les vrais chiffres qui bousculent l’IA au travail et à la maison


En synthèse

  • Adoption record : ~700 M d’utilisateurs hebdo en 2025 et ~18 Md de messages/semaine.
  • L’usage bascule vers le perso : ~73 % des interactions, le pro tombe à ~27 %.
  • Trois piliers dominent : conseils pratiques, recherche d’infos, et écriture (surtout révision).
  • Programmation marginale (~4 %) et “compagnon” très minoritaire (~1,9 % / 0,4 %).
  • Intentions : “Demander” progresse plus vite que “Faire”, l’IA sert surtout de coach décisionnel.
  • Démocratisation forte : parité de genre, jeunesse très présente, croissance rapide dans pays à revenus faibles/moyens.
  • Au travail, l’IA accélère surtout documentation, synthèse, prise de décision et créativité (tous métiers).
  • Priorités managers/marketeurs : passer d’un usage consommateur à un usage stratégique, hybrider pro/perso, cultiver le questionnement.
  • Vigilance : mesurer les usages, écouter le terrain et anticiper les enjeux éthiques (biais, inclusion, accès).

Vous pensez savoir comment est utilisé ChatGPT ? Entre fantasmes et réalités d’un outil déjà incontournable

J’ai toujours été fasciné par les écarts qui se creusent entre la perception des innovations et ce qu’en font vraiment les utilisateurs. ChatGPT n’échappe pas à la règle : en quelques mois, il a envahi nos écrans, cristallisant craintes, espoirs et promesses de productivité.

Mais au fond, qui utilise vraiment ChatGPT, pour quoi faire, et comment ? Les statistiques fouillées issues d’une analyse OpenAI – menée sur un panel représentatif de plusieurs millions d’utilisateurs entre 2024 et 2025 – viennent secouer bien des idées reçues. Et si ce que l’on croit, côté pro comme côté perso, trahissait un vrai renversement de paradigme ?

Impossible de faire l’impasse : comprendre les usages réels de l’IA n’est pas qu’une anecdote de consultants tech. C’est LA question centrale pour quiconque souhaite ajuster sa stratégie, repérer des leviers d’opportunités dans la mutation numérique qui nous secoue – managers, dirigeants, communicants et marketeurs en première ligne.

ChatGPT : croissance record pour une adoption vraiment mondiale

Commençons par les faits.

Le taux d’adoption de ChatGPT depuis son lancement en novembre 2022 est proprement inédit dans l’histoire des technologies numériques. À l’été 2025, près de 700 millions d’humains l’utilisent chaque semaine, soit environ 10 % de la population adulte mondiale connectée.

Mieux encore : sur la seule période juillet 2024–juillet 2025, le nombre de messages envoyés a été multiplié par 5, avec un total hallucinant de 18 milliards de messages par semaine. Oui, vous avez bien lu.

Alors, qui sont ces utilisateurs ? Premier constat intéressant : contrairement à l’idée que les early adopters seraient les plus mordus, l’usage au sein de chaque cohorte ne cesse de progresser avec le temps. Autrement dit, même ceux qui testent l’outil par curiosité finissent par y prendre goût et découvrent progressivement de nouvelles manières de l’intégrer à leur quotidien.

Un point marquant : la croissance de l’adoption est aujourd’hui aussi rapide – si ce n’est davantage – dans les pays à faibles ou moyens revenus, signe que la vague dépasse largement les frontières du club fermé des digital natives occidentaux. L’IA générative ne sera pas qu’une affaire de CSP+ européens ou américains : elle imprime partout.

À la lecture des chiffres, difficile d’imaginer le retour en arrière. L’adoption de ChatGPT n’est plus une question, mais une évidence globale.

Comment est utilisé ChatGPT

Travail, vie perso et usages hybrides : vers la normalisation d’un quotidien augmenté

L’image d’Épinal la plus courante ? ChatGPT, outil des knowledge workers, réservé à la productivité en entreprise. La réalité, elle, est radicalement différente – et c’est un des enseignements majeurs de cette étude.

Si 47 % des messages étaient encore liés au travail fin juin 2024, ce chiffre chute à 27 % à la même époque en 2025 : près des trois quarts de l’usage de ChatGPT relèvent aujourd’hui d’activités personnelles, et cette part ne fait qu’augmenter.

