Pendant des années, les entreprises ont construit leurs stacks technologiques en ajoutant des briques une à une : un outil par besoin, une solution par fonction. Pratique à court terme, cette approche cumulative finit par devenir pesante. Alors que les PME et ETI françaises remettent en cause ce modèle fragmenté, l’écosystème tout-en-un propulsé par l’intelligence artificielle se révèle comme une alternative crédible. Lilit Schoo, directrice marketing digital de Bitrix24, décrypte pour BDM les enjeux de cette transformation.
La fragmentation technologique : un problème structurel
« Une entreprise moyenne utilise aujourd’hui entre cinq et douze solutions différentes », nous explique Lilit Schoo. CRM, gestion de projet, intelligence artificielle, analytics, stockage cloud sont autant de services pour lesquels les entreprises consentent à des abonnements distincts, multiplient les intégrations complexes et investissent dans des formations continues.
Les intégrations entre systèmes nécessitent maintenance et surveillance constante. Chaque nouvelle interface exige des formations supplémentaires, tandis que les erreurs de synchronisation engendrent pertes de temps et corrections manuelles chronophages, détaille Lilit Schoo.
La fragmentation complique également la gouvernance des données. Quand les informations clients sont dispersées entre plusieurs plateformes, assurer la conformité RGPD devient un véritable casse-tête. Une problématique loin d’être anecdotique, les amendes liées aux manquements au RGPD pouvant atteindre jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires annuel.
Maintenir la conformité quand les informations sont dispersées entre de multiples plateformes s’avère extrêmement complexe. Où sont stockées les données clients ? Comment garantir le droit à l’effacement quand l’information est dupliquée dans cinq systèmes différents ?
L’efficacité opérationnelle se retrouve aussi affectée. Les équipes perdent un temps précieux à naviguer entre applications, recopier des informations ou chercher la dernière version des documents. « Les flux de travail sont sans cesse coupés. Un commercial doit jongler entre son CRM, le système de visioconférence, la plateforme de signature électronique, le système de facturation électronique », illustre la directrice marketing digital de Bitrix24. En somme : la fragmentation technologique fragmente aussi le travail.
L’IA redessine les écosystèmes technologiques
Mais cette tendance à la fragmentation est désormais remise en cause. Les PME et ETI, soumises à des impératifs économiques et opérationnels, abandonnent peu à peu ce modèle consistant à accumuler les outils disparates. « Empiler des solutions SaaS finit par peser lourd, aussi bien sur les budgets que sur l’entreprise […] Le concept de stack technologique connaît une mutation profonde », constate l’experte. Les écosystèmes tout-en-un émergent ainsi comme une réponse naturelle, bien aidés par l’essor des IA.
Ces plateformes intègrent nativement toutes les fonctions essentielles de l’entreprise : CRM enrichi par l’IA, gestion de projet avec vues Kanban, Gantt et Scrum, automatisation RPA, module RH complet, outils de communication agents IA et serveurs MCP.
L’intelligence artificielle devient ainsi « le catalyseur de cette transformation », selon l’experte, notamment grâce au passage d’une IA ponctuelle à une IA systémique.
Bitrix24 Intelligence illustre parfaitement cette approche. La nouvelle version intègre CoPilot, un assistant IA piloté via serveurs MCP et agents IA. Son principe : une interface de type chat qui centralise tous les contrôles. CoPilot analyse les échanges, résume appels et messages, propose des actions pertinentes et automatise le suivi pour accélérer la décision et la coordination.
Des bénéfices financiers, organisationnels et souverains
L’automatisation horizontale représente le niveau supérieur d’efficacité. « Il ne s’agit plus d’automatiser des tâches isolées, mais de créer des flux intelligents connectant CRM, RH, documentation et gestion de projet », explique la spécialiste. Avec Bitrix24, la signature d’un contrat enclenche automatiquement une chaîne d’actions : création du projet, allocation des ressources, attribution des accès, envoi de la documentation, planification des jalons.
Enfin, les bénéfices financiers sont substantiels. En consolidant cinq à douze solutions distinctes en une seule plateforme, les entreprises éliminent naturellement les abonnements redondants. Un choix de tarification adapté, par exemple par plan à nombre d’utilisateurs prédéfini, comme chez Bitrix24, peut réduire les dépenses SaaS de 20 à 40 %. « Pour beaucoup d’entreprises, le retour sur investissement se matérialise généralement en moins d’un an », souligne l’experte.
L’écosystème unifié : « une nécessité stratégique »
La transition vers un écosystème unifié nécessite toutefois une approche structurée. Avant de basculer, les organisations doivent d’abord dresser un inventaire précis de leurs outils actuels, quantifier leurs coûts réels en intégrant les dépenses cachées, évaluer leur utilisation effective et identifier les redondances fonctionnelles. Le calcul du TCO (Total Cost of Ownership) reste une étape incontournable pour projeter les bénéfices concrets d’une plateforme unifiée : temps gagné, erreurs évitées, agilité acquise.
Cette trajectoire reflète une tendance de marché lourde et croissante. « Les requêtes pour ‘CRM IA’, ‘outil de collaboration en ligne’, ‘gestion centralisée’, ‘efficacité organisationnelle’ et ‘centralisation des données’ connaissent une croissance exponentielle », nous apprend Lilit Schoo.
« En 2026, l’écosystème unifié n’est plus une option parmi d’autres, mais une nécessité stratégique », confirme la spécialiste. Les entreprises persistant avec des stacks fragmentés s’exposent ainsi à des risques croissants : augmentation des coûts, risques de non-conformité accrus, perte de compétitivité face à des acteurs plus agiles.