En synthèse
- Les IA évaluent de plus en plus nos contenus et privilégient souvent les textes générés par d’autres IA.
- Une étude montre que les algorithmes préfèrent le style produit par l’IA, surtout pour les fiches produits et les résumés.
- Ce phénomène peut vous rendre invisible si vous continuez à écrire à l’ancienne sans tenir compte du filtre algorithmique.
- Il devient important d’adapter vos contenus aux attentes techniques des IA, tout en gardant votre touche humaine.
- Utilisez des outils d’IA pour optimiser la forme, mais assurez-vous que l’engagement humain reste au cœur du message.
- Testez vos contenus à la fois auprès des IA et de vrais lecteurs pour trouver le bon équilibre.
- Le succès digital passe désormais par une stratégie hybride : comprendre les règles de l’IA sans sacrifier la créativité et l’authenticité.
Pourquoi votre contenu, peaufiné à la main, se retrouve-t-il soudainement à la traîne derrière des textes produits par une intelligence artificielle ?
Cette question, je me la suis posée un matin, en analysant les rapports de classement de plusieurs pages rédigées de façon humaine, authentique, avant de les opposer à des textes générés par IA.
Le résultat était sans appel : l’algorithme préférait son propre reflet. Ni triche, ni favoritisme volontaire : un mécanisme nouveau et puissant est à l’œuvre.
Un nouveau critère s’impose dans la course à la visibilité en ligne : le regard de l’IA sur le contenu. L’époque où l’on écrivait seulement pour plaire aux humains paraît déjà révolue. Place à une ère hybride, où plaire aux IA devient une compétence aussi stratégique que la connaissance de votre public cible.
Dans cet article, je vous propose de comprendre ce phénomène, d’en mesurer l’impact concret sur votre communication digitale, et d’identifier les stratégies à adopter pour ne pas passer à côté de cette transition capitale. Préparez-vous à changer de perspective.
Le boom silencieux des IA évaluatrices : un nouveau paradigme pour le SEO et le content marketing
La plupart du temps, on oppose contenus humains et contenus générés par IA en pensant que ce sont deux univers parallèles. Or, ce qui a véritablement changé, c’est la place prise par l’IA non seulement dans la création, mais aussi dans l’évaluation et la hiérarchisation des contenus.
Aujourd’hui, l’IA évaluatrice devient l’arbitre silencieux du web. Elle intervient partout, sans que l’on s’en rende compte : moteurs de recherche, assistants, marketplaces, plateformes de recommandation… Votre page, votre description de produit, votre résumé de film : tout est filtré, résumé, trié, classé, souvent d’abord pour l’algorithme, puis pour l’humain.
Quelques mots-clés à intégrer à votre vocabulaire :
- Le SEO en 2025 : ne se limite plus à l’optimisation technique ou sémantique, il implique aussi la « compréhension IA », ou la capacité à s’aligner stylistiquement et structurellement avec le prisme des IA évaluatrices.
- AI Intent : une notion émergente désignant l’anticipation de la façon dont une IA comprendra, classera ou résumera un contenu, au-delà de l’intention de recherche humaine.
- Marketplace algorithms : ces IA qui gouvernent la visibilité des fiches produits, décident ce qui sera affiché en premier, ou encore ce qui sera recommandé. Elles sont nourries de milliers de descriptions, dont une proportion croissante est générée par IA.
Dans ce nouveau contexte, écrire devient une aventure à double destinataire : plaire à l’humain, mais aussi – et parfois d’abord – à l’algorithme.
IA contre humain : ce que révèle la dernière étude sur les biais des systèmes d’IA
Fin 2024, une étude rigoureuse menée par Walter Laurito, Jan Kulveit et leur équipe a injecté un éclairage nouveau sur la compétition entre contenus humains et textes générés par l’IA. Objectif : mesurer la préférence des IA évaluatrices face à des contenus équivalents, mais provenant d’auteurs humains ou d’IA.
La méthodologie de l’étude est limpide et solide. Les chercheurs ont comparé des paires de contenus – chacun écrit en version humaine et version IA – dans trois domaines clés :
- Descriptions de produits pour des marketplaces.
- Résumés d’articles scientifiques.
- Résumés de films.
