La bulle de l’IA va-t-elle éclater ? Atteindrons-nous bientôt le stade de l’IA généraliste ? L’introduction en course d’OpenAI sera-t-elle un succès ? Le bitcoin va-t-il repasser la barre des 100.000$ ? Autant de questions auxquelles je vais m’efforcer de répondre dans cette nouvelle série de prédictions pour l’année prochaine. Bon OK, pas de prédiction sur les cryptomonnaies, car c’est un domaine bien trop hasardeux. En revanche, pour le reste, il y a des tendances et des signaux qui permettent d’anticiper les changements à venir.

La température baisse et les premiers flocons sont déjà tombés, deux signes que nous sommes en plein dans la période des prédictions, un exercice auquel je me prête depuis 19 ans (cf. Mes prédictions pour 2006), de même que celui de l’auto-critique (Bilan de mes prédictions 2025).
Comme vous devez certainement vous en doutez, l’essentiel des changements à venir tourne autour de l’IA, assurément LE moteur de l’innovation depuis maintenant 3 ans, LE sujets qui éclipse tous les autres, tant les enjeux sont élevés et les craintes / espoirs sont importants.
Afin de ne pas parasiter mes prédictions, je vous propose d’évacuer tout de suite les prévisions génériques sur l’IA.
IA en 2026 : ni explosion de la bulle, ni AGI
Il y a déjà eu de nombreux articles et analyses publiés sur le sujet de l’hypothétique explosion de la bulle de l’IA. Je n’ai ni le courage, ni la prétention de vouloir faire mieux que les autres, aussi je vous propose une série de liens qui confirment qu’au final… personne ne sait :
La seule certitude que nous avons est qu’il est impossible de comparer la situation actuelle à celle du début des années 2000, car tous les investissements proviennent de capitaux privés (grandes sociétés technologiques, fonds d’investissement, fonds souverains…), pas de l’épargne des individus à travers des introductions en bourse. Donc pour le moment, le risque est endossé par des acteurs institutionnels.
Les comparaisons les plus pertinentes que nous pourrions faire est avec le développement du rail aux États-Unis dans les années 1870, l’aviation low-cost dans les années 90 ou les telcos dans les années 2000 : des investissements pharaoniques pour bâtir des infrastructures garantissant un quasi-monopole, donc des bénéfices futurs. Les plus anciens se souviennent ainsi que les opérateurs téléphoniques allemands avaient dû débourser 20 MM € rien que pour avoir le droit d’exploiter la 3G. Si personne ne peut contester la contribution de ces infrastructures à la croissance globale de l’économie, les retours sur investissement ont été beaucoup plus longs et plus faibles que prévu. Le fait est que le potentiel de ces 3 secteurs était dérivé de limites physiques (le nombre de km de rails que l’on peut poser sur un territoire donné, le nombre d’aéroports ou de pistes sur les aéroports, la bande passante maximale des back bones).

Mais jusqu’à preuve du contraire, si nous avons déjà identifié des limites « physiques » pour l’IA générative (électricité, processeurs, terres rares…), le potentiel reste intact, car la progression des modèles ne ralentit pas, au contraire ! (cf. Reasoning models now ace all three CFA exam levels). Le phénomène de banalisation qui a touché les industries mentionnées précédemment (un rail est équivalent à un autre, de même qu’un vol moyen courrier ou qu’un forfait 3G) n’est pas encore applicable au domaine de l’IA générative. Pour vous en convaincre, il vous suffit de constater la déroute de Meta qui pensait assécher le marché avec ses modèles open source, mais qui s’est fait dépasser par les éditeurs chinois. Un changement de stratégie est d’ailleurs à l’étude : From Llamas to Avocados: Meta’s shifting AI strategy is causing internal confusion.

De même, les discussions semblent s’enliser sur l’horizon de lancement de l’AGI, l’intelligence artificielle générale. Les experts ne sont pas tout à fait d’accord, car le terme est trop vague. La confusion est telle, que les discussions tournent à la théorie du complot : How AGI became the most consequential conspiracy theory of our time.
En revanche, il semble y avoir un consensus sur la notion de super-intelligence artificielle qui désigne un palier technologique plus modeste, mais atteignable (cf. Deepmind co-founder Shane Legg sees 50 percent chance of « minimal AGI » by 2028 et Mustafa Suleyman dishes on his vision for Microsoft’s AI mission).

