L’IA séduit de plus en plus d’Américains, mais Google et ses concurrents n’ont rien perdu de leur domination. Une nouvelle étude signée SparkToro et Datos (filiale de Semrush) révèle que si près de 40 % des Américains utilisent désormais un outil d’intelligence artificielle chaque mois, 95 % continuent à se tourner vers les moteurs de recherche classiques.
Ce qu’il faut retenir :
- 20 % des Américains sont des “power users” de l’IA : ils y recourent plus de 10 fois par mois.
- 95 % des internautes utilisent toujours la recherche classique : Google et consorts restent incontournables.
- La croissance de l’IA ralentit : après une forte accélération en 2023-2024, les taux d’adoption tendent vers un plateau.
- En France et en Europe, l’adoption grimpe : la part d’utilisateurs est désormais supérieure de 10 points à celle des États-Unis.
L’adoption fulgurante, mais qui ralentit
En deux ans seulement, l’usage des outils d’IA a explosé : de 8 % en janvier 2023, la part d’utilisateurs américains est passée à près de 38 % mi-2025. Parmi eux, 1 Américain sur 5 peut être qualifié d’« utilisateur intensif », c’est-à-dire ayant recours au moins 10 fois par mois à des outils comme ChatGPT, Claude, Copilot, Gemini, Perplexity ou Deepseek.
Cependant, le rythme de croissance fléchit : depuis septembre 2024, aucune hausse mensuelle n’a dépassé les 10 %. L’IA progresse donc, mais à un rythme de plus en plus lent, laissant entrevoir une stabilisation d’ici 12 à 24 mois, sauf percée majeure.
La dynamique en France et en Europe
En France et en Europe, l’adoption de l’IA affiche une avancée notable. Selon une étude récente, 13 % des entreprises européennes utilisaient déjà l’IA en 2024, un chiffre nettement supérieur à la moyenne américaine, et la tendance reste clairement à la hausse. Plusieurs baromètres, dont ceux de la Commission européenne et d’EY, confirment cette montée en puissance en 2025, aussi bien dans les usages professionnels que personnels.
La France connaît un dynamisme particulier : le pays recense désormais plus de 1 000 start-ups IA, le double de 2021, et des investissements records (près de 2 milliards d’euros levés en 2024). Ce boom se traduit aussi par des initiatives publiques d’ampleur (AI Act, InvestAI, plans de formation, usines IA) pour soutenir la montée en compétences et structurer l’écosystème européen.
L’Europe prend donc une longueur d’avance sur l’adoption des usages, portée par l’engouement pour l’IA générative et la multiplication des startups innovantes.
La recherche traditionnelle reste une habitude ancrée
En parallèle, l’étude souligne la stabilité impressionnante des moteurs de recherche. Depuis 2023, plus de 95 % des Américains continuent à utiliser Google, Bing, Yahoo ou DuckDuckGo. La proportion « d’utilisateurs intensifs » de recherche a même progressé : de 84 % à 87 % entre début 2023 et début 2025.
Cette fidélité s’explique par un ancrage profond dans les usages. Contrairement aux outils d’IA, où la croissance est encore en phase d’exploration, la recherche sur les moteurs classiques reste un réflexe universel.
L’effet surprise : l’IA stimule la recherche
Contrairement à l’idée reçue d’un remplacement, la donnée montre que l’adoption d’outils d’IA incite à utiliser davantage les moteurs de recherche classiques. Lorsqu’un utilisateur découvre ChatGPT, sa consommation de requêtes Google augmente durablement, l’IA étant perçue comme une extension ou un complément plutôt qu’un substitut.
La saisonnalité et les usages éducatifs
A noter également que l’utilisation de l’IA et des moteurs de recherche varie fortement selon l’année scolaire, l’été étant synonyme de nette baisse, notamment car 25 % des usages de ChatGPT sont liés à l’éducation et aux projets d’étudiants.
Une bataille faussement présentée comme un duel
Enfin, Rand Fishkin insiste : l’opposition “IA contre recherche” est un mythe. Les deux mondes coexistent et se renforcent l’un l’autre : là où la recherche structure la navigation, l’IA apporte une couche de productivité, de créativité et d’assistance qui séduit un public professionnel et toujours plus large.