Comment résister à l’addiction à l’IA et préserver sa créativité en 2025


L’addiction ne prévient jamais. Elle s’installe pernicieusement, avec son lot de justifications rationnelles et des petits compromis qui semblent anodins. Jusqu’au jour où vous réalisez que vous ne pouvez plus vous en passer.

Mon histoire commence comme celle de millions de professionnels en 2023 : quelques expérimentations innocentes avec ChatGPT, des gains de productivité encourageants, puis une dépendance progressive qui a failli me faire perdre ce qui fait l’essence même de mon métier.

Aujourd’hui, après deux ans d’usage intensif et plusieurs tentatives de sevrage, j’ai appris une leçon fondamentale : l’IA n’est pas le problème. C’est notre relation à l’effort et à l’incertitude qui l’est.

Cette confession n’est ni un réquisitoire contre l’intelligence artificielle, ni un plaidoyer béat pour son adoption. C’est le témoignage d’un professionnel du content marketing qui a navigué entre euphorie technologique et perte d’identité créative, pour finalement découvrir qu’apprivoiser l’IA commence par s’apprivoiser soi-même.

À travers ce récit personnel, je vous invite à examiner votre propre relation aux algorithmes. Car si l’IA transforme nos métiers, elle révèle surtout nos faiblesses les plus humaines : notre quête de validation, notre aversion pour l’effort, notre peur de l’échec. Et c’est en comprenant ces mécanismes que nous pourrons enfin faire de l’IA notre alliée, plutôt que notre maître.

Quand l’outil devient une béquille

Les premiers pas avec l’IA générative

Décembre 2022. Comme des millions d’autres curieux, je découvre ChatGPT et Midjourney. L’émerveillement est immédiat : ces outils ne se contentent pas d’automatiser des tâches répétitives, ils semblent comprendre, créer, dialoguer. Pour un Content Marketer habitué à jongler entre recherche, rédaction et optimisation SEO, c’est une révélation.

Mes premiers usages sont prudents et ciblés. Je demande à ChatGPT de me générer des angles d’articles, de reformuler des phrases complexes, de proposer des métadescriptions. DALL-E et Midjourney m’aident à visualiser des concepts pour mes présentations. L’outil semble parfait : accessible, rapide, sans jugement.

Puis viennent les premiers succès. Un process finement huilé qui permet de générer davantage d’articles par semaine chez Extencia. La création des GPTs qui permettent d’être plus pertinent dans la publication sur les réseaux sociaux, dans la gestion de mon projet musical et dans la création de contenu d’une manière générale.

Ces petites victoires créent une association positive : IA = efficacité = reconnaissance professionnelle.

La dérive progressive vers la dépendance

En quelques semaines, mes « expérimentations ponctuelles » deviennent des rituels quotidiens. Je commence mes journées en consultant ChatGPT pour mes planning éditoriaux. Je lui soumets mes brouillons pour « optimisation ». Je génère des alternatives à tout : titres, introductions, call-to-action, même mes emails internes.

Cette escalade s’accompagne d’une justification permanente. « Je garde le contrôle« , me dis-je. « L’IA ne fait que des suggestions, c’est moi qui décide. » Mais la réalité est plus insidieuse. Peu à peu, je cesse de proposer mes propres idées avant de consulter l’algorithme. Pourquoi chercher quand ChatGPT peut trouver plus vite ?

Le vrai danger de ce glissement n’est pas tant l’utilisation de l’IA, mais l’abandon progressif de ma propre créativité. J’étais comme un marathonien qui découvre la voiture : au début, elle semble juste pratique pour certains trajets, mais elle finit par atrophier ses muscles.

Le tournant Claude Opus : quand l’efficacité justifie tout

Mars 2024 marque un tournant décisif dans mon parcours d’utilisateur d’IA. Je découvre Claude d’Anthropic, et particulièrement son modèle Opus. Contrairement à ChatGPT qui montrait alors des limites sur les textes longs, Claude semble capable de gérer des contextes plus complexes avec une qualité rédactionnelle supérieure.

C’est à cette période que je commence à commettre une erreur régulière : je commence à rédiger des articles en me reposant presque entièrement sur Claude. Le processus devient mécanique : brief, prompt détaillé, génération par l’IA, relecture rapide, livraison.

Le résultat ? Des articles techniquement corrects, bien structurés, optimisés SEO, mais dénués de cette petite étincelle qui fait la différence. Des textes efficaces mais sans âme. Et le plus troublant : personne ne s’en aperçoit.