Après les chatbots en 2024, et les agents intelligents en 2025, le mot de l’année 2026 sera très certainement la super-intelligence. Derrière ce terme, se cache l’idée qu’en faisant fonctionner en réseau des IA, on obtient une super-IA qui sait quasiment tout sur tout et qui peut couvrir la très grande majorité des besoins.
Vous pourriez penser que c’est un objectif sur-réaliste, pourtant il suffit de constater que Google dispose de toutes les données pour bâtir la première super-intelligence :
- Toutes les connaissances avec Google Search et YouTube ;
- Toutes les informations et actualités avec Google News ou Google Finance ;
- Toutes les offres avec Google Shopping et Google Travel (Flights + Hotels) ;
- Toutes les villes et tous les lieux avec Google Maps et Google Earth ;
- Toutes les langues avec Google Translate…
Cette potentielle super-intelligence s’appuie sur leur immense infrastructure (Google Cloud) et est d’hors et déjà disponible auprès de plusieurs milliards d’utilisateurs à travers Chrome et Android.
Idem dans le monde de l’entreprise, avec Microsoft qui accumule des données et connaissances depuis des années grâce à Office, Outlook, Teams, SharePoint, LinkedIn, Github… Le tout dans une optique de consolidation de leur position dominante, mais dont nous pourrons tous bénéficier (cf. La superintelligence va décupler notre capacité d’agir).
La seule limitation que j’anticipe pour la mise en oeuvre effective de la super-intelligence par Google ou Microsoft est réglementaire, notamment en EU (abus de position dominante), et peut-être sociétal (l’acceptation par les utilisateurs).
Nous verrons bien, car encore une fois, personne ne sait.
Maintenant que nous avons abordé ces banalités, il est largement temps de publier mes prédictions, d’autant plus que d’autres se sont déjà lancé :
Passons maintenant aux choses sérieuses avec ma liste de 10 prédictions pour 2026.
1. Les géants numériques consolident leur emprise sur leur marché respectif grâce à l’IA
L’IA générative est une technologie formidable, au potentiel encore mal appréhendé. Après une période de forte croissance correspondant à l’attraction de la nouveauté, nous pouvons déjà constater un ralentissement : ChatGPT’s user growth has slowed.

Rien de très surprenant à ce phénomène qui s’explique par une courbe d’apprentissage non-négligeable (La maitrise des prompts est une étape indispensable à l’adoption de l’IA générative), ainsi qu’aux peurs et appréhensions latentes (cf. Nous n’avons pas besoin de meilleures IA, mais d’une meilleure compréhension de l’IA).
Les prochains paliers d’adoption de l’IA générative passeront nécessairement par des services existants, car le « coût » de changement des habitudes est visiblement trop élevé pour les prochains milliards d’utilisateurs de l’IA. Qu’à cela ne tienne, les grandes sociétés technologiques sont particulièrement promptes à intégrer l’IA générative dans leurs offres respectives, avec l’objectif de verrouiller leurs parts de marché : Microsoft pour les applications d’entreprise, Amazon pour le cloud, Google pour la publicité…
La grande inconnue est de savoir ce que vont faire Meta et Apple. Nous nous doutons tous que les efforts se concentrent sur leur assistant respectif (Meta AI et Siri), mais ils ont manifestement un retard qui va vite devenir problématique tant les ambitions des autres Big Techs est forte !
2. OpenAI poursuit sa stratégie de diversification à outrance
La folle ascension de ChatGPT est comme un conte de fées auquel tout le monde veut croire : nous savons pertinemment qu’OpenAI est une startup qui dépense bien plus d’argent qu’elle n’en gagnent, et qu’elle est donc très fragile. Cette jeune société reste pourtant le porte-étendard d’un marché à très forte croissance, qui ne manque ni de moyens ni d’ambition (Ten years et Evaluating AI’s ability to perform scientific research tasks).
Ceci ce traduit par une admirable réactivité et une capacité à conserver son leadership malgré des concurrents bien plus gros (OpenAI fires back at Google with GPT-5.2 after ‘code red’ memo). Les partenariats récents avec Disney, Adobe ou Instacart nous démontrent qu’OpenAI est un véhicule d’innovation dans lequel tout le monde veut monter tant la traction est forte.
L’éditeur de ChatGPT peut ainsi s’appuyer sur sa très forte notoriété, aussi bien dans les médias qu’auprès du grand public, pour continuer sa stratégie de diversification avec le lancement de différentes applications mobiles, quitte à utiliser ses propres produits : How we used Codex to build Sora for Android in 28 days.
Dans la mesure où la grande force de ChatGPT est on audience, la prochaine grande étape sera l’introduction des publicités natives, le seul modèle économique réellement viable pour un service grand public.