Ce basculement n’est pas anodin : il traduit une hybridation profonde des façons de s’informer, d’apprendre, de décider ou de créer, y compris hors du cadre professionnel. Que révèle-t-il ? D’une part, l’IA ne se limite plus à optimiser l’agenda du cadre pressé ; elle irrigue peu à peu la vie quotidienne, du conseil santé au coaching sportif, du soutien scolaire à la recherche de recettes. D’autre part, cela tord le cou à l’analyse exclusivement centrée sur la transformation du travail : les impacts sociaux et économiques de ChatGPT débordent très largement la sphère pro.

Pour les entreprises et managers, l’enjeu est de taille : l’usage domestique et couteau suisse de l’IA change inévitablement les attentes des collaborateurs. La maturité digitale s’infuse aussi via la maison, l’école, le cercle amical ; la frontière privé/pro se brouille… et la vitesse de diffusion des bonnes (ou mauvaises) pratiques explose.

Les trois piliers de l’usage réel : conseils, information, écriture

À quoi sert ChatGPT ? Oubliez l’image du bot magique qui code tout seul ou remplace un thérapeute. L’étude révèle une architecture très claire : les trois finalités qui dominent (près de 80 % de l’usage) sont :

  1. Conseils pratiques : tutorat, aide sur-mesure, idées créatives adaptées à chaque cas particulier (coaching, solutions personnalisées…)
  2. Recherche d’informations : l’IA est en train de grignoter le monopole du moteur de recherche, pour tout ce qui touche à l’accès rapide à des faits ou des données actualisées
  3. Production et édition de texte : rédaction, relecture, synthèses, traductions ou mises en forme, et bien plus souvent pour réviser un contenu que pour créer ex nihilo

L’écriture, en particulier, survole tous les autres usages liés au monde du travail : 40 % des échanges professionnels avec ChatGPT portent sur l’écriture (mails, bilans, supports, synthèses…). À noter : près des deux tiers concernent la modification de textes fournis par l’utilisateur, bien plus que la création « from scratch ».

Contrairement à certains fantasmes, la programmation ne pèse qu’à peine plus de 4 % des échanges. Idem pour les usages de type compagnon virtuel : seulement 1,9 % des messages concernent la réflexion personnelle ou la recherche d’un soutien émotionnel, tandis que le jeu de rôle et la simulation plafonnent à 0,4 %. Le mythe du chatbot psychologue ou du bot codeur universel n’est pas étayé par les données terrain.

Les implications ? Si vous êtes manager ou en posture de leadership, la clé n’est pas de craindre la substitution, mais d’embrasser le potentiel de conseil, de veille et d’accélération des tâches rédactionnelles, en cherchant l’hybridation optimale avec votre intelligence humaine.

Que demandent les utilisateurs à ChatGPT

Demander, faire, s’exprimer : la nouvelle typologie des interactions qui redéfinit la valeur de l’IA

Au-delà du « quoi », il y a le « comment ». ChatGPT ne répond pas qu’à des questions : il reçoit trois types d’intentions, qui structurent une nouvelle manière de travailler avec la machine :

  • Demander : plus de la moitié des messages visent à obtenir une explication, un conseil, une source, bref à éclairer une décision
  • Faire : un peu moins de 40 % des usages demandent à l’IA d’effectuer une tâche ou de produire un livrable (texte, tableau, code…)
  • S’exprimer : environ 11 % relèvent de l’expression personnelle, sans demande d’action ni de renseignement

Ce qui est fascinant, c’est la montée des demandes, qui croît plus vite que la demande d’actions : la preuve que, loin de remplacer le jugement humain, l’IA le stimule, l’assiste, l’enrichit. Dans les métiers de la connaissance ou managers en quête d’impact, tirer le meilleur de ChatGPT passe donc par sa capacité à améliorer votre capacité de prise de décision et votre discernement, pas exclusivement à produire plus vite.

À retenir aussi, du côté de la satisfaction utilisateur : les demandes récoltent les meilleurs scores, dépassant largement les autres typologies. Ce qui fonctionne auprès des professionnels et des particuliers, c’est l’IA comme coach, mentor ou partenaire de réflexion, bien plus qu’exécutant discret.