Plusieurs grands modèles de langage (LLM) – GPT-3.5, GPT-4, Llama-3.1-70B, Mixtral-8x22B, Qwen2.5-72B – étaient utilisés comme juge, optant pour la version qu’ils jugeaient la meilleure dans chaque cas. Pour établir une référence, un groupe d’humains évaluait aussi ces paires de contenus.
Quels sont les résultats phares ?
- Pour les descriptions de produits, 89 % des IA sélectionnaient la version IA, contre 36 % pour les humains.
- Pour les résumés d’articles scientifiques, 78 % des IA privilégiaient l’IA contre 61 % pour les humains.
- Pour les résumés de films, le contenu IA remportait 70 % des suffrages des IA contre 58 % côté humain.
Ce décalage massif démontre un biais structurel : les IA ont tendance à préférer leur propre style, leur propre façon d’organiser et de présenter l’information.
La tendance est robuste, les résultats ont été obtenus sur plusieurs types de modèles, et l’ordre de présentation (premier ou second dans la comparaison) a été contrôlé pour éviter de fausser le résultat.

Comprendre le favoritisme algorithmique : pourquoi l’IA préfère-t-elle les textes IA ?
Il serait tentant de balayer ce phénomène comme une simple anecdote technique ou comme la manifestation d’une fainéantise algorithmique. Ce serait une erreur. Il existe des raisons profondes expliquant ce biais pro-IA.
Premièrement, toute IA évaluatrice a été elle-même entraînée sur des quantités massives de textes, dont une proportion toujours croissante provient… d’autres IA. Le style, la structure, la manière de résumer, d’articuler un argument trouvent davantage d’écho dans le langage IA que chez les humains, qui écrivent de façon plus hétérogène, émotionnelle ou digressive.
Ce phénomène alimente ce que j’appelle l’allégeance structurelle ou biais de reconnaissance de schéma :
- Les textes IA suivent des patrons particulièrement familiers aux autres systèmes IA.
- Les IA évaluent favorablement ce qui ressemble à ce qu’elles connaissent déjà ou à ce qui s’aligne sur leurs propres règles stylistiques et syntaxiques.
- De petites variations, jugées positives par des humains (nuances, originalité, tournures inattendues), peuvent au contraire être pénalisées par l’IA parce qu’elles sortent du cadre appris.
Il s’agit donc moins d’une question de qualité intrinsèque que d’un phénomène d’auto-similarité algorithmique. Plus inquiétant : au fur et à mesure que les IA s’entraînent mutuellement, ce biais pourrait s’accentuer. Nous sommes face à un cercle potentiellement vicieux : la norme IA s’auto-renforce, modifiant progressivement les critères de visibilité et d’autorité en ligne.
IA et visibilité : la naissance d’une taxe invisible pour exister sur le web
Imaginons une minute le quotidien d’un responsable marketing, d’un e-commerçant ou d’un éditeur : chaque texte produit manuellement risque d’être automatiquement pénalisé, non parce qu’il serait objectivement moins bon, mais parce qu’il ne colle pas assez aux attentes de l’IA qui juge.
Ce phénomène ouvre la voie à une taxe invisible, que l’on pourrait qualifier de gate tax algorithmique :
- Si l’on souhaite garantir la visibilité de ses fiches produits, de ses articles ou même de ses posts sur les réseaux, il devient quasi nécessaire de recourir à des outils d’IA pour formater son contenu.
- Les entreprises qui n’investiront pas dans des assistants IA, ou qui continueront à produire entièrement à la main, risquent de voir leur trafic, leur découvrabilité, leur chiffre d’affaires plombés par ce filtre algorithmique invisible.
- Inévitablement, l’optimisation pour IA deviendra une ligne budgétaire à part entière, au même titre que le SEA ou le social ads il y a quelques années.
Ce qui se joue ici dépasse de loin le simple choix de la technologie : c’est le modèle économique du marketing digital qui est en train de pivoter, sous l’influence d’un juge qui impose progressivement ses propres codes.

Face à ce nouveau paradigme, il ne s’agit surtout pas de céder au découragement, mais plutôt d’affiner sa stratégie pour intégrer cette réalité structurelle. Quelques principes-clés émergent pour préserver — et même renforcer — votre stratégie de visibilité :
1. Concevoir des contenus AI-friendly sans sacrifier votre identité
- Utilisez des outils d’analyse linguistique pour comprendre le style IA dominant dans votre secteur. Quels types de structuration, de transitions, de longueur de phrase sont plébiscités par les IA évaluatrices ?
