectacle et des concerts. « Nous avons proposé notre solution à l’occasion du Luxembourg du rire qui s’est déroulé le 14 juin dernier à la Rockhal. L’événement a généré 25 000 parties jouées par les spectateurs. » Un nombre particulièrement élevé qui s’explique par le fait que les producteurs du spectacle donnaient la possibilité de gagner une rencontre en loges avec les artistes de la soirée (Jarry, Bun Hay Mean…).
Des fonds supplémentaires donneraient également les moyens à l’entreprise innovante de recruter plus facilement, alors que cinq à six embauches sont déjà programmées à court terme. Pour l’instant, le trentenaire est l’unique développeur de Kolizeo. Depuis deux ans, il code l’intégralité des jeux accessibles sur la plateforme. Et s’il en a encore sous les pieds, du renfort est indispensable pour franchir un cap.