Profils d’utilisateurs : la fin des clichés sur l’âge, le genre ou le niveau

Les profils des utilisateurs de ChatGPT se sont profondément diversifiés en deux ans. Là où l’on pensait trouver une prédominance masculine, tech-savvy et trentenaire, les statistiques sont venues tout bousculer.

  • La parité de genre est désormais atteinte : alors qu’au lancement 80 % des utilisateurs étaient identifiés comme masculins, cette proportion s’est totalement inversée et affiche aujourd’hui une très légère prédominance féminine.
  • L’âge médian a baissé : près de 46 % des messages sont envoyés par des moins de 26 ans, mais les différences générationnelles s’atténuent progressivement.
  • Croissance particulièrement rapide dans les pays à faible et moyen revenu : le “grand saut” numérique ne se fait plus exclusivement dans les pays riches.
  • Le niveau d’éducation demeure un élément déterminant : les titulaires d’un bac+3 ou plus sont surreprésentés dans les usages professionnels et les demandes de type questionnement, tandis que les requêtes orientées vers l’exécution sont davantage le fait de profils moins diplômés.

Ce mouvement de démocratisation (notamment du côté des femmes et des jeunes) est un signal fort : la barrière d’entrée tombe, et à mesure que l’outil gagne en ergonomie, il touche de nouveaux publics, ce qui accélère sa normalisation… Mais aussi l’urgence de (ré)interroger ses propres pratiques pour éviter la perte de valeur ajoutée dans la masse.

comment utiliser ChatGPT

Que vous soyez manager, communicant, ingénieur ou responsable administratif, la première question qui surgit : « Mes équipes (ou concurrents) font-ils la même chose que moi avec l’IA ?« .

L’étude offre un tableau révélateur :

  • Dans tous les secteurs, les activités d’obtention, de documentation et d’interprétation de l’information dominent (près de la moitié des messages), suivies de près par la prise de décision, la résolution de problème et la créativité.
  • Les managers et professions du business s’appuient massivement sur l’IA pour écrire, documenter, synthétiser (plus de 50 % des messages pro).
  • Les techniciens et ingénieurs valorisent davantage l’assistance technique (programmation, calculs, analyses), mais là encore, la part de requêtes orientées prise de décision et créativité grandit.
  • Les métiers non-professionnels (support, administration, services) utilisent certes moins ChatGPT pour le travail, mais l’écart se réduit, signe que les usages diffusent et changent vite.

La vraie surprise ? Le top 5 des tâches assistées par ChatGPT reste très homogène, tous métiers confondus : « Prendre des décisions », « résoudre des problèmes », « interpréter l’information », « documenter » et « penser créativement » monopolisent les interactions, y compris dans la santé, l’éducation ou la vente.

Au-delà des chiffres : valeur, limites et zones d’ombre de l’usage ChatGPT

Ce qui frappe, à la lumière de ces données, c’est le paradoxe : alors que le débat public focalise (trop) sur le lien entre IA et emploi, la majorité de l’impact économique direct ne relève pas du « remplacement », mais bien du gain d’efficacité dans la recherche d’information et la prise de décision. D’ailleurs, les expertises s’organisent désormais autour d’un duo humain-machine : l’IA n’est pas un « exécutant », elle devient un assistant décisionnel.

Autre élément majeur : l’explosion des usages « hors travail » laisse présager des impacts sociétaux difficiles à anticiper, et probablement plus massifs que les seuls gains de productivité en entreprise. L’hybridation de l’IA dans tous les pans de la vie crée un surplus d’utilité que les économistes commencent seulement à mesurer (près de 100 milliards de dollars estimés rien qu’aux US).

Mais attention aux angles morts des statistiques : certaines tendances restent sous-évaluées (impact des contextes culturels, spécificités sectorielles, usages émergents liés à la voix ou à l’image, véritables comportements permanents ou effets de mode). Quant à la satisfaction, elle progresse, mais les irritants persistent sur les tâches techniques ou l’interprétation multimédia.

