“Je voulais vraiment partager ma passion”: rencontre avec Mr. Rallybike, l’américano-iranien qui fédère 260.000 fans de hard enduro sur les réseaux sociaux à Monaco


Vous pouvez l’appeler Aottropate Poorhassan mais il est plus connu sous le nom de Mr. Rallybike. Cet américano-iranien, qui a débarqué à Monaco en 2012 pour faire ses études à l’IUM, jouit aujourd’hui d’une belle notoriété sur les réseaux sociaux. Plus de 260.000 personnes sont abonnées à son compte qui dépeint l’univers du hard enduro, une discipline tout-terrain longue-distance éprouvante mais populaire, qui ne cesse de gagner du terrain dans le monde du deux-roues.

À la tête de son agence de marketing digital, ce Parisien d’origine a longtemps hésité avant de se plonger dans sa passion de longue date, la moto. “Pendant des années, je n’étais pas à ma place, se souvient le principal intéressé. Je n’avais pas confiance en moi, ni le courage pour me lancer.”

De la banlieue parisienne à la Principauté

Cette passion, Aottropate Poorhassan la cultive depuis ses 5 ans. “Je me souviens de la première fois que je suis tombé sous le charme. J’étais dans la voiture quand mon père est passé à côté d’un terrain de motocross. Je tourne la tête et je vois toutes ces motos sauter dans les airs et faire des trucs fun. Là, je me suis dit que c’était quelque chose qui me plairait. J’avais envie d’essayer donc je lui ai demandé plusieurs fois. Bien sûr, un père n’est pas tellement enthousiaste à l’idée que son fils fasse ce genre de choses, surtout qu’il n’est pas dans le sport ou la mécanique. Mais il a craqué !”

Le natif des Yvelines en a fait pendant deux mois avant que la moto ne disparaisse de sa vie pendant de longues années. “Je n’y ai plus jamais retouché jusqu’à mon arrivée à Monaco en 2012. Je me suis rendu compte que le trafic ici est assez compliqué alors j’ai passé mon permis et je me suis acheté ma première moto. Rapidement, la flamme s’est rallumée. À la base, c’était vraiment pour faire le trajet entre l’école et la maison. Puis j’ai découvert la région. J’ai réalisé qu’il y avait les montagnes juste à côté avec des paysages magnifiques.”

Deux ans plus tard, le jeune homme de 32 ans se met à l’enduro sur des sentiers le week-end avec des amis. “J’adore la nature et la moto procure une sensation de liberté qu’on n’arrive pas à avoir ailleurs. On est vraiment seul. Quand on roule et qu’on est debout, on ne voit même plus la moto. On a l’impression de voler.”

Au fil du temps, cet autodidacte se forme à l’école YouTube en essayant de reproduire sur le terrain ce qu’il visionne sur les écrans. “À chaque sortie, j’ai toujours essayé d’apprendre quelque chose de nouveau pour progresser. Après deux ou trois ans, j’ai commencé à prendre du niveau et j’ai vraiment adoré. J’ai eu un déclic quand je me suis acheté une autre moto pour faire du trail.”

Les premiers pas dans la jungle Internet

Grâce à sa formation dans le marketing digital, le résident monégasque se lance à l’aveugle dans la jungle Internet. “Début 2023, j’ai commencé à faire des vidéos et à poster sans véritable stratégie.” Après des premiers pas hésitants, Aottropate Poorhassan trouve sa patte. “Je voulais vraiment partager ma passion et me connecter davantage aux gens. Je me suis demandé comment le faire et j’ai trouvé un concept de tutoriel qui marche très bien avec une touche humoristique en montrant et expliquant différentes techniques de conduite. Je l’ai fait parce que j’aurais bien voulu tomber sur une page explicative à mes débuts.”

En quelques mois seulement, la page de Mr. Rallybike a eu un succès fulgurant, passant de 20.000 à quelque 260.000 abonnés.

En parallèle, celui-ci a décidé de se mettre à la compétition et de documenter ses aventures. Il y a quelques jours seulement, Aottropate Poorhassan a participé à l’une de ses premières compétitions, la Red Bull Romaniacs. Une course “mythique” en Roumanie. “L’une des plus difficiles au monde.”

Celle-ci se distingue par sa difficulté et sa longue-distance. Sur cinq jours, les participants — dans la catégorie aventure, ajoutée cette année — doivent d’abord procéder à une course d’obstacles. “On passe des rondins énormes et des passerelles avec des sauts.” À l’issue, un classement établit l’ordre de départ du périple qui attend les participants sur les quatre jours suivants. “On est partis dans les Carpates. On a fait 180 kilomètres en moyenne avec des pentes très raides. On peut le comparer à des sentiers de randonnée avec des zigzags, des grosses roches et des racines dans tous les sens.”

Résultat, une quinzième place sur 40 et des souvenirs plein la tête. “Il y avait une ambiance de folie avec environ 1 200 motos. C’était génial de se retrouver avec des gens qui partagent tous la même passion. On était tous comme des enfants. C’étaient de beaux moments où on explique d’où on vient, on raconte notre histoire.”

Une communauté mondiale et un ranch dans le 06

Tout juste rentré de son aventure roumaine, le résident monégasque poursuit ses projets, dont celui d’une communauté mondiale 2.0. “Je veux vraiment donner aux gens plus que des simples vidéos donc j’ai créé une communauté représentée sur une carte du monde où les gens peuvent s’inscrire qu’ils soient aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Inde… En inscrivant leur géolocalisation, ils peuvent voir qui d’autre roule autour d’eux. Ils peuvent se contacter et organiser des sorties entre eux.” Et le concept fonctionne. “J’ai déjà reçu plusieurs messages de personnes qui m’ont remercié car ils ont rencontré des amis grâce à moi. C’est très gratifiant parce qu’on passe du digital au réel.”

En parallèle, Mr. Rallybike se prépare à créer sa propre marque de vêtements spécialisée dans le rallye. “Je mets souvent le même jean et j’ai eu beaucoup de commentaires pour me demander sa provenance alors que je l’ai fait moi-même avec une protection que j’ai cousue. Je me suis dit pourquoi ne pas le mettre en vente et faire des t-shirts et des pulls?”

Enfin, et c’est la cerise sur le gâteau, Aottropate Poorhassan travaille secrètement sur l’ouverture d’un ranch à une heure de route de Nice. “Ce sera un endroit où les gens pourront dormir dans des tentes au style américain. Ce sera dans une ambiance cow-boy mais on remplacera les chevaux par des motos [rires]. On mettra en place des tours organisés sur plusieurs jours avec des événements que j’organiserai.” Ouverture prévue pour le mois de novembre.

Le trentenaire lors de sa participation à la Red Bull Romaniacs, en Roumanie. Photo DR.



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