- Introduisez des éléments de ce style, mais injectez-y votre tonalité, vos exemples et votre expertise. Il n’est pas question d’effacer l’humain, mais d’aligner les formes pour franchir les filtres IA.
2. Garder un humain dans la boucle
- Derrière chaque texte validé par l’IA, faites relire par un œil humain. Objectif : détecter la fadeur, les ambiguïtés ou les promesses exagérées qui pourraient décourager vos vrais lecteurs.
- Implémentez chaque mois des tests A/B : un contenu optimisé IA pur, un contenu hybride, et mesurez lequel engage le mieux votre audience cible humaine.
3. Suivre de près l’évolution des modèles d’IA
- Les IA évoluent vite. Ce qui fonctionne aujourd’hui pour GPT-5 peut être modifié du tout au tout sur la prochaine génération.
- Restez à l’écoute des signaux faibles : changements inexpliqués de classement, baisses soudaines de trafic, feed-back utilisateur suggérant une perte de saveur ou d’intérêt.
4. Éduquer son équipe à la dualité audience-humaine/audience-IA
- Nul besoin de former vos équipes uniquement à l’écriture à la machine. Sensibilisez-les au fait que leur texte est désormais jugé deux fois, par deux audiences complémentaires et parfois contradictoires.
- Insistez sur la nécessité de challenger régulièrement le modèle : ce qui plaît aux IA doit toujours être mis à l’épreuve réelle du ressenti humain.
Conseil
Faites de l’IA votre alliée, pas votre remplaçante !
Utilisez-la pour reformater, clarifier, accélérer, mais gardez la maîtrise sur le fond, les émotions, la promesse et l’ancrage dans votre culture d’entreprise.

5. Expérimenter de nouveaux formats IA + humain
- Combinez rédaction IA et enrichissement humain : FAQ, encarts experts, anecdotes, storytelling d’entreprise, visuels originaux ou citations personnalisées… Tout ce qui échappe encore à la pâte IA devient un booster d’engagement.
- Privilégiez les formats hybrides où la structure rassure l’IA, mais où la coloration humaine crée la différenciation.
6. Définir des KPI nouveaux
- Ne vous contentez pas du trafic ou du positionnement. Ajoutez des indicateurs sur la durée de lecture, le partage, l’interaction réelle. Ce sont eux qui mesurent la résonance humaine, et qui permettent d’éviter que votre contenu ne devienne lisse et interchangeable.
Anticipez dès maintenant : d’ici à 2026, tout contenu important devra systématiquement être doublement validé pour espérer réellement émerger.
Les limites de l’étude et du phénomène : nuancer sans minimiser
Il serait malhonnête de prétendre que ce biais pro-IA est une vérité absolue, immuable, universelle dans tous les contextes. L’étude citée présente plusieurs limites, à prendre en compte pour une stratégie équilibrée :
- Échantillon humain réduit : treize assistants de recherche seulement, ce qui limite la robustesse statistique côté référentiel humain.
- Pairwise prompts : la méthodologie force parfois des choix binaires, qui ne correspondent pas à la réalité des préférences nuancées du public.
- Variabilité selon le type de prompt, le domaine ou la longueur du texte : un résumé de produit n’est pas évalué selon les mêmes critères qu’une histoire ou un abstract scientifique.
- Effet d’ordre : bien que les chercheurs aient inversé l’ordre de présentation dans leurs tests, il peut persister un léger biais d’anticipation ou de mémorisation.
Gardez à l’esprit la relativité de ces résultats. La clé reste l’expérimentation suivie et le dialogue continu entre les performances observées auprès des IA, et les retours authentiques de votre audience humaine.

Demain, l’intelligence hybride : leadership digital, créativité, et nouveaux équilibres
Ce basculement vers des systèmes d’évaluation automatisés questionne nos pratiques professionnelles, mais ouvre aussi de nouveaux horizons enthousiasmants. La tentation pourrait être grande de s’aligner mécaniquement sur les canons IA. Pourtant, je reste convaincu que la différenciation durable appartient à ceux qui cultivent une intelligence hybride : celle qui marie la puissance du code à la singularité de la voix humaine.
