Quitter le marketing et la communication pour devenir fleuriste, pâtissière, ou cuisinière


Prendre une année sabbatique et partir à l’autre bout du monde, en Australie et en Asie… C’est le choix qu’a fait Léa Cécile, en 2023, pour renouer avec le voyage, l’une de ses passions, mise en pause pendant la crise du Covid. Une manière aussi de prendre du temps pour elle et de réfléchir à son avenir, après huit années passées dans une agence de communication parisienne, où « tout est allé assez vite depuis la fin de mes études », confie-t-elle.

« Pendant le Covid, j’ai beaucoup cogité sur ce que je voulais faire de ma vie, je regardais toutes les émissions avec des Français qui ont changé de vie. C’est durant mon voyage, que j’ai décidé de travailler dans des hôtels et des restaurants pour me faire une idée du secteur et poser mes idées sur le papier », témoigne la jeune femme. Ce qui n’était alors qu’un rêve se transforme en projet concret : d’ici la fin de l’année 2026, elle veut « ouvrir un café cantine » à Barcelone, où elle vit depuis un an et demi. En attendant, Léa est à la tête du département marketing d’une agence événementielle, un moyen « de pouvoir préparer mon projet tranquillement tout en m’assurant un revenu ».

Comme elle, de nombreux actifs ont choisi de se reconvertir à la suite de la crise du Covid. D’après le dernier baromètre de la formation et de l’emploi de Centre Inffo, un actif sur cinq (20 %) était en train de préparer une reconversion professionnelle en 2021. Ce pourcentage, qui est monté à 21 % lors des trois années suivantes, est en légère baisse cette année (18 %). À noter que sur ces actifs, 83 % d’entre eux suivent ou ont suivi une formation spécifique, qui peut notamment être dispensée par des organismes de formation.

Des formations en présentiel et en ligne

Dans cette liste, on peut citer L’Atelier des chefs. Depuis 2017, cette plateforme en ligne, qui proposait jusqu’alors des cours de cuisine, offre « des formations digitales », axées « uniquement sur des métiers de la main et de l’humain ». « C’est vrai que le concept de formation digitale à un métier manuel est complètement contre-intuitif », explique Nicolas Bergerault, fondateur de l’Atelier des chefs. « On ne peut pas apprendre un de ces métiers uniquement en regardant votre ordinateur ou votre téléphone, c’est pour cela qu’il y a un équilibre entre théorie et pratique. »

Cette année, l’Atelier des Chefs peut former sur 17 métiers, allant de cuisinier à plombier, en passant par fleuriste, ou encore pâtissier. De par leur côté asynchrone, « c’est-à-dire que les gens se forment à leur rythme, en fonction de leur emploi du temps », précise Nicolas Bergerault, les formations sont pensées pour les personnes en reconversion.

Résultat : de nombreux alumni de l’Atelier des Chefs ont créé leur entreprise, en région parisienne ou à l’autre bout du monde. En montrant une carte répertoriant les établissements créés par ces alumni, Nicolas Bergerault sourit devant l’un d’entre eux, situé au Japon. L’année prochaine, il pourra peut-être faire de même en regardant du côté de Barcelone, avec l’établissement créé par Léa, ou du côté de Deulemeont, dans le Nord, où Fanny Sauvage s’est lancée en tant que fleuriste.

Une reconversion subie

Lorsque le magasin de décorations où elle travaillait en tant que responsable a été liquidé, Fanny s’est tournée vers le métier de fleuriste. Un métier qui l’a toujours suivi dans sa carrière. « Quand je travaillais dans l’événementiel [secteur dans lequel elle a évolué pendant dix ans], j’avais une facilité à faire des décorations florales. Ce métier était évident ! »

Un métier manuel, l’un des plus recherchés par les Français en reconversion selon une étude de plaqueplaquiste.fr, dans lequel Fanny retrouve tout ce qu’elle aime : « le commerce », « le contact avec les gens » et du management, puisqu’elle a lancé au début du mois d’avril son entreprise La Biche Sauvage. Aucun local commercial dans sa commune, située à une trentaine de minutes de Lille, pour confectionner les bouquets ou réceptionner les fleurs. Pas de problème ! Son garage est aménagé en atelier et les réseaux sociaux sont utilisés comme une vitrine, « pour se faire connaître et pour vendre ».

Avec cette reconversion, Fanny retrouve un côté événementiel qui lui « a beaucoup plu pendant 10 ans », en multipliant ses activités avec un stand au bord de la route, des ventes spéciales avec des associations ou des écoles, ou encore un atelier de création une fois par mois. « Je savais qu’avec le métier de fleuriste, ce côté événementiel allait revenir avec les mariages, les anniversaires, ou les baptêmes », reconnaît-elle. N’ayant pas eu la possibilité d’avoir un magasin, elle a dû adapter son organisation et devenir « assez mobile », en installant un stand au bord de la route ou en animant des ateliers floraux dans le village voisin par exemple.

Le Covid, « un vrai déclic »

La reconversion de Caroline Gaudin, 43 ans, n’est liée à aucune des deux raisons évoquées précédemment. Au poste de responsable communication au sein de l’institut BVA Family pendant 14 ans, elle avait « un peu ras-le-bol » de son métier. « Le poste que j’avais était hyper large, je faisais de la commande interne, de la commande externe, du corporate, du marketing, un peu de RH… Je touchais vraiment à tout et c’était génial, ce genre de job n’existait nulle part ailleurs. Malgré tout, j’avais fait le tour et je finissais par tourner en rond ».

Pour elle aussi, le Covid, période lors de laquelle l’entreprise où elle travaillait était en redressement judiciaire, a été « un vrai déclic ». Deux semaines avant l’annonce du tribunal de commerce, alors dans le flou concernant son avenir, elle envisage de monter une pâtisserie à l’étranger. « J’ai toujours dit qu’un jour j’aimerais en faire mon métier, mais ce n’était jamais trop sérieux. Au final, la boîte a été remise sur pied, et il y a une partie de moi qui regrettais de ne pas avoir été poussée à lancer mon projet. » Caroline en prend alors conscience. Elle se promet de rester un ou deux ans, le temps qu’il faut pour remettre la boîte d’aplomb, avant de se lancer dans sa reconversion.

Habituée à préparer des gâteaux pour se faire plaisir et « faire plaisir autour de soi », elle réalise désormais des stages dans les cuisines des hôtels de luxe parisiens. « Au début, c’était assez perturbant », admet-elle. « J’étais avec des gamins de 20 ans qui ont quatre ans de pâtisserie derrière eux, voir plus, et qui sont bien meilleurs que moiIl faut accepter de redevenir la petite débutante. » Il n’y a pas d’âge pour entamer une reconversion.



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