Quels usages les gens dont-ils de ChatGPT

Devenir leader dans l’usage de l’IA : mes conseils opérationnels pour managers et communicants

Ce panorama peut paraître vertigineux, voire anxiogène. Pourtant, je suis convaincu que l’essentiel se joue ailleurs : la différence entre usage consommateur passif et usage leader – c’est-à-dire stratégique, créateur de valeur et source d’avantage concurrentiel.

Voici quelques convictions, forgées par l’observation et l’expérimentation :

  1. Repenser l’automatisation comme un adjuvant à la stratégie, pas comme une finalité : Optimisez d’abord vos processus de recueil/décision, puis vos tâches d’exécution.
  2. Développer une culture de la demande : En équipe, multipliez les situations réflexives où l’IA vient challenger votre vision, nourrir l’alternative, susciter le « et si… ? ».
  3. Former à l’usage hybride pro/perso : Ne cloisonnez pas les initiatives. Plus les collaborateurs croisent leur vécu domestique avec leur vie professionnelle, plus ils innovent dans l’application de l’IA.
  4. Accompagner l’évolution vers le management augmenté : Encouragez la co-construction, la veille collective, l’écriture collaborative avec ChatGPT, tout en préservant l’esprit critique.
  5. Mesurer, mais aussi écouter et questionner l’usage : Les statistiques donnent des pistes, mais rien ne vaut le feedback qualitatif, l’observation des détournements créatifs ou des irritants.
  6. Anticiper les nouveaux enjeux éthiques : Parité, diversité, inclusion numérique : l’IA ne fera pas tout disparaitre, mais elle impose une nouvelle vigilance sur les biais, l’accès et la formation.

Quel futur pour nos usages et la valeur de l’IA ?

En conclusion (provisoire), une conviction me semble centrale : le vrai bouleversement de l’IA générative ne se niche ni dans la vitesse, ni dans la performance brute, mais dans cette capacité à démultiplier les espaces d’intelligence collective, à hybridation permanente entre sphère privée et sphère pro, à faire tomber les barrières générationnelles, sociales, de genre ou de secteur.

La prochaine frontière, pour chacun d’entre nous ? Passer du consommateur à l’architecte éclairé de nos outils intelligents. Et si la donnée la plus sous-estimée de toutes, c’était la qualité de nos questions face à la machine ?

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Questions fréquentes

Qui utilise réellement ChatGPT en 2025 ?

Un public très diversifié : parité de genre atteinte, forte présence des moins de 26 ans et croissance rapide dans les pays à revenus faibles/moyens. Les profils diplômés restent surreprésentés pour les usages “Asking”.

ChatGPT est-il surtout utilisé au travail ?

Non. Environ 73 % des interactions relèvent d’usages personnels (apprentissage, santé, cuisine, coaching, loisirs). Le professionnel ne représente plus qu’environ 27 % des échanges.

À quoi sert principalement ChatGPT ?

Trois piliers concentrent la majorité des usages : conseils pratiques (guidance personnalisée), recherche d’informations (accès rapide aux faits) et écriture (rédaction, correction, synthèse), davantage en révision qu’en création “from scratch”.

L’IA remplace-t-elle les compétences humaines ?

Non. La part des interactions “Asking” progresse plus vite que “Doing”, signe que l’IA sert surtout de coach décisionnel : elle stimule le discernement et accélère l’analyse, sans substituer le jugement humain.

La programmation et le rôle de “compagnon” sont-ils majoritaires ?

Non. La programmation représente un peu plus de 4 % des échanges, tandis que les usages “compagnon” (réflexion personnelle, soutien émotionnel, jeu de rôle) restent marginaux.

Quelles implications pour les managers et communicants ?

Passer d’un usage consommateur à un usage stratégique : instaurer une culture du questionnement, hybrider pro/perso, encourager la co-construction et l’écriture collaborative, mesurer les usages et capter le feedback qualitatif.

Quels bénéfices métiers observe-t-on le plus souvent ?

Dans tous les secteurs : meilleure prise de décision, résolution de problèmes, interprétation/documentation de l’information et créativité. L’impact direct tient plus à l’efficacité cognitive qu’au “remplacement de postes”.

Quels sont les points de vigilance à garder en tête ?

Éthique et inclusion (biais, accès, parité), banalisation des contenus, irritants sur certaines tâches techniques/multimédias. Prioriser l’esprit critique, la transparence et la formation continue.



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