En 2021, le métaverse était présenté comme le futur d’Internet. Mark Zuckerberg rebaptisait Facebook en Meta, les investisseurs affluaient, de nombreux entrepreneurs aguerris lançaient leurs projets et The Sandbox s’imposait comme le champion européen du Web3. Carrefour, Adidas, Gucci ou HSBC se pressaient pour acheter des terrains virtuels dans ce nouvel eldorado numérique. Le token SAND culminait à plus de 7 euros, et la plateforme apparaissait comme l’un des projets les plus prometteurs de l’écosystème.
Quatre ans plus tard, la situation est bien différente et l’âge d’or de 2020 à 2022, qui reposait sur la promesse de construire et monétiser des univers numériques grâce à la blockchain Ethereum, a laissé place aux incertitudes. The Sandbox avait levé en série B plus de 90 millions d’euros auprès de SoftBank en lead, d’Animoca Brands ou encore Samsung Next, porté par l’explosion des NFTs et l’enthousiasme médiatique. La société avait même envisagé en 2022 une levée supplémentaire de plus de 350 millions d’euros, sur une valorisation dépassant les 3,7 milliards d’euros. Mais cette opération n’a jamais abouti, révélant déjà l’essoufflement de l’appétit des investisseurs pour le métaverse.
Dès 2023, l’écosystème s’est fissuré, le marché NFT s’est effondré de plus de 90 % par rapport à ses volumes records, le SAND a perdu 95 % de sa valeur et l’usage réel de la plateforme est resté limité. Malgré des millions d’inscriptions, seuls quelques dizaines de milliers d’utilisateurs actifs fréquentaient régulièrement l’univers.
Selon nos confrères de The Big Whale, la société ferait face à une restructuration radicale. La moitié des effectifs serait supprimée et les deux cofondateurs, Arthur Madrid et Sébastien Borget, auraient quitté la direction opérationnelle au profit de Robby Yung, issu d’Animoca Brands, chargé de restaurer la viabilité économique de la plateforme. The Sandbox se réorienterait vers un launchpad de memecoins, traduisant une volonté d’exploiter la dynamique spéculative du secteur crypto plutôt que de miser sur le gaming.
Contacté par la rédaction de FRENCHWEB.FR The Sandbox précise que ses cofondateurs n’ont pas quitté l’entreprise. Arthur Madrid occupe désormais le poste de Chairman, tandis que Sébastien Borget devient Global Ambassador, représentant la marque à l’international, (un mécanisme d’écartement habituel dans ce type de situation ndlr). L’entreprise souligne également que les coupes d’effectifs relèvent d’une stratégie d’optimisation appuyée sur les avancées de l’intelligence artificielle dans le développement de jeux et les opérations, et que les ressources d’Animoca Brands viendront renforcer l’efficacité de l’organisation.
Point clé, The Sandbox affirme formellement ne pas pivoter de sa mission initiale. La plateforme maintient que son objectif reste l’empowerment des créateurs et le développement de l’économie de son token $SAND, de ses LANDs et de ses NFTs. L’entreprise refuse de commenter les rumeurs concernant des projets liés aux memecoins et promet d’annoncer ses initiatives futures via des canaux officiels. « Animoca’s increased involvement is a sign of its commitment to the platform, $SAND token holders, and the broader community », conclut le communiqué.
La dynamique du métaverse a connu un ralentissement marqué, en partie parce que les attentes initiales ont précédé l’adoption réelle par le grand public. L’économie de The Sandbox s’est appuyée fortement sur la valorisation des terrains virtuels et des NFTs, un modèle qui a été fragilisé par la contraction du marché à la suite des scandales FTX ou Terra/Luna. Dans le même temps, des plateformes non blockchain comme Roblox et Fortnite ont continué d’attirer des centaines de millions d’utilisateurs, grâce à des univers plus accessibles et riches en contenus.
Pour autant, le métaverse ne s’est pas éteint. Des communautés demeurent actives et des investissements dans les infrastructures 3D se poursuivent. Toutefois, l’équilibre du secteur a évolué : le “métaverse sans blockchain”, porté par Roblox, Epic ou plus récemment Apple avec le Vision Pro, tend à s’imposer comme modèle dominant. Dans ce contexte, The Sandbox et Decentraland apparaissent comme les représentants d’un cycle Web3 confronté à ses limites, mais toujours présents dans l’écosystème.