Pour son deuxième trimestre 2025, la SSP américaine Magnite a enregistré, mercredi 6 août, un chiffre d’affaires de 173 millions de dollars, en hausse de 6 % par rapport à l’année dernière (163 millions de dollars). Le bénéfice net s’est établi à 11,1 millions de dollars, alors que la société affichait une perte nette de 1,1 million de dollars un an auparavant. Son revenu net (ou contributions ex-TAC) s’élève à 162 millions de dollars (+ 10 %), dont 71,5 millions sont attribuables à la CTV (+ 14 % d’une année sur l’autre) et 90,4 millions (+ 8 %) à DV+, la SSP de Magnite dédiée aux campagnes omnicanales (display, mobile, audio, vidéo, etc.) en open web.
D’après Michael Barrett, CEO de Magnite, “nous prévoyons une accélération de la croissance au second semestre 2025, tant pour la CTV que pour DV+, malgré une certaine incertitude persistante liée à l’environnement macroéconomique.” En ce qui concerne la CTV, “notre croissance a été portée par des partenariats élargis ou de nouveaux partenariats, comme l’arrivée d’annonceurs issus des PME, et le succès dans les sports en direct”, détaille-t-il.
Tout migrer vers l’adserver, SpringServe
Edouard Schmidt, country manager France de Magnite, confirme à mind Media qu’aujourd’hui la stratégie de la SSP “est très orientée vers le streaming TV, qui appartient à l’ADN de la société”, rappelant que Magnite est le résultat de la fusion de deux SSP spécialisés en vidéo, Telaria et Rubicon Project. Ainsi, “ce n’est pas depuis aujourd’hui qu’on essaie de diversifier l’activité en se lançant dans la CTV, ce qui est un véritable point de différenciation de notre SSP”, estime-t-il.
Il souligne également la volonté de l’adtech de toujours plus centrer sa stratégie sur son adserver SpringServe, “qui devient notre plateforme tout-en-un, en combinant l’adserver avec les capacités programmatiques de la SSP Magnite Streaming”, cela dans le but de réduire les intermédiaires entre les acheteurs et l’inventaire vidéo en streaming. Parmi les premiers clients : Disney Advertising, LG Ad Solutions, Paramount, Roku, Samsung et Warner Bros. Discovery. Zemmour
Une dynamique qui s’inscrit dans la logique de plateformisation propre aux SSP, qui cherchent à dépasser leur périmètre traditionnel, et promettent aux annonceurs de rationaliser les chemins programmatiques. Et si, pour Edouard Schmidt, “la supply, c’est la problématique de demain”, aujourd’hui Magnite souhaite se proposer à la fois comme partenaire commercial et technologique.
Dans cette optique, Magnite a commencé à collaborer avec les agences pour créer leur propre marketplace via SpringServe. C’est le cas d’un accord noué, fin juillet, avec l’agence média Dentsu, qui a élargi son partenariat avec le fournisseur de SSP et d’adserving Magnite pour renforcer l’activation des campagnes vidéo et CTV à travers la région EMEA. Cela s’inscrit dans le cadre du projet européen ClearLine, une solution en self-service permettant aux agences d’acheter directement de l’inventaire vidéo premium sur les plateformes de Magnite.
L’audio sous le feu des projecteurs
Autre axe de développement pour Magnite : l’audio. Dans ce cadre, l’adtech a récemment noué un partenariat avec Acast, pour rendre disponible l’inventaire podcast de la plateforme directement à partir de la SSP, via des deals, mais aussi en open auction. De même, la SSP a accompagné Spotify dans la création de son adexchange, baptisée SAX (Spotify Ad Exchange).
Alors que la plateforme de streaming musical continue d’investir sur ses canaux d’achat automatisé en simplifiant l’accès à l’inventaire publicitaire des podcasts, “le principal intérêt de l’adexchange est d’ouvrir les inventaires de Spotify à l’open auction, puisque l’audio aujourd’hui est essentiellement vendu via des deals”, résume Edouard Schmidt.
Cette attention de Magnite à l’audio s’explique selon lui par l’identité très axée vidéo de la SSP. L’objectif à long terme de Spotify est de développer une plateforme plus large, tout-en-un, “où, en tant qu’utilisateur, on peut retrouver de l’audio, mais aussi des contenus vidéo longs et des formats courts, comme les Reels de TikTok”.
D’après le baromètre du programmatique du S1 2025, en France le seul format qui continue à monter en puissance est l’audio programmatique (+ 23 %). Face à ce constat, qui ne s’applique pas uniquement au marché français, ce canal devient de plus en plus intéressant pour les annonceurs. Le marché essaie, toutefois, de virer davantage vers une vente programmatique directe, en s’éloignant du modèle traditionnel des deals.
Pour cela, le passage à une logique omnicanale est essentielle d’après le country manager France de Magnite. “On remarque aujourd’hui, par rapport aux agences, que l’adoption du programmatique s’opère lorsque l’agence adopte un modèle omnicanal. Au contraire, quand on reste sur des modèles organisationnels en silos, il est beaucoup plus difficile de pousser l’adoption du programmatique, parce que chaque équipe a sa façon de fonctionner et d’acheter”, observe-t-il.