Il y a également une rumeur d’introduction en bourse : OpenAI lays groundwork for juggernaut IPO at up to $1 trillion valuation. Je ne sais pas trop quoi en penser, si ce n’est que tout le monde peut en bénéficier : les investisseurs initiaux qui vont faire une belle culbute, les utilisateurs vont continuer à bénéficier d’un service de pointe et de nouveautés fréquentes, tandis que les spéculateurs vont s’en donner à coeur joie. Mais le principal avantage que j’anticipe est que cette introduction en bourse va concentrer toutes les attentes et spéculations, donc représenter la soupape de sécurité qui va permettre de dégonfler la bulle et empêcher qu’elle n’explose. Je suis donc très confiant pour la suite.
3. Anthropic se recentre sur le marché des entreprises
Autant le dire tou de suite : je suis un grand fan de Claude. Mais je suis également le premier à reconnaitre que sa prise en main est rugueuse et que son maniement est complexe. Pour résumer une longue explication : Claude est une Formule 1, si vous ne savez pas la conduire, elle ne sert à rien.
Voilà pourquoi l’éditeur de Claude a progressivement délaissé le grand public (trop couteuse à séduire et à satisfaire) au profit des entreprises, une cible qui correspond beaucoup mieux à sa volonté de parfaite transparence et responsabilité : Anthropic’s Transparency Hub. Ce recentrage permet à l’éditeur de concentrer les efforts sur des publics plus restreints : les développeurs et professionnels (Accenture and Anthropic Launch Multi-Year Partnership to Drive Enterprise AI Innovation and Value Across Industries). Il résulte de ce positionnement une adoption en forte croissance, contrairement aux autres éditeurs qui stagnent : Business AI adoption flatlines.

Il y a également des rumeurs d’introduction en bourse pour Anthropic, mais à priori de moindre importance, car le plus gros du capital est déjà détenu par les big techs. donc là encore, je reste très confiant.
4. La réalité augmentée (re)prend son envol
Oui je sais, ce n’est pas la première fois que je vous annonce l’avènement de la réalité augmentée, un péché mignon qui remonte à 2009 (Réalité augmentée, le nouvel eldorado des smartphones) et pour lequel je replonge régulièrement (Usages et enjeux de la réalité augmentée).
Il n’empêche que les progrès récents en matière de miniaturisation permettent enfin aux fabricants de sortir des lunettes de réalité augmentée qui tiennent la route (Meta, Snap, Even Realities, Xreal, HTC, Alibaba, Xiaomi…) : 2026 sera l’année de la réalité augmentée (par l’IA).

2026 sera surtout marqué par le grand retour de Google, après l’abandon des Google Glass et de la plateforme Daydream, mais avec une ambition renouvelée portant sur la réalité étendue : Introducing Galaxy XR, the first Android XR headset. Le lancement d’un masque de réalité étendue par Samsung en début d’année prochaine fera l’effet d’un cout de boost : Galaxy XR is the Headset the Industry Needs to Take Its Next Major Step.
Mais ce n’est pas tout, car deux paires de lunettes de réalité augmentée / mixte sont attendues pour l’année prochaine : The Android Show: New features for Galaxy XR and a look at future devices.
Je suis bien incapable d’évaluer les prévisions de vente des uns et des autres, mais ce qui est certain, c’est que tous ces nouveaux modèles sont autant de terrains d’expérimentation pour les éditeurs, et surtout un second souffle au marché de l’informatique spatiale après le flop du Vision Pro (qui était entre nous largement à prévoir : À quel besoin répond l’informatique spatiale ?).
5. YouTube s’impose définitivement comme la nouvelle TV
Au cas où vous n’auriez pas suivi, je vous rappelle que YouTube a fêté ses 20 ans en 2025 et que la célèbre plateforme de vidéos a dépassé les 3 MM d’utilisateurs. Un palier important qui méritait bien u petit rafraichissement de l’interface : YouTube has a new video player.
Comme j’ai eu l’occasion de vous l’expliquer récemment (L’évolution des médias sociaux en 2025 à travers 10 tendances), il ne fait plus aucun doute que YouTube est la nouvelle télévision. D’une part, grâce à son audience colossale (Le multi-écran est devenu la norme dans les salons français) ; d’autre part, grâce à son influence sur la culture populaire et les styles de vie. YouTube est le nouveau média de référence, celui qui influe l’opinion publique et qui façonne les nouveaux réflexes d’achat : YouTube Just Ate TV. It’s Only Getting Started.
N’allez surtout pas penser que les ordinateurs remplacent les postes de TV, car il n’en est rien. La vraie victoire de YouTube est d’avoir dépassé les chaines de flux dans les habitudes des téléspectateurs : c’est le même terminal de consultation, mais avec un canal de diffusion différent, qui néanmoins s’inspire fortement des recettes de l’ancienne télévision : YouTube TV to Launch More Than 10 Cheaper Genre-Specific Plans, Including a Sports Tier With ESPN Unlimited. Ils font d’ailleurs des émules : Instagram brings Reels to the big screen, starting with Amazon Fire TV.

