De retour en Belgique, autour de la période où Facebook démarre, elle poursuit ce partage, et souhaite y intégrer des contenus liés à la mode. “J’étais à l’aise de partager des photos avec des copains ou de raconter des expériences américaines. Mais partager des looks, en me prenant en photo toute seule dans ma chambre, c’était une autre étape. Finalement, je n’ai pas du tout assumé, et donc j’ai arrêté, même si j’adorais ce concept de blog“, témoigne-t-elle.
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Une idée avant-gardiste
Si avoir un blog et l’assumer complètement pouvait la mettre mal à l’aise, son intérêt pour la mode ne faisait que grandir. Lors de ses études, après une expérience à Paris, elle réalise un stage au sein d’une boutique à Bruxelles. “A l’époque, quand tu comparais notre capitale à Paris, il y avait trois blogueurs et demi à Bruxelles“, se remémore Lucie. “Mais j’ai réussi à les convaincre de venir faire des shootings pour le magasin, pour le blog et la page Facebook de la boutique. Avec du recul, d’un point de vue marketing, on a juste développé une campagne avec des influenceurs, ce que tout le monde fait aujourd’hui“, explique-t-elle.
Ce concept, de proposer à des influenceurs des produits d’un magasin et d’utiliser leur image pour en faire la promotion, est devenu un métier aujourd’hui. Mais à l’époque, l’idée de Lucie est avant-gardiste. Elle continue alors par la suite dans cette veine, en créant cette fois pour de bon un blog à son nom. “Au début, on était quatre ou cinq, puis doucement 15 à 20, surtout en Flandre“. Pas suffisant, alors, pour en faire un métier en tant que tel.
L’arrivée d’Instagram
Elle garde un pied dans le conseil marketing, et un autre dans la création de contenu sur internet. “J’ai toujours un peu mixé les deux, et mon blog, après quelques années, est devenu Instagram“, détaille-t-elle.
En effet, dans les années 2010, Instagram entre en jeu. Pour Lucie, ce réseau social est désormais un outil de base pour la communication. Elle le considère même comme un véritable moteur de recherche pour en apprendre plus sur un particulier ou une entreprise.
Elle voit assez vite dans ce nouveau réseau une grande opportunité. “Sur Instagram, je pouvais travailler au niveau business, pour aider des marques ou des entreprises à développer leur visibilité. Et du côté personnel, mon compte a été le prolongement naturel de mon blog“, confie-t-elle.
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La créatrice de contenu entame alors, pour la première fois, et sans vraiment s’en rendre compte, son travail de conseil en gestion des réseaux sociaux et en marketing, en prenant en main la page d’un établissement Horeca. “Ce n’était pas encore du tout un métier à l’époque, mais je leur avais demandé de me laisser m’en occuper pour tenter quelque chose. En six mois, j’ai vu l’impact incroyable que ça a eu, aussi bien sur les réseaux que concrètement dans l’établissement. Je me suis dit qu’il fallait davantage creuser.“
Le lancement de sa société
Lucie prend ce virage numérique à bras le corps. “Suite à ça, j’ai lancé ma société de conseil en gestion marketing et de réseaux sociaux, (Slurp, ndlr). Je ne pouvais plus gérer un blog, ce n’était plus possible au quotidien. Mais j’ai continué Instagram, parce que j’aimais vraiment bien“.
La voilà, grâce à cet élément déclencheur, d’abord indépendante puis, à la fin de l’année 2018, à la tête de sa société Slurp. Au départ, elle était seule aux commandes de sa start-up, avant de pouvoir recruter des employés. La période Covid l’obligera, comme de nombreux travailleurs, à se réinventer. Elle propose, à cette époque où le digital règne en maître, des formations en ligne au marketing digital, en partie gratuites. En quelques semaines, elle dépasse les 400 inscriptions.
Aujourd’hui, sept années plus tard, elle ne regrette pas ce choix. “Ces formations ont hyper bien fonctionné. Les personnes ont commencé à acheter les étapes de formation suivantes, et en quelques années, j’ai formé plus de 2 000 personnes“, souligne Lucie, qui a également publié un livre sur le sujet.
“Quand on est sortis du Covid, on a signé un énorme contrat avec une grosse multinationale. On a dû engager, en passant de moi quasiment seule, à 10 personnes en un an“. L’expérience ne lui plaira pas, et sa société est à présent, depuis quatre ans, repassée à une équipe plus réduite de quatre personnes. L’accompagnement d’établissements Horeca, et de trois chefs, sur les réseaux sociaux, en plus d’une activité de création de contenu sur son compte Instagram personnel, rythme ses journées.
Des projets pour l’avenir
Elle peut d’ailleurs se permettre de sélectionner ses clients avec des critères bien précis. “Je ne prends jamais un client si ce qu’il propose n’est pas bon à mes yeux“, certifie-t-elle. “Je regarde si l’endroit est qualitatif ou pas, s’ils font attention à la saisonnalité, au local, etc. Je dois pouvoir assumer à 100% mon client“. Un travail qui peut faire rêver, mais n’est pourtant pas de tout repos. “Je pense que plein de gens ne réalisent pas ce que cela représente, la quantité de travail“, explique Lucie. “C’est un vrai boulot du quotidien d’avoir une audience, de la faire grandir, de l’entretenir“, ajoute-t-elle.
Un travail qui demande donc de temps en temps de pouvoir prendre une pause. Lucie partage souvent ses voyages, elle a par exemple déjà été quatre fois en Asie cette année. Avec des critiques sur son empreinte écologique ? “C’est à chacun d’avoir sa participation“, répond-elle. “J’ai grandi avec des parents ultra écolos, mais qui ont toujours voyagé. Par contre, je ne suis pas rentrée dans une enseigne de fast-fashion depuis 6 ans. Je m’habille essentiellement en seconde main, et je ne fais plus de courses pour éviter le gaspillage alimentaire (elle mange essentiellement au restaurant, ndlr). Je fais hyper attention à la manière dont je consomme de manière générale. Mais voilà, je sais que je ne pourrais pas vivre et être heureuse dans mon quotidien sans voyager.”
Lucie est convaincue que son activité de marketing digital a encore de beaux jours devant elle. “Rien que sur la période du Covid, il y a 30% de la population en Belgique qui s’est mise à utiliser Instagram, en plus de ceux qui étaient déjà là“, rapporte-t-elle. “L’influence en ligne ne remplace pas les médias traditionnels, cela vient plutôt en complément. Mais il suffit de voir comment les médias font énormément de vidéos qu’ils partagent sur leurs réseaux, plutôt que des articles, on voit que c’est ça qui fonctionne aussi“, observe Lucie. “La pub traditionnelle a moins d’impact et je suis beaucoup plus influencée par quelqu’un que j’apprécie, que je suis au quotidien, qui vante les mérites d’un produit“, développe-t-elle. Avant d’ajouter, en fine connaisseuse du marketing : “Sur une pub à la télé, tu ne peux pas calculer les retours précis, alors que sur un influenceur, c’est possible.“
Lucie fourmille de projets pour l’avenir. Elle envisage même de s’étendre davantage à l’international. Elle aimerait par exemple lancer, comme elle l’avait déjà fait il y a un certain temps, des guides en ligne pour connaître toutes les bonnes adresses dans une ville.