Les articles sont validés sans retour, parfois même félicités. Cette « réussite » renforce ma dépendance et m’enferme dans une spirale dangereuse.

Les signaux d’alarme ignorés

Avec le recul, les signaux étaient pourtant évidents. Je passais plus de temps à peaufiner mes prompts qu’à réfléchir aux messages que je voulais faire passer.

Je consultais l’IA pour des décisions de plus en plus triviales : « Ce titre est-il assez accrocheur ? » « Cette transition fonctionne-t-elle ? » « Comment améliorer cette phrase ? » ou pire encore : « Quelles sont les intentions de recherche autour de ce mot-clé ? » (car il est bon de le rappeler : ni ChatGPT, ni Claude, ne sont en capacité de produire de réels insights SEO en mode solo).

Plus inquiétant encore, je développais une forme d’anxiété face à la page blanche. Avant l’IA, commencer un article était un moment familier, parfois difficile mais toujours stimulant. Avec l’habitude des prompts, l’écriture « manuelle » me semblait soudain laborieuse, voire obsolète.

Mon cerveau s’habituait à recevoir plutôt qu’à donner, à choisir plutôt qu’à créer. Cette paresse cognitive s’installait insidieusement, masquée par une productivité quantitative en hausse. Je publiais plus, mais créais-je vraiment plus ?

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Les pièges de l’IA en 2025

L’illusion de la productivité qui masque la médiocrité

En 2025, la sophistication des outils d’IA générative a atteint un niveau qui rend la confusion entre quantité et qualité presque inévitable. GPT-4.1 peut générer un article de 3000 mots en une passe et en moins de trois minutes. Claude Sonnet propose des analyses marketing complexes en quelques secondes. Cette vitesse crée une ivresse de la productivité qui masque une réalité plus complexe.

Car produire vite n’est pas produire bien. Mes analyses de performance chez Extencia me l’ont rappelé brutalement : les contenus entièrement générés par IA, malgré leur volume impressionnant, ne généraient ni engagement authentique ni conversion durable. Le public, sans forcément identifier la source artificielle, ressentait intuitivement le manque d’authenticité.

Cette découverte m’a conduit à questionner ma définition même de la productivité. Étais-je plus productif quand je publiais trois articles par semaine avec l’aide de l’IA, ou quand j’en rédigeais un seul entièrement moi-même qui générait trois fois plus d’engagement ? La réponse était évidente, mais l’admettre impliquait de remettre en question deux années d’habitudes.

Le syndrome du « prompt parfait » : nouvelle forme de procrastination

2025 a vu naître une nouvelle forme d’obsession : la quête du prompt ultime. Dans les communautés professionnelles, on échange des « recettes » de prompts comme des formules magiques. Je me suis moi-même pris au jeu, passant des heures à peaufiner des instructions pour obtenir « le ton parfait » ou « la structure idéale ».

Cette recherche de l’automatisation parfaite est devenue une nouvelle forme de procrastination. Plutôt que d’écrire, je construisais des systèmes pour écrire. Plutôt que de créer, je créais des processus de création. L’ironie était cruelle : dans ma volonté d’optimiser mon temps, je le gaspillais en méta-activités improductives.

Le syndrome du prompt parfait révèle une peur plus profonde : celle de l’imperfection. L’IA nous fait croire qu’il existe une formulation optimale pour chaque besoin, une solution algorithmique à chaque défi créatif. Cette illusion nous éloigne de l’acceptation de l’incertitude et de l’itération, pourtant essentielles à tout processus créatif authentique.

Ne vous y trompez pas : il n’existe pas de prompt parfait pour produire des articles sans aucune erreur. Ceux qui prétendent le contraire sur Linkedin sont des experts du pipeau plus que de l’IA. L’IA a ses biais, ses hallucinations, ce besoin irrépressible de répondre à votre attente, coûte que coûte et donc souvent au prix de l’imprécision.

L’atrophie cognitive : quand le cerveau cesse de chercher

L’un des effets les plus pernicieux de ma dépendance à l’IA a été l’affaiblissement progressif de mes réflexes intellectuels. Habitué à recevoir des réponses immédiates, mon cerveau avait cessé de chercher par lui-même. Face à un problème complexe, mon premier réflexe n’était plus de réfléchir, mais de consulter.

Je ne passais même plus par Google pour obtenir mes réponses. Pour un problème technique sur WordPress, j’aurais obtenu une réponse fiable sur Google en moins d’une minute. ChatGPT me faisait tourner en rond pour trouver la cause du problème. L’IA n’est pas toujours un raccourci.