Ce qui est certain, c’est que la bataille pour la domination du temps passé devant la TV se résume à un choc des titans : The Streaming Wars Come Down to 2: YouTube vs. Netflix. D’un côté, Netflix s’efforce de recruter le plus d’abonnés possible en élargissant son catalogue (Netflix to buy Warner Bros. for $82.7 billion), ce qui n’est pas simple, car la concurrence est rude (Warner Bros fight heats up with $108 billion hostile bid from Paramount) ; et de l’autre, Google irrigue un écosystème très dense de créateurs de contenu à l’aide de ses revenus publicitaires (YouTube says it has paid creators more than $100 billion over last 4 years).
Je ne suis pas un spécialiste des médias, mais il me semble que les annonceurs représentent une source de revenus plus fiables que les abonnés, d’autant plus que le potentiel de croissance est intact, aussi bien du côté des annonceurs (YouTube Ad Sales Pop 15% in Q3 to Top $10.2 Billion), que des créateurs auxquels YouTube offre beaucoup de souplesse (YouTube now allows US creators to receive payouts in PayPal’s PYUSD stablecoin).
YouTube bénéficie d’une position dominante, c’est certain, mais la plateforme de vidéo de Google doit affronter deux concurrents de taille en même temps : Netflix pour le divertissement, et TikTok pour sa capacité de recommandation de nouveaux produits (cf. YouTube looks to improve its TV app with QR codes for shopping, AI-powered upscaling).
Il y a un troisième grand champ de bataille qu’il me faut mentionner : celui de l’information. Un enjeu colossal, car c’est sur les nouveaux médias de masse que se façonnent et se propagent les récits en communs, ainsi que les opinions (donc les intentions de vote). Attendez-vous à une surveillance renforcée de la part des autorités, notamment pour la nouvelle vague de néo-journalistes : Le média Hugo Décrypte s’attaque à la presse régionale.
6. L’année 1 de la collaboration augmentée
Oui je sais, comme pour la réalité augmentée, la collaboration est un sujet récurrent sur ce blog, que j’aborde de plus presque 20 ans avec la notion d’Entreprise 2.0 pour la première fois évoquée en 2007. Mais le fait est qu’avec la montée en puissance de l’IA générative, et l’arrivée à maturité des modèles de recherche et de raisonnement, nous assistons à une montée en gamme des solutions collaboratives et des digital workplaces : Zoom AI sets new state-of-the-art benchmark on Humanity’s Last Exam.
Il n’est pas ici question de nouvelles startups proposant des solutions révolutionnaires, mais des éditeurs bien installés, avec des solutions parfaitement légitimes, dont la valeur d’usage augmente à mesure que les modèles génératifs progressent : Des intranets collaboratifs aux environnements numériques de travail augmentés par l’IA.
Autant la rentabilité des chatbots comme ChatGPT est encore très incertaine, autant l’ajout de fonctionnalités génératives ou agentiques aux solutions de collaboration est largement absorbé par les abonnements qui sont facturés en fonction du nombre d’utilisateurs. Formulé autrement : c’est un créneau rentable, car les ARR sont élevés (« Annual Recurring Revenues« ).