Votre mission n’est pas de disparaître dans l’uniformité algorithmique, mais de comprendre les nouvelles règles du jeu, pour mieux les utiliser à votre avantage.
En 2025, la réussite en content marketing tiendra dans cette capacité à naviguer entre deux mondes : celui de l’algorithme qui classe, et celui de l’humain qui vibre. Ne soyez ni nostalgique, ni technophile béat. Expérimentez, observez, ajustez – et cultivez cette dimension stratégique qui consiste à plaire aux IA sans trahir la promesse faite à vos clients humains.
Vous souhaitez aller plus loin sur le sujet ? Vous poser les bonnes questions stratégiques sur votre propre contenu ? Mobilisez votre équipe autour de ces nouveaux enjeux ?

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FAQ : IA, biais algorithmique et stratégie de contenu en 2025
1. Pourquoi les IA préfèrent-elles les textes générés par d’autres IA ?
Les IA sont entraînées à partir de grands ensembles de textes, dont une part croissante a été générée par d’autres IA. En conséquence, elles reconnaissent et favorisent les styles, structures et formulations qui leur sont familiers. Ce phénomène crée une sorte de langage IA qui facilite la sélection de contenus similaires, même au détriment de textes humains plus nuancés ou originaux.
2. Dois-je abandonner la rédaction humaine pour mes contenus web ou produits ?
Non, l’écriture humaine reste essentielle pour créer de l’émotion, de la crédibilité, et refléter votre identité. L’enjeu est plutôt d’adopter une approche hybride : exploiter l’IA pour optimiser la forme et la structure, tout en conservant une touche personnelle et une cohérence avec vos valeurs de marque.
3. Comment puis-je vérifier si mon contenu est compatible IA ?
Utilisez les outils d’évaluation sémantique proposés par certains LLM ou plateformes SEO. Comparez le positionnement, la clarté et le format de vos textes avec ceux générés par des IA reconnues. Puis testez vos contenus auprès de vrais lecteurs pour valider qu’ils restent intéressants et authentiques.
4. Vais-je devoir payer plus pour garantir la visibilité de mes contenus face à ces biais ?
Il se peut que vous deviez investir dans des solutions d’IA pour calibrer vos contenus ou automatiser certains formats. Toutefois, dépenser plus ne remplacera jamais l’analyse stratégique ni les retours de vos utilisateurs humains. C’est avant tout la qualité de l’ajustement entre vos contenus et les attentes du filtre algorithmique qui fera la différence.
5. Est-il possible de contourner ce biais et rester visible sans IA ?
Totalement l’ignorer devient risqué dès lors que la majorité des plateformes de diffusion s’appuient sur des algorithmes d’évaluation. Cela dit, le facteur humain compte toujours, notamment pour des audiences fidélisées, des newsletters, ou du contenu de niche. L’idéal reste de mixer les deux approches pour éviter toute dépendance.
6. Quels types de contenus sont les plus exposés à ce phénomène ?
Les contenus courts, factuels et très standardisés comme les fiches produits, les résumés ou abstracts scientifiques sont particulièrement sensibles au filtre IA-friendly. Les formats longs, narratifs ou fortement personnalisés gardent plus de marge pour l’originalité, mais il devient tout de même prudent de vérifier leur compatibilité avec les nouveaux critères d’IA.
7. Une rédaction trop formatée IA ne risque-t-elle pas de lasser les vrais lecteurs ?
Si, c’est un vrai danger. D’où l’intérêt de vérifier systématiquement l’engagement humain (taux de rebond, partages, réactions) et de conserver une part d’authenticité : anecdotes, avis, storytelling ou points de vue singuliers. Il s’agit d’utiliser l’IA comme appui technique, pas comme chef d’orchestre unique.
8. Quelle stratégie adopter pour préparer l’avenir de la création de contenu ?
Adoptez une veille active sur l’évolution des modèles d’IA, formez vos équipes à la double optimisation, testez régulièrement de nouveaux formats et expérimentez sans tabous. L’objectif : devenir à l’aise dans ce nouvel équilibre entre plaire à l’algorithme et rester pertinent pour l’humain.