L’administrateur du Collège de France cède aux pressions et annule un colloque sur la Palestine


Le Collège de France a annulé un colloque international intitulé « La Palestine et l’Europe », prévu les 13 et 14 novembre, invoquant des « raisons de sécurité ». Selon l’universitaire Pascal Maillard, Professeur agrégé à l’UFR des Lettres de Strasbourg,  et auteur d’un billet publié sur Mediapart, cette décision fait suite à des pressions idéologiques venues à la fois de la presse d’extrême droite et du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste.

Le colloque, initié par le Professeur Henry Laurens, “l’un de nos plus grands spécialistes du monde arabe”, devait réunir « plus d’une trentaine de chercheuses et chercheurs venant d’une douzaine de pays : France, Italie, Belgique, États-Unis, Angleterre, Suisse, Turquie, Espagne, Danemark, Canada, Pays-Bas et Allemagne », précise Maillard. Selon lui, le « risque » évoqué par l’administrateur du Collège, Thomas Römer, « a été fabriqué de toutes pièces par Le Point, qui dans un article du 7 novembre qualifiait l’événement scientifique de “colloque propalestinien à haut risque” et conjecturait “deux journées à tendance pro-Hamas” ». Dans le même temps, « la Licra dénonçait sur “X” une “foire antisioniste”, ce qui constitue, au passage, une véritable insulte pour le Collège de France, les organisateurs du colloque et tous les scientifiques qui y participent », écrit encore l’universitaire.

Pour Pascal Maillard, « cette annulation est extrêmement grave, pour trois raisons, indépendamment du fait que, s’agissant du Collège de France, cette décision est probablement historique, n’ayant pas d’équivalent depuis le 19e siècle ». Il dénonce « une défaite du politique et une défaite de la pensée », estimant qu’« elle fait un marchepied aux idéologies du pire et renforce par ailleurs la suspicion d’une collusion entre l’État français et le sionisme ».

L’universitaire rappelle enfin que « l’administrateur du Collège de France cède aux pressions et annule un colloque sur la Palestine », y voyant le symbole d’« une dérive inquiétante où la liberté académique et la pensée critique se trouvent muselées au nom d’une prétendue neutralité institutionnelle ».





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