Cette atrophie cognitive se manifestait dans plusieurs domaines. Ma capacité de synthèse s’émoussait : pourquoi analyser dix sources quand l’IA peut les résumer, pourquoi regarder cette vidéo Youtube quand Notebook me la résume en trente secondes, etc. Ma curiosité naturelle s’étiolait : pourquoi explorer quand la réponse arrive toute cuite ?

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Le « slop » collectif : quand la paresse nuit à tous

L’effet le plus visible de cette démocratisation de l’IA est l’explosion de contenus génériques et superficiels que l’industrie appelle le « slop ». LinkedIn regorge d’articles aux structures identiques, aux insights convenus, aux call-to-action prévisibles. Cette uniformisation nuit à l’ensemble de l’écosystème professionnel.

En tant que professionnel du content marketing, j’ai une responsabilité particulière dans cette dégradation. Chaque contenu généré par IA que je publie sans valeur ajoutée humaine contribue à baisser la barre qualitative générale. Mes raccourcis personnels deviennent un problème collectif.

Cette prise de conscience a été déterminante dans ma démarche de sevrage. Il ne s’agissait plus seulement de retrouver ma créativité personnelle, mais de participer à l’élévation du niveau général des contenus professionnels.

L’explosion du contenu automatisé et ses conséquences

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2025, certaines études estiment que plus de 40% du contenu publié sur les plateformes professionnelles implique une assistance IA significative. Cette massification a des conséquences qualitatives évidentes : homogénéisation des styles, recyclage d’idées, pauvreté des angles originaux.

Sur LinkedIn, je reconnais désormais les articles générés par IA à leur structure prévisible : accroche question, trois points développés avec des émojis, conclusion en call-to-action. Cette standardisation appauvrit l’écosystème informationnel et crée une compétition déloyale entre contenus humains et automatisés.

L’ironie de cette situation m’interpelle : en cherchant à optimiser notre productivité individuelle via l’IA, nous dégradons collectivement la qualité de l’environnement informationnel dans lequel nous évoluons. Mes gains personnels contribuent aux pertes collectives.

Mais ça ne s’arrête pas là. Parce que jusqu’à peu, l’IA a été entrainée avec du contenu généré par des humains. Certes, il était imparfait. Maintenant, l’IA va nourrir l’IA. Et cela a déjà commencé. Les hallucinations de l’IA dans certains contenus nourrissent ses propres connaissances.

Pourquoi résister devient de plus en plus difficile

La sophistication croissante de l’IA rend la résistance psychologiquement de plus en plus coûteuse. Pourquoi passer trois heures sur une analyse concurrentielle quand Deep Research peut la produire en dix minutes ? Pourquoi chercher des angles originaux quand GPT-4o en propose quinze en trente secondes ?

Cette pression s’amplifie avec l’adoption massive par la concurrence. Refuser l’IA dans un environnement où elle devient la norme, c’est accepter un désavantage compétitif apparent. Cette logique de course à l’armement technologique pousse à l’adoption, même réticente.

Le paradoxe est que cette facilité apparente masque des coûts cachés : perte de différenciation, affaiblissement des compétences propres, dépendance technologique. Mais ces coûts étant différés et diffus, ils sont plus difficiles à percevoir que les bénéfices immédiats.

productivité et IA

Ma cure de désintoxication : retour aux fondamentaux

L’expérience du « mode avion créatif »

La prise de conscience de ma dépendance m’a conduit à une expérience radicale : rédiger un article complet sans aucune assistance IA, de la recherche documentaire à la publication finale. Cette expérience, que j’ai baptisée « mode avion créatif », m’a révélé l’étendue de ma dépendance et le chemin vers la reconquête de mon autonomie intellectuelle.

La première étape a été brutale. Habitué à commencer par un prompt pour structurer mes idées, je me retrouvais face à une page véritablement blanche. Cette sensation d’inconfort, que j’avais oubliée, m’a d’abord paralysé. Où trouver l’inspiration sans algorithme pour la stimuler ? Comment être sûr de mes angles sans validation artificielle ?

Puis, progressivement, quelque chose de familier a refait surface. Cette capacité d’association d’idées, de connexion entre expériences personnelles et enjeux professionnels, de formulation d’hypothèses originales. En l’espace d’une heure, j’ai redécouvert des mécanismes créatifs que deux ans d’usage IA avaient endormis.

