L’Europe “otage de Trump” ? Un report d’amende contre Google suscite la controverse : “Je suis furieux”


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La possible raison d’un report

Selon plusieurs sources proches du dossier citées par l’agence Reuters, les services de la commissaire européenne à la concurrence, Teresa Ribera, avaient pourtant averti Google vendredi dernier que la décision serait annoncée dès le lundi suivant. Mais en coulisses, le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, aurait demandé des éclaircissements, poussant à un report pouvant aller à plusieurs semaines.

L’explication tiendrait aux négociations sur les droits de douane entre l’UE et l’administration Trump. L’objectif ? Temporiser le temps que l’accord soit officiellement signé. En effet, après des mois de bras de fer, un accord a été trouvé prévoyant une réduction des taxes américaines sur les voitures européennes, de 27,5 % actuellement à 15 %. Un geste attendu par l’industrie automobile européenne (qui a exporté pour 38,5 milliards d’euros en 2024). “Il s’agit d’un accord stratégique important, que nous soutenons pleinement”, affirmait il y a quelques semaines Maros Sefcovic lors de cette annonce. Sauf que la décision n’est pas encore formalisée, et la Commission aurait choisi d’éviter toute provocation susceptible de compromettre ce compromis.

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Cela fait sept ans que nous transmettons des informations à la Commission. Tout cela pour qu’à la fin, elle nous utilise en faisant de nous un argument de négociation”

L’Allemagne réagit déjà

Cette possible prudence ne fait en tout cas pas l’unanimité. En Allemagne, les autorités de la concurrence haussent le ton. “La protection de la concurrence ne doit pas devenir l’otage de l’administration Trump”, a dénoncé Tomaso Duso, leur président. Il redoute que l’indépendance de la politique antitrust européenne soit affaiblie si les sanctions contre les géants du numérique se retrouvent liées à des considérations commerciales.

Google met en garde le patron de Proxistore : “De la pure intimidation. On me demande de me taire !”

Cette piste est malgré tout à prendre avec des pincettes étant donné que d’autres éléments, plus techniques, pourraient expliquer ce report de sanction à Google. À noter que l’entreprise américaine, de son côté, reste silencieuse pour l’instant.


Où est la démocratie dans tout ça ?” : La colère d’un acteur belge en croisade contre Google

Du côté de la Belgique aussi, les voix s’élèvent. À commencer par Bruno Van Boucq, fondateur et CEO de la société belge spécialisée dans la publicité en ligne Proxistore. Depuis quelques mois, ce dernier est en conflit juridique avec Google, l’accusant d’avoir bloqué “unilatéralement et sans raison” des campagnes publicitaires. Un combat devant le tribunal que la PME belge a d’ailleurs gagné.

“Je suis furieux”, assène-t-il directement en réaction à la nouvelle. “Cela fait sept ans que nous documentons cet abus de position et que nous transmettons les informations à la Commission. Tout cela pour qu’à la fin, elle nous utilise en faisant de nous un argument de négociation pour une tout autre industrie. Non seulement c’est injuste, mais en plus on se sent volé de notre temps, de notre argent, de notre business. Et pendant ce temps, on continue à subir l’abus de Google alors que tout le monde est au courant que l’entreprise abuse de sa position, en Europe comme aux États-Unis. Mais où est la démocratie dans tout ça ? !”

Il ajoute : “Nous sommes en train de défendre une industrie européenne en déclin au détriment d’un secteur extrêmement important pour notre avenir, à savoir toute l’industrie digitale. Nous sommes bloqués par nos propres organisations et cela est extrêmement grave. Ce n’est pas seulement une honte mais c’est aussi un désastre pour notre économie”.



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