Le marché est-il mûr pour un passage à l’échelle des plateformes de collaboration augmentées ? Oui, il est même chaud bouillant, car les entreprises font face à des défis inédits, tandis que les salariés continuent de se dépatouiller au quotidien avec des outils informatiques conçus au XXe siècle. Il s’est passé 40 ans entre l’invention de l’électricité et les gains de productivité majeurs (avec la restructuration de la production autour des moteurs électriques). Aucune entreprise ou organisation ne peut se permettre d’attendre 40 ans dans ces conditions de marché, il y aune véritable urgence à repenser les processus pour pouvoir tirer des bénéfices concrets de l’IA (et profiter de gains de productivité). Mais pour cela, il y a un pré requis : modéliser les flux d’informations et données, et de travail (les traitements). Et c’est exactement à ça que vont servir ces fameuses digital workplaces : rassembler les applications, données, informations et connaissances en un seul endroit (du moins les rendre facilement accessibles dans le cloud), et s’appuyer sur les chatbots et agents intelligents pour définitivement tourner la page de l’ère bureautique (L’IA pour restructurer les informations et données).
Y’à plus qu’à, mais rassurez vous, Microsoft, Google et Cie y travaillent d’arrache pied. Même si vous traînez des pieds pour changer vos habitudes, vous n’aurez bientôt plus le choix.
7. Une vague de fraicheur sur les sites web
Après de nombreuses années de standardisation liées à la généralisation des smartphones (et l’obligation pour les éditeurs de site web de se plier aux contraintes du responsive design), les outils de génération de code libèrent la créativité et permettent aux éditeurs d’abaisser les coûts de développement : Build vs buy is dead, AI just killed it.
Est-ce une bonne chose dans la mesure où la conception d’un site web répond à des exigences et des normes ? Oui tout à fait, car ça permet justement de passer outre les exigences habituelles (lisibilité…) et proposer des expériences radicales. Est-ce vraiment ça dont l’humanité a besoin ? Je ne sais pas, mais ça fait bien longtemps que je ne m’étais pas attardé sur des sites, simplement parce qu’ils attisaient ma curiosité : This website literally walks you through the coolest parts of the internet.

Bon OK, j’avoue, ce n’est pas de passer perdre un peu de temps sur ViralWalk qui va changer la face du monde. En revanche je suis absolument persuadé que les sites web ont globalement besoin d’un brin de fantaisie ou de raffinement pour parvenir à séduire à nouveau les internautes (le terme à la mode est « Réenchanter »).
Et c’est exactement ce que propose Google avec un certain nombre de petites animations graphiques dont l’unique objectif est de capter l’attention des internautes : Re-imagine the power of the web. Certes, tout ceci ne fonctionne que dans Chrome (Scroll-Triggered Animations, Scoped View Transitions, CSS anchor positioning, View Transition API…), mais dans la mesure où c’est Gemini qui code à votre place, pourquoi s’en priver ?
8. ChatGPT devient le 4e pilier de la publicité en ligne
Avec la montée en puissance des chatbots, les marques et distributeurs s’interrogent légitimement au sujet de l’impact de l’IA générative sur l’acquisition de trafic et le commerce en ligne : Seules les marques fortes parviendront à dompter le commerce conversationnel. Nous n’en sommes qu’au tout début du commerce agentique, mais de nouveaux usages commencent à émerger, tandis que de nouvelles habitudes sont prises.
Pour de nombreux acteurs du commerce en ligne, le moindre point de part de marché concédé par Google à ChatGPT se traduit par un changement dans les parcours d’achat et potentiellement les ventes. Voilà pourquoi les annonceurs doivent et vont réagir vite.