Redécouverte de la pensée profonde et du flow créatif

Libéré de la tentation de consultation immédiate, j’ai redécouvert les joies de la réflexion prolongée. Cette capacité à maintenir un problème en suspension mentale, à le retourner sous différents angles, à laisser maturer les idées, l’IA me l’avait fait oublier par sa propension à fournir des réponses immédiates.

L’écriture manuelle, que j’ai réintégrée dans cette période de sevrage, a joué un rôle crucial. La lenteur du geste force à choisir ses mots, à construire sa pensée phrase après phrase. Cette contrainte physique, loin d’être un handicap, devient un filtre qualitatif qui améliore la densité intellectuelle du contenu produit.

J’ai également redécouvert le plaisir de la sérendipité créative : ces moments où deux idées apparemment distantes se connectent spontanément, où une formulation inattendue émerge, où l’écriture révèle des connexions que la réflexion préalable n’avait pas anticipées.

Les bénéfices inattendus de la « lenteur » créative

La qualité la plus surprenante de cette période de sevrage a été le retour du flow créatif. Ces moments d’immersion totale dans l’écriture, où le temps semble suspendu et où les mots viennent naturellement, l’IA les avait fragmentés par ses interruptions consultatives constantes.

L’authenticité de ma voix s’est également renforcée. Débarrassé des suggestions stylistiques de l’IA, j’ai retrouvé des tournures qui m’étaient propres, une façon de construire les arguments qui correspondait à ma personnalité intellectuelle. Cette singularité, que l’homogénéisation algorithmique gommait, est pourtant ce qui crée la valeur différentiante du contenu.

Enfin, j’ai retrouvé le plaisir de l’effort intellectuel. Cette satisfaction particulière qui accompagne la résolution d’un problème complexe par ses propres moyens, l’IA l’avait édulcorée en facilitant excessivement les processus de création.

Le protocole anti-addiction : mes 6 règles d’or

Règle n°1 : L’écriture manuscrite quotidienne pour reconnecter

Chaque matin, avant même d’ouvrir mon ordinateur, je consacre quinze minutes à l’écriture manuscrite. Pas nécessairement pour produire du contenu publiable, mais pour reconnecter avec ma pensée brute, non filtrée par l’interface numérique. Cette pratique, inspirée des « morning pages » de Julia Cameron, sert de gymnastique intellectuelle quotidienne.

Cette routine crée un espace mental préservé de toute influence algorithmique. Dans ces quelques pages griffonnées, je peux explorer des idées naissantes, formuler des hypothèses bancales, exprimer des doutes professionnels. Cette liberté totale, impossible face à l’IA qui suggère et oriente, régénère ma capacité d’innovation.

L’écriture manuscrite impose également un rythme différent. La lenteur du geste force à sélectionner les idées importantes, à construire progressivement l’argumentation. Cette contrainte temporelle, loin d’être un frein, devient un filtre qualitatif qui améliore la densité de la réflexion stratégique.

Règle n°2 : L’interdiction du « dump IA » pour respecter autrui

J’ai instauré une règle stricte : ne jamais transférer du contenu généré par IA à un collaborateur, un client ou un partenaire sans l’avoir substantiellement retravaillé et enrichi. Cette règle, apparemment simple, transforme profondément la relation à l’outil.

Le « dump IA » – cette pratique de copier-coller de contenu algorithmique – transforme ma paresse intellectuelle en charge de travail pour autrui. En m’interdisant cette facilité, je m’oblige à maintenir un niveau d’exigence personnel et à respecter le temps de mes interlocuteurs.

Cette contrainte pousse à utiliser l’IA comme point de départ plutôt que comme point d’arrivée. Une synthèse générée par Claude devient une base de réflexion, pas une livraison finale. Cette approche préserve ma valeur ajoutée intellectuelle tout en bénéficiant de l’efficacité de l’outil.

Le syndrome du prompt parfait

Règle n°3 : Les plages de déconnexion programmées

Trois créneaux de ma journée sont désormais « zones franches » : la première heure du matin, la pause déjeuner et la dernière heure de travail. Pendant ces périodes, tous les outils d’IA sont désactivés. Cette règle peut sembler artificielle, mais elle s’avère essentielle pour maintenir des espaces de réflexion autonome.

Ces moments de déconnexion programmée permettent à l’esprit de retrouver ses rythmes naturels. Sans la stimulation permanente des suggestions algorithmiques, la créativité peut reprendre ses droits. C’est souvent dans ces interstices que naissent les idées les plus originales.

