“Mon nouveau rêve, être propriétaire d’un club de basket” : Baptiste Jenard, la tête dans la Silicon Valley, le cœur en Aveyron


Après avoir beaucoup voyagé et multiplié les expériences professionnelles, le jeune homme de 34 ans s’est installé en Pologne en 2019 où il a créé son entreprise et où il entretient aussi sa passion pour le basket.

S’il est né en 1991 à Auchel dans le Pas-de-Calais, Baptiste Jenard, déclare sans rougir qu’il se sent plus Aveyronnais que Chti. Et pour cause, il a quitté le nord de la France à l’âge de 4 ans, d’abord pour la Creuse où il a passé trois ans, puis pour l’Aveyron où son père Laurent, salarié chez EDF, a été muté. Il a suivi une scolarité classique à Rodez : école Calcomier, collège Saint-Joseph, lycée Sainte-Procule.

“En classe de première, grâce au Rotary Club, j’ai eu l’opportunité de partir en Floride pendant un an. Une super expérience”, se souvient Baptiste Jenard dont les parents ont, de leur côté, accueilli une étudiante texane. De retour à Rodez, il a passé son baccalauréat et s’est engagé dans un BTS tourisme à l’Institut Limayrac à Toulouse. “Mon voyage aux États-Unis m’avait beaucoup plu ; j’ambitionnais de décrocher une carte de guide national”, raconte celui qui a joint l’utile à l’agréable en préparant ensuite un bachelor marketing et communication à l’ESIC Business School de septembre à décembre 2012.

“Je jouais déjà au basket à l’époque et je rêvais secrètement d’intégrer l’équipe du Real Madrid”, confesse Baptiste Jenard qui s’est finalement retrouvé… en Pologne en janvier 2013 pour faire un stage chez Partenaire Pologne.

“À la fin du stage, j’ai eu une offre d’emploi au service des ressources humaines du groupe Philip Morris à Cracovie. Rien à voir avec ma formation, mais ils avaient besoin de quelqu’un qui parle français et ça faisait bien sur le CV alors j’ai accepté, mais je ne gagnais que 800 euros nets par mois pour 40 heures par semaine”, raconte Baptiste Jenard qui n’y est resté qu’un an avant de rentrer en Aveyron pour recharger les batteries en travaillant six mois au Relais de Marcillac, le bar restaurant de son frère Thomas à Marcillac-Vallon (lire en encadré).

Après un passage à Londres, il est retourné en Pologne où il a fait de l’analyse financière pour HSBC pendant un an et demi : “Nous étions 800 salariés dont beaucoup de jeunes. Il y en avait une ambiance de campus, c’était fun.” Mais une fois encore, Baptiste a fini par revenir auprès des siens, en Aveyron, pour un an. “J’ai pris du recul et du temps pour réfléchir à ce que je voulais vraiment faire. Ce qui me plaisait, c’était le marketing digital.” Retour en Espagne, à Barcelone cette fois, pour travailler chez Criteo, “une licorne qui faisait du reciblage publicitaire sur internet”. Baptiste Jenard a alors été contacté par une connaissance qui travaillait chez un prestataire de Google. “J’ai été recruté en 2018. Je faisais partie d’une sorte de hub européen avec des clients au Royaume-Unis, en Irlande et aux États-Unis.”

À la même époque, Baptiste Jenard s’installe avec celle qui deviendra sa femme et la mère son fils : Monica, une Polonaise rencontrée à Cracovie qui le rejoint à Barcelone. En septembre 2019, lassé de l’insécurité qui règne à Barcelone, le couple décide de déménager en Pologne. “J’avais deux boulots à temps plein : un contrat en distanciel avec une agence anglaise et du travail en tant que freelance, ce qui représentait un gros rythme de 50 à 60 heures par semaine, c’était un peu fou. Pendant la crise Covid, tout le monde a misé sur internet et la demande explosé. Mon fils Luca est né en janvier 2023 ; les nuits étaient courtes !, se souvient Baptiste qui a quitté son CDI au sein de l’agence londonienne en juin 2023. Dans le même temps, coup du sort, j’ai perdu 70 % de mes revenus de freelance et fin 2023, avec le début de la guerre en Ukraine, les taux d’intérêt ont doublé et nos mensualités aussi. Cela a été une période très stressante.”

Du digital au caritatif

Résilient, Baptiste Jenard a intégré Upwork, une plateforme américaine de recrutement spécialisée en travailleurs indépendants qui met en relation des freelancers et des clients dans 180 pays. Et sur ce modèle, il a créé Adenergy.online. “C’est un collectif de freelancers, experts de haut niveau dans tout ce qui se fait en matière d’acquisition de trafic sur le digital (trafic, référencement, publicité, réseaux sociaux, etc.). Nous sommes actuellement cinq, basés en Pologne, en Italie, à Dubaï et aux États-Unis, à proposer des services premium aux entreprises physiques comme aux produits et services en ligne. Notre clientèle est très variée, cela va du plombier à la clinique esthétique.”

Baptiste Jenard ne manque pas de projets : “Je suis en train de développer une entreprise pour automatiser la gestion client grâce à l’intelligence artificielle. Je vais également créer une agence spécialisée dans la publicité pour les cliniques esthétiques. En fait, mon but est d’avoir une holding et de la faire fructifier pour réinvestir dans des choses qui me font plaisir ou me tiennent à cœur comme la création d’un café-restaurant avec un ami taïwanais à Cracovie, le financement d’un basket camp au Cameroun, la construction d’un terrain de basket en Guinée, ou encore le sponsoring de joueurs et du championnat régional de basket en Pologne. Mon nouveau rêve (rappelons que celui d’intégrer l’équipe du Real Madrid a capoté, NDLR) : être un jour propriétaire d’un club de basket en Pologne.”

Très connecté, Baptiste Jenard revient régulièrement en Aveyron pour se ressourcer et reprendre contact avec la vraie vie. “Je travaille toute la journée devant un ordinateur, en anglais, avec des gens qui attendent de la réactivité et de la performance. Alors quand on rentre en Aveyron, on aime profiter de notre environnement, de notre culture, de notre art de vivre en allant au marché, en dégustant de bons produits locaux comme les farçous dont ma femme raffole ou du vin chez Matha ou Laurens… C’est fabuleux et je veux que mon fils Luca connaisse tout ça !”



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