La Poste a annoncé la suspension temporaire de ses envois de colis vers les États-Unis à compter du 25 août 2025. Cette décision, qui concerne aussi plusieurs autres opérateurs postaux européens, fait suite à un changement majeur des règles douanières américaines. Pour les e-commerçants habitués à expédier leurs produits par l’intermédiaire du réseau postal classique, l’impact est immédiat et douloureux.
La fin d’une franchise qui faisait respirer le commerce en ligne
Pendant des années, les petits colis envoyés vers les États-Unis bénéficiaient d’un passe-droit fiscal. En dessous de 800 dollars (environ 690 euros en cette fin août 2025), ils entraient sans droits de douane. Cette franchise, appelée de minimis, facilitait grandement les échanges internationaux, en particulier pour les boutiques en ligne. Mais le décret signé le 30 juillet par Donald Trump change la donne.
Dès le 29 août 2025, les colis en provenance de l’Union européenne seront taxés dès le premier dollar, « au même niveau que les autres produits provenant de l’UE, soit à 15% », écrit l’AFP. Pire encore pour les vendeurs, les droits de douane doivent désormais être réglés par l’expéditeur, en amont de l’entrée du colis sur le sol américain, faute de quoi celui-ci se verra refoulé. Autrement dit, impossible de faire supporter la facture douanière au client final, comme cela pouvait être le cas jusqu’ici.
À partir du lundi 25 août à 8 h et jusqu’à nouvel ordre, La Poste suspend temporairement certaines expéditions vers les États-Unis.
« Du fait de spécifications et modalités techniques toujours incomplètes et du délai extrêmement court pour se préparer », La Poste se dit, dans un communiqué transmis à l’AFP, « contrainte » de suspendre ses envois. La décision s’applique à tous les colis contenant des marchandises, à l’exception des cadeaux entre particuliers d’une valeur inférieure à 100 dollars et des envois par Chronopost. Les nouveaux droits de douane mis en place par Donald Trump plongent ainsi les e-commerçants dans l’embarras, incapables d’anticiper les surcoûts et les démarches administratives.
Seuls les envois de cadeaux entre particuliers de moins de 100 dollars seront maintenus, n’étant pas concernés par cette taxe.
Un coup de massue pour les petites entreprises commerciales
Chaque année, La Poste expédie environ 1,6 million de colis vers les États-Unis, dont 80 % proviennent d’entreprises. Derrière ces chiffres se cachent des milliers de petits acteurs du e-commerce, qui comptent sur le marché américain pour se développer. Leur modèle repose sur une logistique accessible et relativement peu coûteuse. Avec cette suspension, les e-commerçants se retrouvent face à un dilemme. Il s’agit soit d’interrompre leurs ventes aux États-Unis, soit d’absorber les coûts d’options plus chères comme Chronopost, FedEx ou UPS.
La France n’est pas seule dans ce cas. L’allemand Deutsche Post, le belge BPost, l’espagnol Correos, l’autrichien Austrian Post ou encore PostNord ont pris des décisions similaires. Et le malaise est continental. L’organisation PostEurop a même prévenu que la nouvelle réglementation américaine pourrait provoquer une suspension généralisée des envois postaux vers les États-Unis à l’échelle du continent.
Malgré des discussions avec les services de la douane américaine, aucun délai n’a été accordé aux opérateurs postaux pour s’organiser et assurer les développements informatiques nécessaires à la mise en conformité avec les nouvelles règles fixées.
À l’origine, cette réforme visait surtout les géants asiatiques du e-commerce comme Shein ou Temu, accusés de contourner les règles grâce à l’exemption de minimis. Mais sa généralisation a pris de court tout le secteur. Les grandes plateformes sauront sans doute absorber ce durcissement, mais pour les petites boutiques européennes, l’effet est immédiat et peut être brutal.
La Poste affirme « mettre tout en œuvre pour permettre dès que possible la reprise de tous les envois en conformité avec la nouvelle réglementation ». En attendant, de nombreux e-commerçants doivent revoir leurs plans. Cette suspension des envois vers les États-Unis illustre à quel point un changement douanier peut bouleverser en quelques jours la stratégie d’internationalisation des petites entreprises.