Publicis groupe sa : Pourquoi, l’action Publicis s’est brusquement retournée à la baisse, malgré une croissance qui laisse à quai la concurrence


(BFM Bourse) – Le groupe publicitaire a une nouvelle fois atomisé les attentes, avec une croissance en données comparables de 5,9% au deuxième trimestre. La société a légèrement relevé sa cible de croissance. Mais le marché passe outre ces bonnes performances et le titre accuse le plus fort repli du CAC 40.

C’est ce que l’on appelle, sur le marché, un “beat and raise”, lorsqu’une entreprise dépasse les attentes et relève ses objectifs.

Ce qui est le cas de Publicis, première société du CAC 40 à livrer des résultats complets en cette saison de publications semestrielles. Le groupe publicitaire a encore dégagé une croissance nettement au-dessus du consensus et a rehaussé sa cible de croissance pour 2025.

Pourtant le marché sanctionne ces bonnes annonces. À la Bourse de Paris, le titre de la société recule de 2,3%% vers 12h10, après avoir ouvert en hausse de 3,8%.

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Un relèvement de perspectives trop léger et un commentaire négatif sur Sapient

“Nous pensons que le marché peut être déçu par la timide révision à la hausse des prévisions pour l’ensemble de l’année, qui implique un ralentissement au second semestre par rapport au premier”, explique à BFM Bourse, Adrien de Saint Hilaire, analyste chez Bank of America.

Publicis n’a que “modestement” relevé son objectif de croissance en données comparables, à “autour de 5%”, contre “4% à 5%” précédemment. Ce qui implique une décélération au second semestre en données comparables (à 4,5% pour le second semestre contre 5,4% pour le premier).

“Nous pensons que ces nouvelles prévisions sont prudentes car elles contiennent de nombreux commentaires de précaution sur l’environnement macroéconomique”, poursuit Adrien de Saint Hilaire.

Interrogés, plusieurs autres spécialistes de la valeur avancent comme piste le fait que la direction de la société a souligné “la disruption du secteur de la publicité et de la communication”, comme source d’inquiétude du marché, quand bien même la direction a assuré que cela favorisait le groupe.

Deux analystes remarquent aussi que le décrochage de l’action a coïncidé avec le moment où le PDG, Arthur Sadoun, a donné des indications sur Sapient, filiale de transformation numérique et consulting digital et qui représente environ 15% des revenus de la société. Le dirigeant a expliqué que Sapient afficherait encore une performance négative au second semestre, en ligne avec celle du premier, et malgré une légère amélioration temporaire au deuxième trimestre.

Le PDG a néanmoins précisé que cette tendance était intégrée dans les perspectives de l’entreprise. “De toute façon cela ne mérite pas une baisse de plus de 2% de l’action”, estime un analyste. “Honnêtement, les fondamentaux sont bons et la baisse n’est pas méritée, même s’il est vrai que le marché est attentif sur Sapient. Cela revient à se focaliser sur le seul point négatif”, abonde un autre.

La concurrence dans le rétroviseur

Pour revenir aux résultats du groupe, au deuxième trimestre, Publicis a généré des revenus (*) de 3,62 milliards d’euros, traduisant une croissance de 4,6% en donnée publiées et de 5,9% en données organiques (à taux de changes et périmètre constants). Ce dernier taux traduit une accélération par rapport aux 4,9% enregistrés au premier trimestre.

Surtout la croissance de Publicis dépasse allègrement les attentes. Selon un consensus cité par Allnvest Securities, les analystes tablaient sur une progression des revenus de 4,5% en données comparables au deuxième trimestre et UBS retenait une hausse de 4,8%. Oddo BHF salue “une croissance organique très solide”.

Publicis laisse une nouvelle fois à quai la concurrence. L’entreprise explique que sa croissance organique traduit une surperformance de 800 points de base (8 points de pourcentage) par rapport à la moyenne de ses concurrents (Dentsu, WPP, Omnicom, Interpublic) au deuxième trimestre.

Oddo BHF remarque au passage que la performance du groupe excède nettement celle de WPP (qui avait livré une croissance de 3% au deuxième trimestre sur la base du chiffre d’affaires et non du revenu net).

Publicis confirme “son leadership avec un écart qui s’accroit par rapport à la moyenne du secteur compte tenu de la très forte baisse pour WPP (qui lui a évoqué une décroissance de son chiffre d’affaires de 5,5% à 6% pour le deuxième trimestre, NDLR). L’écart entre les deux agences devrait être de 10 points sur le trimestre, ce qui est le plus haut niveau jamais atteint”, poursuit le courtier.

La société a distancé ses rivaux en termes de gains de nouveaux contrats. En net, Publicis a, selon des donnés de JPMorgan, engrangé pour 5,2 milliards d’euros de nouvelles facturations nettes au premier semestre 2025, un chiffre qui place le groupe loin, très loin devant son rival le plus proche (Interpublic avec 200 millions d’euros).