Certes, l’offre publicitaire de ChatGPT n’est pas officielle, mais elle ne saurait tarder, car c’est ce qu’attend le marché. Nous allons ainsi très rapidement nous retrouver avec un quatrième acteur majeur de la publicité en ligne.
Vous pourriez me faire remarquer qu’il n’existe pas non plus d’offre publicitaire officielle chez les autres grands acteurs (Google avec Gemini, Facebook / Instagram avec Meta AI, Amazon avec Rufus), mais les résultats sponsorisés étant rentrés dans les moeurs depuis bien longtemps, il n’y a aucune raison pour que ça ne se fasse pas, ne serait-ce que pour rassurer les marchés financiers qui s’inquiètent de l’augmentation alarmante des dépenses dans les infrastructures nécessaires pour faire tourner les IA.
J’anticipe logiquement l’intégration des résultats sponsorisés des chatbots dans l’arsenal publicitaire des annonceurs : ChatGPT Advertising: Inside Your (And OpenAI’s) Next Revenue Channel.
9. Une explosion des arnaques et bugs à l’IA
Les arnaques en ligne et bugs ont toujours existé. D’ailleurs ce n’est pas une spécificité des usages numériques, toutes les activités en ou hors ligne sont systématiquement exposés à des risques de défaillance ou de malveillance.
Ceci étant dit, il faut bien reconnaitre qu’avec l’IA générative, les acteurs malveillants ont à leur disposition des outils très puissants pour générer de fausses images, voix, vidéos… (Underground AI models promise to be hackers ‘cyber pentesting waifu’), monter de fausses boutiques en ligne à grande échelle (‘It’s organized crime’: TikTok Shop says it’s fighting a new wave of AI scammers), ou pour réaliser des intrusions de plus en plus sophistiquées à l’aide d’agents intelligents (Disrupting the first reported AI-orchestrated cyber espionage campaign).

Il faut néanmoins reconnaitre également que les IA sont comme des marteaux (ils peuvent servir à construire comme à détruire), et que l’on peut les utiliser pour détecter des failles de sécurité ou pour simuler des intrusions : OpenAI unveils ‘Aardvark,’ a GPT-5-powered agent for autonomous cybersecurity research et Google DeepMind unveils CodeMender, an AI agent that autonomously patches software vulnerabilities.
OK très bien, mais la croissance et la diversité des usages est telle, que la surface d’exposition aux risques augmente de façon exponentielle. D’autant plus que les potentielles failles de sécurité ne concernent pas que les chatbots ou les navigateurs intégrant des agents (When your AI browser becomes your enemy: The Comet security disaster), mais également les assistants qui sont intégrés aux systèmes d’exploitation : Critics scoff after Microsoft warns AI feature can infect machines and pilfer data.
Mais ce n’est qu’un début, car avec la mode du vibe coding nous allons assister à la prolifération de sites ou d’applications en ligne non ou mal sécurisés. Comme le dit le proverbe : « What could go wrong? » Beaucoup de choses justement…
10. La désinformation se concentre sur les modèles de fondation
Impossible de parler des risques liés à l’IA générative sans aborder le sujet de la pollution synthétique. Il n’aura ainsi pas fallu attendre longtemps avant que les contenus synthétiques ne viennent saturer les sites d’information et plateformes sociales : AI Slop Is Ruining Reddit for Everyone.
Un phénomène qui était prévisible, là n’est pas la question, mais dont la rapidité et l’ampleur a pris tout le monde de court, car il y a maintenant plus d’articles générés que rédigés : More Articles Are Now Created by AI Than Humans. À tel point qu’il existe maintenant un terme officiel : Merriam-Webster names ‘slop’ the word of the year.

Tout ceci ne serait pas problématique si les utilisateurs respectaient les précautions d’usage des modèles génératifs dont le fonctionnement repose sur des calculs probabilistes. Mais malgré toutes les mises en garde, la recherche d’information s’impose comme l’un des principaux usages des chatbots (How people are using ChatGPT), ce qui motive les créateurs ou propagateurs de désinformation à concentrer leurs efforts sur les modèles de fondation pour infecter les bases de connaissances : A small number of samples can poison LLMs of any size.
Cette contamination des bases de connaissances est problématique à plus d’un titre, car :
- Comment détecter les désinformations et surtout les évaluer ?
- Comment extraire les fausses informations des modèles de fondation ?
- Comment contraindre les éditeurs étrangers à auditer ou à nettoyer leur modèle de fondation ?
Autant de questions qui restent sans réponses, et pour lesquelles il n’y a qu’une seule solution viable : la sensibilisation. Il est ainsi impératif de bien faire comprendre aux utilisateurs le fonctionnement des chatbots (qui diffère de celui des moteurs de recherche), ainsi que de leur faire prendre de bonnes habitudes (vérifier la source), car les modèles génératifs sont capables de véritables prouesses. La preuve avec cette image réalisée en 10 secondes :

Ceci conclut ma série de prédictions pour 2026, je vous donne RDV en décembre prochain pour faire le bilan.