L’effet bénéfique de ces pauses s’étend au-delà des créneaux définis. Savoir que des moments sans IA sont programmés change la relation à l’outil pendant les périodes d’usage. L’IA redevient un choix conscient plutôt qu’un réflexe automatique.

Règle n°4 : L’identification des moments critiques

Certaines phases du processus créatif ne peuvent être déléguées sans perdre l’essence même du travail intellectuel. J’ai identifié ces « moments critiques » où l’intervention humaine est irremplaçable : la définition de l’angle éditorial, la formulation de la thèse principale, la construction de la conclusion.

Cette identification demande une analyse fine de sa propre valeur ajoutée. Qu’est-ce qui me différencie d’un autre rédacteur ? Quelle est ma signature intellectuelle ? Ces questions, inconfortables mais essentielles, permettent de délimiter précisément le périmètre inaliénable de l’expertise humaine.

Dans ces moments critiques, l’IA peut informer mais ne peut pas décider. Elle peut suggérer des angles, mais c’est moi qui choisis celui qui correspond à ma vision. Elle peut proposer des structures, mais c’est moi qui détermine l’architecture argumentative. Cette distinction préserve l’authenticité intellectuelle.

Règle n°5 : La lecture intégrale des sources

Sous-traiter la lecture à l’IA est l’une des tentations les plus dangereuses de notre époque. Pourquoi lire un rapport de 50 pages quand ChatGPT peut en fournir un résumé en 2 minutes ? Cette logique, séduisante en surface, appauvrit dramatiquement la qualité de notre réflexion.

La lecture intégrale permet de saisir les nuances, les subtilités, les non-dits que les synthèses algorithmiques gomment. Elle offre également cette sérendipité de la découverte : tomber sur un détail inattendu qui ouvre une nouvelle piste de réflexion. Cette richesse informationnelle nourrit la créativité d’une manière que les résumés IA ne peuvent reproduire.

J’applique désormais une règle simple : toute source citée dans mes contenus doit avoir été lue intégralement par mes soins. Cette exigence, qui peut sembler évidente, était devenue optionnelle dans mon workflow optimisé par l’IA. La retrouver m’a redonné confiance en la solidité de mes analyses.

Règle n°6 : La responsabilité collective

Lutter contre l’addiction à l’IA ne peut être qu’un effort individuel. Elle nécessite une prise de conscience collective et une vigilance mutuelle. J’ai donc pris l’engagement de signaler les dérives que j’observe dans mon environnement professionnel, avec bienveillance mais sans complaisance.

Cette responsabilité s’exerce à différents niveaux. Face à un contenu manifestement généré par IA sans valeur ajoutée, je n’hésite plus à poser la question de sa pertinence. Lors de réunions où les participants lisent des synthèses IA sans avoir consulté les sources, j’introduis des éléments du document original pour relancer le débat.

Cette démarche vise autant à protéger la qualité collective qu’à maintenir ma propre discipline. En m’engageant publiquement sur ces principes, je crée un système d’accountability externe qui renforce ma motivation personnelle au sevrage.

La cure de désintoxication

L’IA comme amplificateur, pas substitut

Repenser la valeur ajoutée humaine

L’évolution rapide de l’IA m’a obligé à redéfinir ma valeur ajoutée professionnelle. Si l’IA excelle dans la production de contenu formaté et l’analyse de données massives, l’humain conserve des avantages décisifs : l’intuition stratégique, l’empathie contextuelle, la capacité à sortir du cadre.

Mon expérience chez Extencia m’a montré que les contenus les plus performants naissent de l’intersection entre expertise technique et compréhension humaine des enjeux clients. L’IA peut optimiser la forme, mais c’est l’expérience humaine qui détermine le fond. Cette répartition des rôles préserve la pertinence de l’intervention humaine.

Les articles historiques de ce site ont tous été écrits bien avant l’apparition des outils. Ils sont l’écho de mon parcours, le fruit de mon expérience. Ma voix. Je ne peux pas succomber à une génération automatique et confier mon identité numérique à une IA.

La clé réside dans l’acceptation que certaines tâches sont effectivement mieux réalisées par l’IA, tandis que d’autres nécessitent impérativement l’intelligence humaine. Cette lucidité évite à la fois le déni technologique et la capitulation intellectuelle.

L’art de la délégation intelligente à l’IA

Aujourd’hui, j’utilise l’IA pour amplifier mes capacités plutôt que pour les remplacer. Pour un article comme celui-ci, l’IA m’aide à vérifier la cohérence structurelle, à identifier les répétitions, à optimiser les transitions. Mais l’angle, la thèse, les exemples personnels viennent exclusivement de ma réflexion.

