L’une des vidéos, celle de l’agression, a rapidement connu une large viralité sur Facebook. De quoi interroger : comment ces contenus peuvent-ils circuler si facilement, alors même que les plateformes se montrent d’ordinaire très strictes sur certains sujets, comme la nudité ?
“Une vidéo violente n’a rien à faire sur une plateforme comme Facebook, quelles que soient les circonstances”, explique Xavier Degraux, consultant en marketing digital et spécialiste des réseaux sociaux. “Si elle reste en ligne plus de 24 heures, c’est qu’il y a probablement une faille dans la modération. Ou alors, mais c’est une hypothèse, que la police ou la justice a volontairement demandé qu’on ne la retire pas tout de suite, pour observer les réactions ou identifier des témoins dans les commentaires.”
Un algorithme qui aime l’émotion
Parallèlement à la diffusion des vidéos, une cagnotte a été lancée par les proches de Grégory Lenoci. “L’algorithme de Meta ne sait pas ce qu’est une cagnotte”, analyse Xavier Degraux. “Il n’a pas de bouton “mettre en avant une récolte de fonds”. Ce qu’il comprend, c’est l’émotion que la publication génère. Quand elle suscite de la colère, de l’indignation, du soutien, et surtout beaucoup de commentaires et de partages, là, l’algorithme se dit : “ça, c’est un contenu qui engage”. Et donc, il le pousse. Ce n’est pas la cagnotte en soi qui devient virale, c’est ce qu’elle représente dans l’histoire.”
La compagne de Grégory Lenoci témoigne : “Il a supplié les policiers d’agir…”
À cela, il faut ajouter la création d’un groupe de soutien à Grégory Lenoci, qui connaît un grand succès. “Ce qui se passe dans les groupes Facebook, c’est une espèce de chambre d’écho émotionnelle. C’est un environnement où les gens partagent les mêmes valeurs, les mêmes colères. Du coup, l’engagement est bien plus fort.”
Reste que depuis l’arrivée de Donald Trump, on observe un certain relâchement sur la modération. “Meta a fait évoluer ses règles aux États-Unis, rappelle Xavier Degraux. Des contenus qui avaient été interdits – par exemple des propos transphobes ou très clivants – sont redevenus autorisés. En Europe, on reste plus strict, notamment grâce au Digital Services Act de l’Union européenne. Mais dans les faits, Meta a réduit, également en Europe, le nombre de modérateurs. “