La société a remporté plusieurs contrats emblématiques sur la période, notamment le budget média aux États-Unis et au Canada de Coca-Cola ou encore le budget média Mars, estimé à 1,7 milliard de dollars. Ces deux contrats ont été raflé à la barbe de WPP, qui les détenait précédemment.

Un modèle différenciant

En sus de ces succès commerciaux, l’entreprise affiche une bonne rétention de sa clientèle. “Non seulement nous gagnons plus de la concurrence mais nous perdons moins. Nous n’avons pas perdu un seul gros client depuis le début de l’année. Au sein de ces clients existants, malgré l’incertitude macroéconomique, nous avons fait croître nos revenus de près de 300 points de base (soit 3 points de pourcentage)”, a expliqué le PDG de la société, Arthur Sadoun, aux analystes.

“La tendance reste donc très bonne et les gains de Paint de marché de Publicis se poursuivent”, constate Oddo BHF.

La société tire une nouvelle fois les fruits de sa transformation vers les données, le numérique et l’intelligence artificielle. Le groupe a souligné avoir investi environ 12 milliards d’euros depuis 2015, chiffre qui inclut les rachats de la société de transformation numérique Sapient et le spécialiste de l’analyse de données et du marketing digital Epsilon.

Autant d’initiatives qui ont amené Publicis à proposer une offre combinant création et donnés, avec une personnalisation à grande échelle pur les clients. Et donc à se différencier.

Publicis s’est démarqué de ses pairs en investissant massivement dans la data (Epsilon) et la transformation digitale (Sapient) ce qui lui confère l’avantage” par rapport à ses concurrents “de pouvoir se positionner auprès des annonceurs en qualité d’architecte d’écosystèmes omnicanal avec du conseil sur la vision de marque à long terme et l’usage de l’IA, la création d’interactions avec d’autres plateformes (Amazon, Google, locales, TikTok …), la génération d’écosystèmes data propriétaires en dehors de Meta (qui représente cependant environ 50% des budgets digitaux), des prestations de conformité RGPD”, développe TP ICAP Midcap.

Des dépenses de clients qui ne ralentissent pas

Concernant les résultats semestriels, le groupe a dégagé une croissance de 5,4% en données comparables sur l’ensemble des six premiers mois de 2025. La marge opérationnelle a progressé de 7,1% à 1,24 milliard d’euros, représentant 17,4% du chiffre d’affaires, contre 17,3% sur les six premiers mois de 2024 et 17,4% attendu par le consensus. Le bénéfice net de la société a progressé de 6,6% sur un an à 824 millions d’euros. Le flux de trésorerie avant variation du besoin en fonds de roulement a lui augmenté de 11,3% à 828 millions d’euros.

Fort de ce bon premier semestre, Publicis a, donc, relevé sa prévision de croissance pour l’année 2025. Le groupe publicitaire a indiqué tabler sur une croissance en données comparables “proche” de 5% contre 4% à 5% précédemment. Le groupe entend par ailleurs faire progresser sa marge “légèrement” par rapport aux 18% enregistrés en 2024.

A contrario, Publicis a abaissé sa cible de flux de trésorerie en raison d’effets de changes négatives évalués autour de 80 millions d’euros. La société table ainsi sur un “free cash flow” d’environ 1,9 milliard d’euros contre 1,9 milliard à 2 milliards d’euros précédemment.

Interrogé sur les dépenses de ses clients à l’heure où l’incertitude macroéconomique prévaut, Arthur Sadoun a assuré ne pas avoir constaté de changement palpable entre le premier et le deuxième trimestre.

“Peut être que nous attendons quelques impacts au second semestre mais jusqu’ici tout va bien”, a-t-il assuré. “Les clients comprennent très bien qu’ils doivent investir dans le marketing s’ils veulent préserver et faire croître leurs parts de marché”, a ajouré le dirigeant.

Arthur Sadoun a souligné aussi que le secteur de la société était “bouleversé” avec “nos deux plus importants concurrents qui réduisent les coûts, se restructurent et connaissent des changements de direction” alors que dans le même temps “nos clients n’ont jamais autant eu besoin d’être accompagnés à un moment où l’IA modifie le paysage concurrentiel”.

Dans ce contexte, Publics est “en position de force” car le groupe a déjà réalisé sa transformation, a-t-il assuré. “Et nos quasi-700 millions d’euros de gains organiques de revenus nets nous donnent la force de frappe pour investir dans note modèle et nos employés”, a poursuivi Arthur Sadoun.

Dans cette optique, Publicis compte continuer à remporter des gains de contrats et se renforcer dans l’IA via des acquisitions ciblées.

(*) Pour simplifier, nous faisons référence ici aux revenus nets de la société qui correspondent aux revenus après déduction des coûts refacturables aux clients.

Julien Marion – ©2025 BFM Bourse

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