C’est aussi un super compagnon de brainstorming pour développer une idée, rebondir sur une autre, etc.

Cette approche nécessite de développer un nouvel art : savoir quand et comment déléguer à l’IA. Cette compétence, encore émergente, devient aussi stratégique que la maîtrise des outils traditionnels. Elle demande de comprendre finement les forces et faiblesses de chaque modèle.

L’objectif n’est plus de faire sans l’IA, mais de faire avec elle sans perdre son âme. Cette cohabitation intelligente préserve l’authenticité tout en bénéficiant de l’efficacité technologique. Elle demande vigilance et discipline, mais offre le meilleur des deux mondes.

Construire des workflows hybrides homme-machine

Ma méthode actuelle combine systématiquement réflexion humaine et assistance IA à des moments précis du processus créatif. Je commence toujours par définir manuellement l’angle et la thèse principale. Puis j’utilise l’IA pour enrichir la recherche documentaire et vérifier la complétude de mon raisonnement. Enfin, je reprends la main pour la rédaction des passages clés et la révision finale.

Cette hybridation requiert de nouveaux réflexes professionnels. Il faut apprendre à basculer consciemment entre modes humain et artificiel, à tirer parti de chacun au bon moment. Cette gymnastique intellectuelle, d’abord déroutante, devient rapidement naturelle.

L’enjeu est de créer des workflows où l’IA démultiplie l’efficacité humaine sans la parasiter. Cette alchimie, différente pour chaque professionnel, nécessite expérimentation et ajustements constants.

Mais le résultat en vaut la peine : retrouver le plaisir de créer sans renoncer aux bénéfices de l’innovation.

Maintenir son identité créative face à l’uniformisation

Cultiver sa singularité devient un enjeu existentiel pour tout créateur de contenu. Cette singularité ne réside pas dans la technique, que les machines maîtrisent désormais, mais dans la perspective unique que chaque humain apporte.

Claude peut imiter votre style d’écriture à la quasi perfection. Mais il ne transmets pas vos valeurs, vos anecdotes, votre style de vie, votre expérience, etc.

Votre identité créative, c’est votre façon personnelle de connecter des idées apparemment distantes, de formuler des analogies inattendues, de puiser dans votre expérience vécue pour éclairer des enjeux universels. Cette capacité d’association non-linéaire reste le domaine exclusif de l’intelligence humaine.

Cultiver cette singularité demande un effort conscient à l’ère de l’IA. Il faut résister à la standardisation algorithmique, oser les formulations personnelles, assumer ses obsessions intellectuelles. Cette authenticité, loin d’être un frein à l’efficacité, devient le principal facteur de différenciation dans un monde saturé de contenus formatés.

La cure de désintoxication à l'IA

L’addiction comme révélateur de nos fragilités humaines

Cette confession d’un accro à l’IA en voie de guérison révèle une vérité inconfortable : les algorithmes ne font qu’amplifier nos faiblesses humaines préexistantes. Notre tendance à chercher la facilité, notre besoin de validation, notre aversion pour l’incertitude – tous ces traits existaient bien avant ChatGPT.

L’IA agit comme un révélateur impitoyable de nos fragilités professionnelles et personnelles. Elle nous confronte à des questions que nous préférions éviter : quelle est notre vraie valeur ajoutée ? Sommes-nous prêts à accepter l’effort que demande l’excellence ? Avons-nous le courage de rester authentiques dans un monde d’optimisation algorithmique ?

Ma propre expérience m’a montré qu’il est possible de retrouver un équilibre, mais cela demande vigilance et discipline. Comme toute addiction, celle à l’IA ne se guérit pas définitivement : elle se gère au quotidien, par des choix conscients et répétés.

L’enjeu dépasse notre confort personnel. En acceptant collectivement la médiocrité algorithmique, nous dégradons l’environnement informationnel dans lequel nous évoluons. En résistant individuellement à cette facilité, nous contribuons à maintenir un niveau d’exigence bénéfique pour tous.

L’intelligence artificielle n’est ni notre ennemie, ni notre meilleure alliée. Elle est ce que nous en faisons. À nous de choisir : subir sa puissance addictive ou apprendre à la domestiquer. Cette maîtrise commence par la connaissance de soi et s’épanouit dans la discipline personnelle.

Car au final, la vraie intelligence artificielle, c’est celle qui nous aide à devenir plus intelligemment humains.

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